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mercredi 8 septembre 2021

Les Seigneurs de Bagdad


Les Seigneurs de Bagdad
 
Zill le mâle dominant, Safa la femelle résignée, Noor l'insoumise qui rêve d'insurrection et son lionceau Ali vivent dans le zoo de Bagdad une vie rythmée par l'arrivée de viande fraîche jetée dans leur fosse par les gardiens. Un jour, deux gardiens envoient un énorme âne mort dans l'enclos des lions, et ils s'enfuient aussitôt, sous les premières bombes larguées par les chasseurs américains. En effet, l'explosion projette les lions contre un mur de l'enclos et détruit littéralement la paroi de béton qui sépare les fauves du monde extérieur. « Est-ce qu'on est morts ? » demande le jeune Ali. « Non, on est libres » répond Zill. Commence alors la traversée de Bagdad par cette tribu de lions affamés, partagés entre l'inquiétude du confort perdu, et la découverte d'une liberté qu'ils n'espéraient plus…
 

Les Seigneurs de Bagdad
Scénario : Brian K. Vaughan
Dessins : Niko Henrichon
Encrage : Niko Henrichon
Couleurs : Niko Henrichon
Couverture : Niko Henrichon
Genre : Graphic Novel
Editeur : Vertigo
Titre en vo : Pride of Baghdad
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 02 janvier 2008
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 21 mars 2012
Nombre de pages : 144
 
Liste des épisodes
Pride of Baghdad
 
Mon avis :
 Tout d’abord, avant de plonger dans ce bel album, il serait bon pour le lecteur de savoir que l’intrigue de ce Pride of Baghdad est tirée d’une histoire vraie. En effet, dans les premiers jours de la guerre, en mars 2003, quatre lions prirent effectivement la fuite du zoo de la capitale irakienne avant d’être abattus par des soldats américains, victimes parmi tant d’autres de ce conflit qui fit (et fait encore) couler tellement d’encre. De ce fait divers pour le moins insolite, le scénariste, Brian K. Vaughan, s’est inspiré pour nous proposer un magnifique et triste récit où l’on suit donc ces quatre lions, Zill le mâle dominant, Safa la vieille désabusée, Ali le jeune fougueux et Noor la jeune mère férue de grands espaces, en quête de liberté au beau milieu des ruines de Bagdad. Décors apocalyptiques de circonstances, couleurs où prédominent le jaune/orange du désert et le rouge du sang et des flammes, bâtiments en ruine, cadavres divers, le tout nous entraîne, en compagnie des quatre lions, dans une ambiance assez pesante, rehausser par les dessins de qualité d’un Niko Henrichon diablement bien inspiré et qui apporte énormément, de part son application et son talent, a la qualité de l’œuvre. Mais si du coté des graphismes, il n’y a rien à dire (sauf du positif), c’est bel et bien l’histoire qui emporte l’adhésion du lecteur : voici une réflexion sur la liberté (terme tant de fois vanté et utilisé lors de ce conflit si controversé), sur les dégâts collatéraux (terme cynique s’il en est) et sur la brutalité de l’homme. Car il est évident que ces lions, si attachants et aux personnalités bien marquées, en vadrouille dans la belle ville de Bagdad n’ont aucune chance de recouvrer un jour une liberté autre que temporaire. Les hommes n’aiment pas voir la nature à l’état sauvage gambader dans ses rues, surtout s’ils sont armés et se déplacent en tanks. La fin, prévisible et dramatique, devient alors inéluctable, prouvant une fois encore la mainmise de l’homme sur son environnement, qui confine à la tyrannie. Le principal défaut que certains pourraient reprocher à cette histoire serait l’humanisation de certains animaux ou de leurs actes. Mais cette fameuse humanisation, justement, offre en même temps une résonance particulière sur ce conflit, avec la réflexion suivante : la liberté s’acquiert-elle, ou peut-elle être offerte (comme les Américains ont voulu offrir la liberté au peuple irakien, en le libérant du joug de Saddam Hussein) ? Cruelle, mais nécessaire, cette évocation originale d’un conflit controversé offre un point de vue décalé à des créatures qui subissent les décisions des humains. En captivité comme en liberté… L’on pourrait croire que, a première vu, ce Pride of Baghdad, de part ses protagonistes animaliers, aurait été plu léger, or, il n’en est rien et cette œuvre, qui mérite véritablement que l’on s’y attarde, se révèle d’une grande profondeur et soulève bien des questions sur les comportements humains, ainsi que sur une guerre qui, six ans après son déclanchement, cause toujours bien des ravages et des souffrances. Là repose la grande force des auteurs de Pride of Baghdad, nous montrer par le biais d’animaux en quête de liberté tout le drame et l’hypocrisie de ce conflit. A découvrir absolument.
 

Points Positifs
 :
- Davantage qu’une simple bande dessinée, ce Pride of Baghdad est une œuvre philosophique, une ode a la liberté mais aussi un pamphlet a l’encontre de la cruauté de la guerre et de l’hypocrisie qui l’accompagne, le contexte étant, naturellement, renforcé par ce conflit irakien où, sous couvert de libérer l’Irak de Saddam Hussein, les USA de Bush s’en sont aller chercher du pétrole et causer des centaines de milliers de morts.
- En mettant en scène des animaux qui ne rêvent que de liberté et qui sont complètement ballotés par les événements et la folie des hommes – qui, accessoirement, leur est incompréhensible – Brian K. Vaughan réussit a nous toucher de fort belle manière, avec une histoire triste et universelle.
- Saluons comme il se doit les dessins de Niko Henrichon qui brille particulièrement pour deux raisons : certaines grandes planches et, bien entendu, la colorisation, somptueuse.
- Une couverture magnifique !
 
Points Négatifs :
- Si Niko Henrichon est un bel artiste, on notera qu’il a un peu de mal sur les scènes d’actions en certaines occasions. Oh, rien de catastrophique, rassurez vous, mais bon…
- Dommage que les éditions Urban aient changé le titre original pour Les Seigneurs de Bagdad. Cela ne se justifiait pas forcément, surtout pour une œuvre déjà parue chez nous il y a quelques années.
 
Ma note : 8/10

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