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mercredi 29 juillet 2015

Chappie


Chappie

A Johannesburg, dans un futur proche, où la criminalité ne cesse de grimper, la police de la ville a fait appel à l'entreprise Tetravaal, spécialisée en robotique et dirigée par Michelle Bradley, pour leur fournir des robots policiers ou Scouts. Ces derniers ont été imaginés par Deon Wilson, un jeune et brillant ingénieur, qui travaille et développe de son côté une intelligence artificielle. Alors qu'il ramène une carcasse de robot chez lui, Deon est kidnappé par des criminels, qui lui demandent de reprogrammer le robot, pour qu'ils les aident à commettre des délits. Deon intègre dans le programme du scout sa nouvelle intelligence artificielle. Le robot doit alors tout apprendre, comme un bébé. De son côté, Vincent Moore, un ancien militaire travaillant à Tetravaal, souhaite voir s'effondrer le projet Scouts, afin que la police choisisse son projet dénommé Orignal.


Chappie
Réalisation : Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp et Terri Tatchell, d'après le court métrage Tetra Vaal
Musique : Hans Zimmer
Production : Media Rights Capital, Alpha Core, Simon Kinberg Productions, Sony Pictures Entertainment et TriStar Pictures
Genre : science-fiction
Titre en vo : Chappie
Pays d'origine : États-Unis, Mexique
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 4 mars 2015
Durée : 120 mn

Casting :
Sharlto Copley : Chappie (voix et capture de mouvement)
Yolandi Visser : Yolandi
Watkin Tudor Jones : Ninja
Dev Patel : Deon Wilson
Jose Pablo Cantillo : Yankie « Americano »
Hugh Jackman : Vincent Moore
Sigourney Weaver : Michelle Bradley
Brandon Auret : Hippo

Mon avis : J’éprouvais une grande, que dis-je, une très grande méfiance a l’encontre de ce Chappie ce qui fait que, ce fut un peu dubitatif que je me suis lancer dans son visionnage. La raison ? En fait, elle est simple : il y a quelques années, j’avais été grandement déçu par un autre long métrage de Neill Blomkamp, District 9, film qui, pourtant, avait été loué par le critique. Du coup, comme chat averti en vaut deux, et comme en plus, la bande annonce m’avait laissé pour le moins peu enthousiaste, je reconnais que je n’attendais pas grand-chose de ce Chappie et les premières minutes ne m’auront pas fait changer d’avis : des gangs sud-africains qui s’écharpent entre eux puis qui ont a faire aux fameux robots policiers, les Scouts, ça me faisait un peu trop penser a District 9. Ajoutons un look complètement improbable a ces fameux voyous et une thématique – l’intelligence artificielle – maintes fois abordées dans la culture populaire depuis un certain Pygmalion et mon idée de départ se trouvait plus que confortée… Et puis, petit a petit, je me suis surpris a changer d’avis : les voyous au look débile (pour la petite histoire, le couple l’est a la vie également et son membre d’un groupe de rap) s’avèrent plus être des paumés assez sympathiques et attachants avec leur coté losers quand a Chappie, enfin, plutôt son éveil a la conscience et ses premiers pas dans le monde, force est de constater que celui-ci devenait très rapidement touchant voir même drôle au fil des scènes qui se succédaient. Du coup, avant même que je n’arrive a la moitié du film, mon opinion avait changée du tout au tout : non, Chappie n’avait finalement pas grand-chose à voir avec District 9, oui, Chappie était, de mon point de vu, bien plus réussi… Alors bien sur, il faut dire que même si elle a déjà été maintes fois abordée depuis des lustres, cette thématique d’intelligence artificielle, de robots (ou statues, golems, cadavres, etc.) qui prennent vie et s’éveillent a la conscience, m’a toujours plu, de même, donner moi une petite flopée d’antihéros (ah, Yolandi et Ninja, il fallait les trouver ces ceux-là), une petite flopée de bons sentiments sur la différence et un humour finalement très présent et comment voulez vous que tout cela, mis bout a bout, ne me plaise pas ? Alors bien sur, par moments, tout cela a l’air un peu débile et même la fin semble un peu exagérée, mais bon, film bien plus profond que l’on pourrait le croire, Chappie est certes une énième version du mythe de Pygmalion mais qui, au final, n’en reste pas moins réussi ; une excellente surprise pour ma part, et une œuvre, donc, que je ne peux que conseiller a tout a chacun…


