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samedi 20 août 2022

La Chenille


La Chenille
 
La guerre est finie et nombreux sont les soldats à revenir morts. Lors de l’enterrement d’un militaire, des femmes félicitent Tokiko Sunaga car son mari, qui s’est illustré dans les combats, va revenir vivant. Blessé certes, mais vivant. Pourtant, lorsqu’elle retrouve son mari à l’hôpital, Tokiko est révulsée et s’évanouit. En effet, l’homme s’est vu amputer les bras et les jambes, son visage est défiguré et ses blessures l’ont rendu sourd et muet. Désormais, Tokiko va prendre soin de son mari et c’est avec beaucoup d’attention qu’elle s’occupe de lui. Tous admirent la dévotion de Tokiko, ignorant qu’elle-même est dégoûtée par l’apparence de son mari qui lui fait penser à une grosse chenille répugnante. Pourtant, elle finit par s’y habituer et s’adonne à des plaisirs charnels avec ce qu’il reste de son mari, ce dernier étant finalement capable de lui donner du plaisir d’une manière qu’elle n’aurait jamais imaginé...
 

La Chenille
Scénariste : Ranpo Edogawa
Dessinateur : Suehiro Maruo
Genre : Ero Guro
Type d'ouvrage : Horreur, Erotique
Titre en vo : Imomushi
Parution en vo : 26 octobre 2009
Parution en vf : 01 février 2018
Langue d'origine : Japonais
Éditeur : Le Lézard Noir
Nombre de pages : 152
 
Mon avis :
 Après vous avoir parler de La Jeune Fille aux Camélias, œuvre du sieur Suehiro Maruo qui s’était avéré être pour le moins singulière et qui intéressera plus particulièrement les amateurs d’Ero Guro – genre de bande dessinée nippone qui mêle habilement l’horreur à l’érotisme – intéressons nous à présent à un autre manga de l’artiste, une œuvre qui, accessoirement, s’avère être nettement plus intéressante, La Chenille. Bien évidement, ici, l’on retrouve bon nombre d’éléments, pour ce qui est de la forme, que nous avions déjà vu dans La Jeune Fille aux Camélias : scènes de sexe crues, corps informes et mutilés, indéniablement, La Chenille n’est pas destiné au grand public et, encore moins, aux plus jeunes d’entre nous. Cependant, là où La Jeune Fille aux Camélias était, par moments, prétexte à nous présenter la débauche humaine dans ce qu’elle a de plus contestable, avec La Chenille, force est de constater que, scénaristiquement parlant, nous sommes un ton au-dessus. Pour la petite histoire, ce manga n’est que la relecture moderne d’une œuvre plus ancienne de Ranpo Edogawa et qui date de l’entre deux guerres. Ayant connu moult adaptations au fil du temps, La Chenille nous présente donc le destin d’une femme, Tokiko Sunaga, qui doit s’occuper seule et sans ressources de son mari, ancien officier qui est revenu de la guerre entièrement mutilé – ainsi, ce dernier, en plus d’être devenu sourd et muet, ne possède plus de membres. Au début de l’intrigue, on se dit que cette épouse est bien courageuse et qu’il en faut des tripes pour s’occuper ainsi d’un homme qui, pour son plus grand malheur, a survécu à la guerre. Cependant, petit à petit, on se rend compte que les choses sont un poil plus compliquées que cela et que la relation entre ces deux là dissimule une part d’ombre inavouable… S’adonnant à des jeux sexuels de plus en plus grotesques, mari et femme, tour à tour maitre et esclave, vont se détester, s’aimer, trouvant dans la débauche le seul exécutoire qui leur reste face à ce monde hypocrite qui les a abandonner – la famille de l’invalide, dégouté par celui-ci, ne se manifeste plus et le gouvernement, lui, traite par-dessus la jambe les anciens combattants. Cela nous offre des scènes souvent dérangeantes de par la crudité de celles-ci, cependant, ces dernières ne tombent jamais dans la facilité vu qu’elles nous permettent de mieux comprendre la relation de ce couple décidément hors norme. Bien entendu, je n’en dirais pas davantage, me contentant de dire que, comme il fallait s’y attendre, il n’y aura pas de happy-end et que, en toute sincérité, on ressort de la lecture de La Chenille en se posant pas mal de questions au sujet de la guerre et de l’hypocrisie humaine. Bref, vous l’avez compris, voilà un manga dérangeant et qui n’est peut-être pas à mettre entre toutes les mains mais qui, ma foi, mérite largement que l’on s’y attarde, ne serais-ce que sa thématique, bien plus profonde qu’on pourrait le penser de prime abord…
 

Points Positifs
 :
- Indéniablement, La Chenille est bien plus qu’un simple manga d’Ero Guro et son scénario s’avère être plus intéressant qu’on aurait put le penser. Ainsi, nous avons là une œuvre plutôt antimilitariste et qui, en nous dévoilant les profondeurs de l’âme humaine, nous amène à réfléchir sur pas mal de choses.
- Tokiko Sunaga, femme forte et fragile, a la fois dégoutée par l’apparence de son mari mais qui ne peut s’empêcher de se livrer sexuellement à celui-ci, est un personnage plutôt complexe et franchement réussi !
- Graphiquement, il faut reconnaitre que Suehiro Maruo livre une fort belle prestation et que son style réaliste qui ne nous cache rien, bien au contraire, est l’une des grandes forces de ce manga.
- Bien entendu, les fans d’Ero Guro seront en terrain familier et apprécieront grandement cet album.
- Une couverture simple mais plutôt réussie dans son genre.

Points Négatifs :
- Il ne faut pas se mentir : La Chenille est une œuvre très spéciale, réservée à un public avertit et dont le nombre conséquent de scènes de sexe risque d’en faire fuir plus d’un.
- Une œuvre absolument pas grand public pour un sou et je pense qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour apprécier celle-ci à sa juste valeur…

Ma note : 7,5/10

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