Before and After Science
Before
and After Science
Brian
Eno
1 - No One Receiving (Brian
Eno) 3:51
2 - Backwater (Brian
Eno) 3:43
3 - Kurt's Rejoinder (Brian
Eno) 2:53
4 - Energy Fools the
Magician (Brian Eno) 2:05
5 - King's Lead Hat (Brian
Eno) 3:53
6 - Here He Comes (Brian
Eno) 5:40
7 - Julie With... (Brian
Eno) 6:20
8 - By This River (Brian
Eno, Roedelius, Moebius) 3:03
9 - Through Hollow
Lands (Brian Eno) 3:03
10 - Spider and I (Brian
Eno) 4:08
Before and After Science
Musicien
: Brian
Eno
Parution
: 01 décembre 1977
Enregistré : 1977
Durée : 39:30
Genre
: Art-Rock,
Ambiant
Producteur : Brian
Eno, Rhett Davies
Label
: Polydor
Musiciens :
Brian
Eno : chant, synthétiseurs
(Minimoog, EMS Synthi AKS, Yamaha CS-80), piano, guitare, percussions, cuivres,
autres
Paul
Rudolph : basse, guitare rythmique
Phil
Collins : batterie
Percy
Jones : basse fretless, basse Delay
Rhett
Davies : agong-gong, stick
Jaki
Liebezeit : batterie
Dave
Mattacks : batterie
Shirley
Williams (Robert Wyatt) : cymbales
Kurt
Schwitters : chant
Fred
Frith : guitares
Andy
Fraser : batterie
Phil
Manzanera : guitare
rythmique
Robert
Fripp : guitare
Achim
Roedelius : piano, piano
électrique
Möbi
Moebius : piano
Bill
MacCormick : basse
Brian
Turrington : basse
Mon
avis : Poursuivons, pour ce qui est de
mes critiques musicales, avec Brian Eno, avec ce qui est peut-être son tout
meilleur album, Before and After Science. Personnellement,
j’entretiens depuis deux décennies, avec ce très cher Eno, une formidable
histoire d’amour, enfin, pas vraiment dans le sens physique du terme puisque,
n’étant pas gay, celui-ci ne m’a jamais franchement attiré et même si je
l’étais, et bien, comment dire, vu que je ne l’ai jamais rencontré… enfin bon,
je divague et commence a perdre le fil. Bref, cette histoire d’amour était,
comme cela peut être le cas avec Bowie, les Beatles, Neil Young et tant
d’autres, avant tout une histoire musicale, une passion inconditionnelle pour
un artiste qui ne m’a jamais laisser indifférent, et ce, dans le bon sens du
terme. En effet, que cela soit de ses tous débuts avec Roxy Music, où Brian,
qui se faisait alors seulement appeler Eno, jouait les apprentis sorciers
sonores et préférait chanter du fond de la salle, a sa carrière solo ainsi que
ces multiples collaborations avec, excusez du peu, quelques pointures comme
David Bowie, bien entendu, Robert Fripp, John Cale, Nico, les Talking Heads, U2
etc. (désolé pour ceux que j’oublie, la liste est trop longue), j’ai toujours
apprécier, que dis-je, adoré ces multiples productions au fil du temps. Car du
talent, le sieur Peter George St. John le Baptiste de la Salle Eno (ouf !) en
possède a revendre, pour lui, pour les autres, ainsi que cette volonté d’aller
toujours plus loin, d’expérimenter de nouvelles choses, de franchir les
frontières sonores là où tant d’autres se contentent de répéter en boucle la
même rengaine pendant toute une carrière, bref, d’apporter au monde de la
musique de nouvelles choses, de nouveaux sons ; pas tout seul, bien évidement,
mais que Brian Eno fut une figure cruciale du paysage musical depuis les années
70 est un fait que personne ne peut nier en toute objectivité. Pourtant, qui le
connaît aujourd’hui ? Franchement, à moins d’être fan ou spécialiste, pas grand
monde ; d’ailleurs, était-il véritablement célèbre dans les années 70 ? Allons,
pas plus que ca. Toujours cette histoire de préférer chanter du fond de la
salle ? Un peu de ca, toujours… Ainsi donc, ne nous leurrons pas, ce Before
and After Science, paru en 1977, ne connu pas un grand succès commercial,
mais cela importe peu au final : après tout, dans un monde où des trucs
comme La Fête au Village, Jordy ou, plus récemment, René la Taupe
trustent les premières places des charts pendant des semaines, il est normal de
chercher les perles ailleurs. Et accessoirement, ce cinquième album en solo de
Brian Eno en est une, incontestablement. Si ses précédentes œuvres m’avaient
déjà enchanté et étaient déjà d’excellente factures, et si la suite sera bien
différente (l’ambiant avant tout), avec Before and After Science,
Eno nous offre là son disque le plus abouti, où rien n’est à jeter, parfait de
bout en bout (chose si rare dans les albums quels qu’ils soient, il faut bien
le reconnaitre) mais qui le verra également quitter définitivement les chansons
pop pour se consacrer, soit à la production, soit, comme dit précédemment, a
l’ambiant. Tournant majeur donc dans sa carrière, ce Before and After
Science fut enregistrer au même moment que la fameuse Trilogie
Berlinoise qu’il produisit avec David Bowie, et même dans la structure
de l’album, on ne peut s’empêcher d’y voir des point communs avec Low et Heroes :
une première face franchement pop, la seconde plus calme. Mais n’y voyons pas
là une vulgaire inspiration de son travail avec le mince Duc blanc mais plus