Points Positifs :
- Certes on a vu et revu des robots qui s’éveillent a la conscience mais ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir : Chappie est une belle réussite, plus fin que son esthétique pourrait le laisser penser, souvent drôle et par moments émouvant. Bref, pas un chef d’œuvre, certes, mais sans nul doute l’une des belles petites surprises de cette année 2016.
- Selon moi, ce qui fait la grande force de ce film, ce sont ses personnages et les relations qu’ils entretiennent avec Chappie : complètement improbables, ces voyous vont finalement tomber sous le charme de cet enfant qu’il faut bien éduquer ; et là, on a droit a quelques scènes franchement drôles.
- Justement, l’humour est omniprésent dans ce film et voir Chappie jouer les Gangsta est un pur régal.
- Les effets spéciaux, bien entendu : alors certes, on va me dire que l’on est en 2015, que c’est normal désormais, mais bon, voyez l’animation de Chappie, on s’y croirait presque.
- Mine de rien, une fois que l’on est entré dans l’histoire, il devient très difficile de la lâcher.
- Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones, un couple de rappeurs qui jouent dans ce film un couple de truands complètement paumés mais qui sont tout simplement parfaits.

Points Négatifs :
- La fin me semble un peu trop exagérée avec son coté happy-end assumé ; mais bon, après tout, pourquoi pas si l’on part du principe que l’on peut transférer la conscience des êtres vivants… hommes ou machines…
- Bien entendu, ne nous emballons pas, Chappie n’est pas non plus un chef d’œuvre absolu et certaines scènes comiques ou d’actions risquent d’en rebuter plus d’un.
- D’autres, eux, ne supporteront probablement pas le coté par moments gnangnan de la chose…

Ma note : 8/10

dimanche 5 juillet 2015

La Trilogie du Minotaure


La Trilogie du Minotaure

L’île de Crète abrite en son sein une vaste forêt interdite aux Hommes. Dans cet océan d’arbres millénaires et de collines verdoyantes vivent en bonne intelligence ceux qu’on nomme les Bêtes : les Centaures et leur sens inné de la fête, les Dryades inséparables de leur arbre, les Panisci aux pieds fourchus, les insatiables Thriæ… Mais à cause de la cupidité de l’envahisseur achéen, le paradis est voué à disparaître. Et tandis que les Centaures périssent sous le glaive, Eunostos le poète, le dernier des Minotaures, compose l’élégie qui célébrera la fin du monde.


La Trilogie du Minotaure
1 – Le Jour du Minotaure
2 – La Forêt du Minotaure
3 – Le Labyrinthe du Minotaure
Auteur : Thomas Burnett Swann
Type d'ouvrage : Fantasy Mythique
Première Parution : 1966, 1971, 1977
Edition Française : 10 avril 2003
Titre en vo : The Minotaur Trilogy
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Sophie Viévard, Michel Deutsch
Editeur : Le Bélial
Nombre de pages : 433

