La
Trilogie du Minotaure
L’île
de Crète abrite en son sein une vaste forêt interdite aux Hommes. Dans cet
océan d’arbres millénaires et de collines verdoyantes vivent en bonne
intelligence ceux qu’on nomme les Bêtes : les Centaures et leur sens inné de la
fête, les Dryades inséparables de leur arbre, les Panisci aux pieds fourchus,
les insatiables Thriæ… Mais à cause de la cupidité de l’envahisseur achéen, le
paradis est voué à disparaître. Et tandis que les Centaures périssent sous le
glaive, Eunostos le poète, le dernier des Minotaures, compose l’élégie qui
célébrera la fin du monde.
La Trilogie du Minotaure
1
– Le Jour du Minotaure
2
– La Forêt du Minotaure
3
– Le Labyrinthe du Minotaure
Auteur
: Thomas
Burnett Swann
Type
d'ouvrage : Fantasy Mythique
Première
Parution : 1966, 1971, 1977
Edition
Française : 10 avril 2003
Titre en
vo : The
Minotaur Trilogy
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Sophie
Viévard, Michel Deutsch
Editeur : Le
Bélial
Nombre
de pages : 433
Mon
avis : Ma première lecture de cette Trilogie
du Minotaure remonte à un bon paquet d’années, fort probablement huit
ou neuf ans environ, et comme celle-ci m’avait laissé une fort bonne impression,
à l’époque, cela faisait un certain temps que je m’étais dit qu’il faudrait
que, tôt ou tard, je me replonge dans la lecture de cette œuvre. Ajoutez à cela
le fait que, par la force des choses, celui-ci n’avait pas sa critique sur ce
blog et vous comprendrez à quel point l’envie de relire cet ouvrage puis de
vous en parler était pressante. Mais bon, le temps passa, d’autres romans
eurent ma priorité et ce ne fut donc qu’il y a quelques semaines que,
finalement, je me replongeais dans les aventures d’Eunostos, le dernier
Minotaure. Bien évidemment, tout le monde sait parfaitement ce qu’est un
Minotaure : créature mythique moitié homme moitié taureau, celui-ci, qui
vivait dans le Labyrinthe créer par Dédalle sur l’ile de Crète, fut vaincu par
Thésée, qui s’aida pour cela du fameux fil d’Ariane. Mais si le Minotaure
mythologique était une créature bestiale, ici, nous avons plutôt à faire a un
être intelligent, sensible, qui certes aime courir les filles (enfin, plutôt
les dryades), mais qui possède un cœur d’or et une âme de poète. Bref, un
Minotaure (ou plutôt deux car dans la première nouvelle, il y en a un second,
Cloches d’Argent, l’oncle du premier, encore plus réussis qu’Eunostos selon
moi) aux antipodes de l’image que nous avons de cette créature – par la légende
grecque, bien évidemment, mais également par le biais des jeux de rôles a
la D&D et des jeux vidéo. Un Minotaure bigrement original,
inattendu, mais également un univers qui ne l’est pas moins : le postulat
de base de cette trilogie démarrait donc plutôt bien. Et force est de constater
que la suite est conforme à nos espérances : œuvre d’un auteur pour le
moins méconnu sous nos vertes contrées, Thomas Burnett Swann décédé jeune dans les années 70 et mal aimé
dans son pays d’origine, les Etats-Unis, car jugé trop conservateur, à l’égard
des canons de la Fantasy à l’époque, cette Trilogie du Minotaure est
composé en fait de trois courts romans (ou longues nouvelles) qui sont, dans
l’ordre, Le Labyrinthe du Minotaure (1977 et publié à titre
posthume), La Forêt du Minotaure (1971) et Le Jour du
Minotaure (1966). Thomas Burnett Swann, comme il en avait souvent
l’habitude, avait donc commencé par ce dernier, avant de, au fil des ans,
revenir les aventures d’Eunostos en publiant deux préquelle, l’ordre de
celles-ci étant, dans la version française, inversée quant à leurs parutions
mais chronologique quant aux péripéties d’Eunostos et ses compagnons. Du coup,
lorsque l’on se lance dans la lecture de cette Trilogie du Minotaure,
force est de constater que l’on débute donc par le roman le plus récent, mais
également et surtout le plus réussis et le mieux écrits, du moins, c’est mon
avis, et que même si les deux autres ne déméritent pas, a aucun moment ils
n’atteignent le niveau du Labyrinthe du Minotaure, véritable petit
bijou tragique que nous offre Swann et qui mérite vraiment le détour – bon,
