L’Âge de la Déraison – Les Démons du Roi-Soleil
L’Âge
de la Déraison – Les Démons du Roi-Soleil
1681
: Isaac Newton, dont le génie s'est tourné vers l'alchimie, découvre le mercure
philosophale, qui permet de manipuler les éléments à travers l'éther. Du coup,
en 1720, la guerre entre la France de Louis XIV, dont la vie ne s'est pas
arrêtée en 1715, et l'Angleterre de George Ier va s'en trouver changée, les
membres de l'Académie des sciences et de la Royal Society rivalisant pour
donner à leurs pays des armes toujours plus performantes. Parmi elles, le
mystérieux « Canon de Newton », qu'un ancien élève de l'alchimiste
anglais passé au service de la France est en train de mettre au point. Afin
d'empêcher la catastrophe que ses propres recherches ont rendue possible, le
jeune Benjamin Franklin, alors apprenti imprimeur éperdu d'admiration pour
Newton, quitte Boston pour Londres. Aidé sur place par les élèves du maître
alchimiste, et en France — mais sans le savoir — par l'ancienne secrétaire de
Mme de Maintenon et un garde des Cent-suisses, il lui faudra affronter
d'imprévisibles ennemis : non seulement des individus sans scrupules mais aussi
des créatures qui manipulent les hommes depuis cet éther même que ceux-ci
croyaient manipuler...
L’Âge de la Déraison – Les Démons du Roi-Soleil
Auteur
: Gregory
Keyes
Type
d'ouvrage : Fantasy, Uchronie
Première
Parution : 01 décembre 1998
Edition
Française : 08 mars 2007
Titre en
vo : The
Age of Unreason – Newton's Cannon
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jacques
Chambon
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 464
Mon
avis : La question qui me semble la plus
pertinente, et qui pourrait éventuellement vous intéresser est la suivante :
que possède donc ces fameux Démons du Roi-Soleil qui font que
ce premier tome de L’Âge de la Déraison se démarque
suffisamment de la nombreuse concurrence pour que l’envie de lire la suite soit
au rendez vous ? Quel est donc le plus de la saga ? En fait, les raisons pour
cela sont nombreuses. Tout d’abord, et ce fut ce qui m’attira de prime abord,
l’époque où se déroule l’action : le début du dix-huitième siècle, ce qui, il
faut bien le reconnaître est assez peu utilisée dans les œuvres du genre où
nous avons droit a un monde plus ou moins médiéval-fantastique, soit plus
rarement l’antiquité, soit souvent le dix-neuvième et encore plus le vingtième,
ou bien alors, dans la plus pure tradition de la SF, le futur, plus ou moins
lointain. Mais le dix-huitième siècle, lui, est presque le parent pauvre de la
Fantasy. Certes, je ne dis pas là que celui-ci n’est jamais utilisé, mais bon,
c’est si rare que cela mérite d’être signalé. Ensuite, autre point positif a
noter, l’incroyable richesse des thèmes abordés et, surtout, l’excellant mélange
des genres. Ici, tout y passe ou presque : Uchronie car il existe bel et bien
une altération binaire d'un événement historique, la découverte par Newton de
la « pierre philosophale », ce qui bouleverse, et de quel façon,
les sciences. Fantasy car pour cela, l’auteur suppose qu’il existe une magie
préexistante à cette fameuse découverte mais aussi, par les créatures
mystérieuses, anges, fées, elfes, djinns etc. que l’on rencontre au fil du
récit. Steampunk par certains cotés et par bon nombre de techniques inventées
et utilisées. Roman de cape et d’épée dans la grande ligne droite des œuvres
d’Alexandre Dumas. Mais aussi, et cela joue beaucoup pour le plaisir que peut
ressentir le lecteur à la lecture de cette œuvre : l’utilisation de nombreux
personnages historiques, certains comme Louis XIV et Newton, par exemple, dans
un rôle plus ou moins convenu, d’autres, comme Benjamin Franklin surtout, dans
des rôles fort différents, les personnages étant alors plus jeunes et à mille