comme un condensé de ce qui fut sa carrière jusque là et, bien entendu, ce que sera
son évolution future. D’ailleurs, sur ce point, je trouve assez dommageable que
Brian Eno ne soit plus revenu depuis a la pop (enfin, a sa façon) et ne chante
quasiment plus : personnellement, j’ai toujours trouvé que celui-ci, que cela
soit avec Roxy Music, puis bien sur en solo et dans ses diverses collaborations
surtout dans les chœurs, avait une voix qui passait bien, que je trouvais
intéressante et qui, de mon point de vu, en valait bien beaucoup d’autres
prétendus chanteurs. Mais bon, cela restera comme un regret personnel. Mais
ce Before and After Science alors ? Car je parle, je parle et
je ne rentre pas dans le vif du sujet ! Tout d’abord, une chose est à signaler
: l’indéniable fait que Brian Eno a la chic pour savoir s’entourer de la crème
des musiciens du moment, que cela soit les habituels Robert Fripp, Manzanera ou
Phil Collins (heureusement cantonné a la batterie) mais aussi divers membres de
groupes expérimentaux allemands, Before and After Science est
un savant concentré de talents comme on en trouve rarement, et qui n’est pas
pour rien dans la qualité finale de l’ensemble. Mais les chansons, que
valent-elles ? No One Receiving explique Eno en guise
d’introduction mondialiste para-africaine qui lorgne déjà vers ce que sera sa
collaboration avec les Talking Heads, ce qui sera encore plus évidant avec ce
superbe morceau qu’est King's Lead Hat, véritable concorde de
dissonances crépitantes avec son vieux compère de Roxy Music, Phil Manzanera,
et dont le nom n’est rien d’autre que l’anagramme de Talking Heads qui
sortirent leur premier album quelques mois auparavant ; car si No One
Receiving fait un peu figure de morceau pop teinté de funk, le plus
endiablé King’s Lead Hat, lorgne carrément vers les terres du funk
blanc, et verra Eno copier les gimmicks vocaux de David Byrne, et notamment son
fameux phrasé hoquetant et haché. L’imitation étant d’ailleurs impressionnante
de ressemblance ! Mais comment ne pas parler également de l’hymne pop de
l’album, l’entrainant Backwater avec ses nappes synthétiques
qui préfigure la new-wave à venir ou de l’instrumental, bien trop court
hélas, Energy Fools the Magician ? Mais si la face A est de
prime qualité et ne me lasse jamais après tant et tant d’écoutes, c’est la B
qui marquera le plus les esprits et qui fera rentrer définitivement cet album
dans la légende : entre un Here He Comes a la mélodie parfaite
faisant rappeler les Beatles, le contemplatif Spider And I ,
sans doute l’une des plus belle chanson de cet album (et de la carrière d’Eno
!) dans laquelle les paroles fusionnent à merveille avec la musique, By
This River où la délicatesse et la sensibilité sont érigées en art
majeur, mais aussi le superbe Julie With... qui touche du
doigt la solitude de l’homme postmoderne avec une délicatesse infinie, c’est
comme si Brian Eno savait par avance que le mirage communicationnel annoncé se
retirerait pour laisser la place a un monde ravagé par l’angoisse, la
dépression et le sida. Oui, le rêve est fini depuis longtemps et les années 80
seront là pour le rappeler, quant à Eno, il sera toujours temps pour lui de
s’occuper des BO des salles d’attente des dentistes, des aéroports, des lofts
de Tokyo et des couloirs d’hôpitaux la nuit. Mais ceci est une autre histoire…
Points
Positifs :
- Sans aucun doute un des meilleurs si ce n’est
le meilleur album de toute la carrière de Brian Eno. Il faut dire que, avec Before
and After Science, le sieur Brian Peter George St. John le Baptiste de la
Salle Eno atteint la perfection absolue et nous livre un opus que l’on peut
qualifier de parfait de bout en bout. Un pur chef d’œuvre !
- Dans la lignée de Low et de Heroes
de David Bowie avec qui Eno travaillait à l’époque, Before and After Science
est composé de deux faces distinctes : une première, fort enjouée, qui
comporte de véritables pépites pop, une seconde, qui flirte avec l’ambiant,
avec des morceaux plus calmes et plus longs. Les deux étant, bien entendu,
parfaits.
- Une multitude de superbes chansons : No
One Receiving, King's Lead Hat, Backwater, Here He Comes, Spider And I, By This
River et, bien entendu, Julie With... sont de
pures merveilles mais le reste de l’album mérite lui aussi le détour.
-
Comme à son habitude, Brian Eno sait s’entourer d’une belle flopée de musiciens
qui ne sont pas pour rien pour la réussite de cet album.
-
Une pochette très simple, presque minimaliste mais plutôt réussie dans son
genre.
Points
Négatifs :
- Une
première face qui aurait gagnée à être un peu plus longue – il faut dire que
les petits morceaux pop qui la composent sont tellement bons qu’on aurait souhaité
qu’il y en ait un peu plus.
Ma
note : 8,5/10
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