certes, j’insiste vraiment sur ce premier mais les autres sont excellents
également, disons que je les trouve inférieurs, c’est tout. Le problème, car
problème il y a, c’est que, pris par une créativité de tous les instants, et
surtout par le fait que la maladie ne lui laissait plus beaucoup de temps,
Thomas Burnett Swann n’a jamais eu le temps de revenir sur son œuvre et de
corriger les nombreuses boulettes scénaristiques qui parsèment les trois
nouvelles de cette trilogie : ainsi, ne vous étonnez pas si Cloches
d’Argent n’a plus droit de citer dans les textes plus anciens et autres
incohérences du même genre. C’est dommage, c’est même par moments fort
regrettable (car on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait donné un
ensemble cohérent), mais bon, vu que la maladie puis la mort aura fauché
l’auteur sans lui laisser le temps de régler tous ses problèmes, on peut, du
coup, parfaitement les comprendre… Surtout que si ceux-ci sont par moments
gênants, dans l’ensemble, il faut tout de même reconnaitre que nous avons là un
fort bon roman : de par son univers, cette Crète mythique où cohabitent
bien malgré eux humains et bêtes, ces protagonistes hauts en couleurs,
Eunostos, Cloches d’Argent, Zoé la Dryade, les Centaures et les humains, cette
ambiance « fin du monde » qui plane tout au long des
récits, car oui, tout cela ne peut pas bien finir pour ce monde des bêtes, bien
trop naïf et gentillet en opposition à celui des hommes, bien plus brutal et
sans pitié, Thomas Burnett Swann nous offre une œuvre tout bonnement
excellente, qui certes, par la force des choses, possède ses défauts, mais qui
n’en reste pas moins excellente et mérite d’être découverte par les amateurs de
Fantasy qui, pour une fois, quitteront les canons du genre, maintes et maintes
fois utilisés, pour une antiquité perdue qui n’en possède pas moins son
intérêt. Et puis, rien que pour le plaisir de suivre les aventures d’un
Minotaure tellement différent de l’image que l’on a de lui, je pense que le jeu
en vaut la chandelle.
Points
Positifs :
-
Sans aucun doute l’œuvre majeure de Thomas Burnett Swann, celle vers laquelle
il revenait sans cesse, l’approfondissant sans cesse, ce, jusqu’à sa mort. Il faut
dire que l’auteur, ici, nous propose une trilogie pour le moins originale –
mine de rien, la mythologie grecque est rarement abordée en littérature
fantastique – et, surtout, nous fait découvrir une autre vision de ce fameux
Minotaure, à mille lieux de celui du mythe de Thésée.
-
Si, dans l’ensemble, les trois récits méritent le détour, il est évidant que Le Labyrinthe du Minotaure – le plus
récent – est le meilleur. Plus récent, possédant une intrigue plus aboutie et
mieux maitrisée, cette longue nouvelle est, indéniablement, le point d’orgue de
cet ouvrage.
-
Eunostos est un Minotaure aux antipodes de la créature bestiale qui nous est
familière : fin, érudit, contemplatif par moments, voilà une autre version
de la créature du mythe de Thésée qui en surprendra plus d’un.
-
Si, bien entendu, Eunostos est la figure la plus marquante de cette trilogie,
les personnages secondaires méritent, eux aussi, le détour : particulièrement
Cloches d’Argent, un autre Minotaure, et Zoé la Dryade.
-
Le style d’écriture de Thomas Burnett Swann qui parvient à nous transporter
dans cet univers mythique et fantastique qui en enchantera plus d’un.
Points
Négatifs :
- Malheureusement,
les trois récits, écrits dans le désordre – à chaque fois, l’auteur sortait des
préquelles ce qui fait que Le Labyrinthe
du Minotaure, la plus récente, est en fait l’histoire la plus ancienne,
chronologiquement parlant – souffrent d’énormément d’incohérences entre elles.
Dommage que Thomas Burnett Swann soit décédé avant qu’il n’ait eu le temps de
mettre tout cela à jour…
-
Le Jour du Minotaure, la nouvelle la
plus ancienne, est tout de même inférieure aux deux autres et accuse un peu son
âge.
-
Un style d’écriture, une intrigue et des personnages qui risquent de déstabiliser
un certain public amateur d’une fantasy plus accessible diront nous…
Ma
note : 8/10
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