lieux de la figure historique connu de tous (enfin presque). D’ailleurs, cette
utilisation de personnages réels, en fort grand nombre, mélangés à d’autres,
imaginaires, comme Adrienne de Montchevreuil, est un véritable régal, surtout
lorsque le lecteur se plait à essayer de deviner, pour certains, s’ils n’ont
pas véritablement existé (ce qui peut être ludique d’ailleurs, et je vous le
conseille, il pourrait y avoir quelques surprises et c’est toujours une
occasion de se cultiver un peu, même de façon indirecte). Sur ces nombreux
points, il est clair que Gregory Keyes s’en sort assez bien, réussissant le
tour de force de ne pas s’embrouiller dans son récit, qui alterne
alternativement entre Ben et Adrienne, les deux étant liés mais ne se
rencontrant jamais, et, surtout, de ne pas embrouiller le lecteur, en le
captivant de la première à la dernière page, dans un superbe récit de
Fantasy/Uchronie qui possède en plus, par certains cotés, un petit je ne sais
quoi qui lorgne vers le polar et l’enquête. Du moins, pour ce qui est de
l’identité de ces fameux « anges » un peu trop présents aux
cotés de quelques personnages et qui semblent tirer les ficelles dans l’ombre.
Alors certes, l’on pourra toujours constater que finalement, certains éléments
sont loin d’être si originaux que l’on pourrait le penser a première vu, ne
serais ce que par l’habituel « quête initiatique » (n’est ce
pas Ben ?) propre à la Fantasy, et que, en grattant un peu, quelques petits
défauts apparaissent, un peu comme si, derrière une si belle façade, des
petites lézardes existaient… comment ne pas penser à certains raccourcis
faciles, certains passages un peu moins réussis où qui manquent de constance,
voir quelques personnages qui auraient mérité d’être un peu plus développer.
Mais peut être que ce qui fait la richesse de ce premier tome de L’Âge
de la Déraison en fait aussi sa faiblesse, même si ses qualités sont
bien plus nombreuses que ses points faibles. Quoi qu’il en soit, malgré tout,
ce que l’on peut retenir des Démons du Roi-Soleil est que ce
premier volume de la saga est une très bonne entrée en matière pour la suite,
assez inclassable dans son genre (ou plutôt dans son mélange de genres) et que
si vous désirez sortir un peu des sentiers battus, il se pourrait bien que
celui-ci vous plaise autant qu’a moi. Par contre, si ce premier volume vous a
paru un peu ardu de par sa complexité, dites vous que cela ne va pas s’arranger
par la suite. Ce n’est que le début.
Points
Positifs :
-
L’originalité de l’époque où a lieu l’histoire : il faut dire que le
dix-huitième siècle est rarement abordé dans les œuvres de Fantasy ou de
Fantastique en général.
-
Le mélange, plutôt réussi, entre personnages historiques réels et ceux qui sont
inventés. Ainsi, parmi les premiers, on retrouve Benjamin Franklin, Louis XIV,
Newton, pour ne citer que les plus connus tandis que, chez les seconds, une
Adrienne de Montchevreuil ou une Crécy brillent particulièrement.
-
Une uchronie assez audacieuse où, suite a une découverte de Newton, la science
prend un tournant totalement différent et ressemble davantage a de la magie.
-
Le récit est diablement captivant et on alterne allègrement entre les
différents protagonistes au fil des pages.
-
La destruction de Londres – et d’une partie de l’Europe occidentale du coup –
par une météorite, il fallait oser !
Points
Négatifs :
-
Quelques raccourcis faciles par moments. Dommage que Les Démons du
Roi-Soleil n’ait pas été un poil plus long.
-
On n’échappe pas a quelques facilitées comme celle, récurrente, ou presque, de
la quête initiatique.
-
Quelques uns des protagonistes auraient mérité d’être un peu plus développés.
Ma
note : 8/10
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