L’Âge de la Déraison – L’Empire de la Déraison
L’Âge
de la Déraison – L’Empire de la Déraison
Dix
ans se sont écoulés depuis la bataille de Venise entre le tsar de Russie, fort
de ses vaisseaux volants, et le roi de Suède, soutenu par Benjamin Franklin et
ses trouvailles scientifiques. Après la face de l’Europe, bouleversée par les
travaux alchimiques de Newton et la comète qui s’est abattue sur Londres, c’est
au tour de celle de l’Amérique d’être menacée. Débarqué à Charles Town, Jacques
Stuart, dit le Prétendant, tient à faire valoir ses droits à la royauté sur des
colons qui ont aboli l’esclavage, vivent en bonne entente avec les Indiens et
sont en train de jeter les bases d’un État démocratique. Par ailleurs, un
inquiétant rassemblement s’opère à l’Ouest autour d’un mystérieux
Enfant-Soleil, instrument de la faction des créatures éthériques – les Malakims
– qui a décidé d’éradiquer l’humanité de la surface de la Terre. Benjamin
Franklin et sa Junte, la société secrète qu’il a organisée, veillent au grain,
mais il leur faudra l’aide d’une confédération encore à construire, de Red
Shoes, dont les pouvoirs chamaniques sont plus que jamais précieux, et
d’Adrienne de Montchevreuil, en quête de son fils disparu et d’une science ne
devant rien aux Malakims, pour déjouer les machines infernales lancées contre
les derniers bastions de la raison et de la liberté.
L’Âge de la Déraison – L’Empire de la Déraison
Auteur
: Gregory
Keyes
Type
d'ouvrage : Fantasy, Uchronie
Première
Parution : 29 mai 2001
Edition
Française : 12 avril 2007
Titre en
vo : The
Age of Unreason – Empire of Unreason
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jacques
Chambon
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 544
Mon
avis : Une dizaine d’années ce sont
écoulées et l’on retrouve les protagonistes du Cycle de L’Âge
de la Déraison, Franklin, Adrienne de Montchevreuil, Red Shoes et les
autres, plus âgés, toujours en lute avec les Malakims (enfin, pas tous au même
temps mais cela viendra), mais surtout, sur un nouveau continent, l’Amérique du
nord, où l’action s’est transposée, abandonnant une bonne fois pour toutes
l’ancien monde comme on le dit parfois, avec souvent une pointe de mépris
d’ailleurs... Car ce troisième tome, de part le saut dans le temps effectué
mais aussi par le déplacement géographique (certes, pour ce qui est d’Adrienne
et ses compagnons, le lecteur les retrouvera au début en Russie mais assez
rapidement, ils partiront eux aussi pour le nouveau monde, traversant l’Asie et
abandonnant définitivement l’Europe, quasi omniprésente dans les deux premiers
volumes) est un tournant dans le cycle de Greg Keyes qui se décompose ainsi en
deux parties distinctes : la première, avec des protagonistes plus jeunes, que
le lecteur découvre petit à petit tandis que l’intrigue se met doucement en
place, et qui a lieu en Europe, et la seconde, où aura lieu l’affrontement
final contre les Malakims et qui se déroule en Amérique du nord. Alors certes,
après deux volumes, le lecteur est plus qu’en terrain connu et c’est donc avec
plaisir (car il me semble évidant que quelque soit le cycle, et à moins d’être
maso, si celui-ci ne nous plait pas, on abandonne au plus tard vers le deuxième
volume) qu’il retrouve a la fois des personnages qu’il connaît bien désormais
mais aussi, et surtout, avec l’envie de voir ce que l’auteur lui a contacté.
Jusque là, il faut l’avouer, Greg Keyes nous a fait un presque sans faute ; en
toute sincérité, L’Âge de la Déraison, même si ce n’est pas le
cycle le plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de lire, et malgré quelques
petites imperfections déjà abordées dans les critiques des deux premiers
volumes, mérite largement le détour, ne serais-ce que par les idées qui y sont
abordées, une excellente intrigue, plutôt captivante, et des personnages auquel
l’on s’attache rapidement. Cependant, si les deux premiers volumes m’avaient
largement enthousiasmé, je dois reconnaître que la suite m’a un peu laissé sur
ma faim. Oh, pas forcement par le déclin dans l’intérêt d’un scénario qui donne
une envie irrésistible de découvrir la suite (dur d’aller se coucher le soir)
ni par le fait que celui-ci puisse tourner en rond et que le lecteur puisse
commencer à ressentir une certaine lassitude. Après tout, de ce coté là,
cet Empire de la Déraison est dans la lignée de ses
prédécesseurs. Cependant, et cela est surtout vrais vers la fin de ce troisième
tome et le quatrième sera pire (bref, vous savez or et déjà a quoi vous
attendre), les rebondissements a gogo et autres coups de théâtre, déjà
suffisamment présents a mon gout dans les deux premiers volumes, atteignent des
proportions si importantes que cela gâche un peu le plaisir, les dernières pages
étant même le summum du genre. Certes, le scénario est tellement captivant, les
révélations de plus en plus nombreuses sur les Malakims et le sort qu’ils
comptent faire aux humains et les protagonistes, toujours aussi charismatiques
et plus nombreux (désormais, ce n’est plus trois mais quatre groupes de
personnages que l’on suit, jusqu’où ira-t-on ???) que le lecteur pourra passer
largement outre ces quelques défauts signalés. Mais bon, personnellement, à mes
yeux, trop de coups de théâtre tuent les coups de théâtre et je trouve cette
espèce de fuite en avant dans le « toujours plus… » assez
dommageable. Pour finir, je ne pouvais ne pas m’empêcher de signaler et surtout
de souligner les origines de l’auteur de cette œuvre : Greg Keyes est un
américain et cela se voit, tant par ses qualités que par quelques défauts. Bien
évidement, l’intrigue est excellente, cela, je ne le nie pas le moins du monde,
et d’ailleurs, la transposition entre lutte contre les envahisseurs Malakims et
la guerre d’indépendance américaine n’aura pas échappé à l’œil averti du
lecteur. Mais si le postulat de base et les points communs sont, je trouve, une
bonne idée, certaines phrases, certaines idées développées peuvent agacer à
force, surtout quand le lecteur est, comme je peux l’être, assez Europhile de
conviction : lire régulièrement que l’ancien monde ne fut qu’injustices pendant
des siècles, qu’il doit être abandonner et que l’avenir ne peut passer que par
l’Amérique, franchement, cela agace au bout d’un moment ; surtout que cela ne
se justifie pas toujours : Franklin et ses alliés lutent-ils pour la survie de
l’humanité ou juste pour l’Amérique ? A priori, la première réponse est la
bonne, mais bon parfois, l’on peut douter. Enfin bon, je ne suis peut être pas
assez objectif pour être impartial sur ce coup ? Enfin bref, malgré une
critique peu engageante (il me semble clair que je n’ai pas été très tendre)
sur ce troisième tome de L’Âge de la Déraison, je tenais à rétablir
une certaine justice, surtout vis-à-vis des éventuels futurs lecteurs du cycle
: même si j’ai pointé du doigt bon nombre d’éléments négatifs, cet Empire
de la Déraison n’en reste pas moins un bon roman, dans la veine de ces
prédécesseurs, peut être un peu inférieur en raison du rythme digne d’un film
d’action de seconde zone des dernières pages, mais qui, tant par son scénario,
tant par ses personnages, et surtout, de part toutes les excellentes idées
abordées mérite largement le détour. Cela, on ne peut le contester.
Points
Positifs :
-
Une fois de plus, le plaisir de retrouver une saga qui, depuis ses débuts,
brille particulièrement de par son originalité, que ce soit pour l’époque – le
XVIIIème siècle – où a lieu l’intrigue, mais aussi pour l’utilisation de
personnages historiques réels mais également pour ce coté qui mélange
habilement fantasy et uchronie. Bref, les fans de la première heure seront une
fois de plus aux anges.
-
Un petit saut dans le temps d’une décennie environ, un nouveau continent
puisque l’action se déroule désormais en Amérique du Nord et c’est parti pour
la suite d’une intrigue qui, dans les grandes lignes, est toujours aussi
captivante !
-
Toute la partie où l’on suit la quête de Red Shoes est passionnante. Il faut
dire que cette vision des Malakims par les légendes indiennes nous change de
celle plus scientifique d’un Benjamin Franklin ou d’une Adrienne de
Montchevreuil, ce qui est une bonne chose.
-
Le lecteur éclairé aura remarqué que cette guerre contre les Malakims et leurs
troupes humaines renvoi tout naturellement a la Guerre d’Indépendance
Américaine.
-
Le nombre de protagonistes, réels ou imaginaires, mais pour la plupart hauts en
couleurs.
Points
Négatifs :
-
Vers la fin de ce troisième tome, l’exagération est de mise et où l’on alterne
sans arrêt entre les divers groupes de personnages, ce, dans des scènes qui
renvoient aux mauvais films hollywoodiens a grand spectacle.
-
Certains dialogues pèchent un peu, par moments, par un certain simplisme
narratif.
-
Greg Keyes est un auteur américain et cela se voit : ainsi, il se sent
obligé, sans arrêt, de nous rappeler qu’il n’y a rien de plus fantastique que
l’Amérique, que l’Europe fut pendant des siècles le siège des tyrans et que sa
population vivait sous le joug de ces derniers. Bref, une europhobie beaucoup trop
présente et qui nuit grandement à la lecture, surtout pour le lecteur européen.
Ma
note : 7,5/10
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