Mon avis : Ma première lecture de cette Trilogie du Minotaure remonte à un bon paquet d’années, fort probablement huit ou neuf ans environ, et comme celle-ci m’avait laissé une fort bonne impression, à l’époque, cela faisait un certain temps que je m’étais dit qu’il faudrait que, tôt ou tard, je me replonge dans la lecture de cette œuvre. Ajoutez à cela le fait que, par la force des choses, celui-ci n’avait pas sa critique sur ce blog et vous comprendrez à quel point l’envie de relire cet ouvrage puis de vous en parler était pressante. Mais bon, le temps passa, d’autres romans eurent ma priorité et ce ne fut donc qu’il y a quelques semaines que, finalement, je me replongeais dans les aventures d’Eunostos, le dernier Minotaure. Bien évidemment, tout le monde sait parfaitement ce qu’est un Minotaure : créature mythique moitié homme moitié taureau, celui-ci, qui vivait dans le Labyrinthe créer par Dédalle sur l’ile de Crète, fut vaincu par Thésée, qui s’aida pour cela du fameux fil d’Ariane. Mais si le Minotaure mythologique était une créature bestiale, ici, nous avons plutôt à faire a un être intelligent, sensible, qui certes aime courir les filles (enfin, plutôt les dryades), mais qui possède un cœur d’or et une âme de poète. Bref, un Minotaure (ou plutôt deux car dans la première nouvelle, il y en a un second, Cloches d’Argent, l’oncle du premier, encore plus réussis qu’Eunostos selon moi) aux antipodes de l’image que nous avons de cette créature – par la légende grecque, bien évidemment, mais également par le biais des jeux de rôles a la D&D et des jeux vidéo. Un Minotaure bigrement original, inattendu, mais également un univers qui ne l’est pas moins : le postulat de base de cette trilogie démarrait donc plutôt bien. Et force est de constater que la suite est conforme à nos espérances : œuvre d’un auteur pour le moins méconnu sous nos vertes contrées, Thomas Burnett Swann décédé jeune dans les années 70 et mal aimé dans son pays d’origine, les Etats-Unis, car jugé trop conservateur, à l’égard des canons de la Fantasy à l’époque, cette Trilogie du Minotaure est composé en fait de trois courts romans (ou longues nouvelles) qui sont, dans l’ordre, Le Labyrinthe du Minotaure (1977 et publié à titre posthume), La Forêt du Minotaure (1971) et Le Jour du Minotaure (1966). Thomas Burnett Swann, comme il en avait souvent l’habitude, avait donc commencé par ce dernier, avant de, au fil des ans, revenir les aventures d’Eunostos en publiant deux préquelle, l’ordre de celles-ci étant, dans la version française, inversée quant à leurs parutions mais chronologique quant aux péripéties d’Eunostos et ses compagnons. Du coup, lorsque l’on se lance dans la lecture de cette Trilogie du Minotaure, force est de constater que l’on débute donc par le roman le plus récent, mais également et surtout le plus réussis et le mieux écrits, du moins, c’est mon avis, et que même si les deux autres ne déméritent pas, a aucun moment ils n’atteignent le niveau du Labyrinthe du Minotaure, véritable petit bijou tragique que nous offre Swann et qui mérite vraiment le détour – bon, certes, j’insiste vraiment sur ce premier mais les autres sont excellents également, disons que je les trouve inférieurs, c’est tout. Le problème, car problème il y a, c’est que, pris par une créativité de tous les instants, et surtout par le fait que la maladie ne lui laissait plus beaucoup de temps, Thomas Burnett Swann n’a jamais eu le temps de revenir sur son œuvre et de corriger les nombreuses boulettes scénaristiques qui parsèment les trois nouvelles de cette trilogie : ainsi, ne vous étonnez pas si Cloches d’Argent n’a plus droit de citer dans les textes plus anciens et autres incohérences du même genre. C’est dommage, c’est même par moments fort regrettable (car on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait donné un ensemble cohérent), mais bon, vu que la maladie puis la mort aura fauché l’auteur sans lui laisser le temps de régler tous ses problèmes, on peut, du coup, parfaitement les comprendre… Surtout que si ceux-ci sont par moments gênants, dans l’ensemble, il faut tout de même reconnaitre que nous avons là un fort bon roman : de par son univers, cette Crète mythique où cohabitent bien malgré eux humains et bêtes, ces protagonistes hauts en couleurs, Eunostos, Cloches d’Argent, Zoé la Dryade, les Centaures et les humains, cette ambiance « fin du monde » qui plane tout au long des récits, car oui, tout cela ne peut pas bien finir pour ce monde des bêtes, bien trop naïf et gentillet en opposition à celui des hommes, bien plus brutal et sans pitié, Thomas Burnett Swann nous offre une œuvre tout bonnement excellente, qui certes, par la force des choses, possède ses défauts, mais qui n’en reste pas moins excellente et mérite d’être découverte par les amateurs de Fantasy qui, pour une fois, quitteront les canons du genre, maintes et maintes fois utilisés, pour une antiquité perdue qui n’en possède pas moins son intérêt. Et puis, rien que pour le plaisir de suivre les aventures d’un Minotaure tellement différent de l’image que l’on a de lui, je pense que le jeu en vaut la chandelle. 


Points Positifs :
- Sans aucun doute l’œuvre majeure de Thomas Burnett Swann, celle vers laquelle il revenait sans cesse, l’approfondissant sans cesse, ce, jusqu’à sa mort. Il faut dire que l’auteur, ici, nous propose une trilogie pour le moins originale – mine de rien, la mythologie grecque est rarement abordée en littérature fantastique – et, surtout, nous fait découvrir une autre vision de ce fameux Minotaure, à mille lieux de celui du mythe de Thésée.
- Si, dans l’ensemble, les trois récits méritent le détour, il est évidant que Le Labyrinthe du Minotaure – le plus récent – est le meilleur. Plus récent, possédant une intrigue plus aboutie et mieux maitrisée, cette longue nouvelle est, indéniablement, le point d’orgue de cet ouvrage.
- Eunostos est un Minotaure aux antipodes de la créature bestiale qui nous est familière : fin, érudit, contemplatif par moments, voilà une autre version de la créature du mythe de Thésée qui en surprendra plus d’un.
- Si, bien entendu, Eunostos est la figure la plus marquante de cette trilogie, les personnages secondaires méritent, eux aussi, le détour : particulièrement Cloches d’Argent, un autre Minotaure, et Zoé la Dryade.
- Le style d’écriture de Thomas Burnett Swann qui parvient à nous transporter dans cet univers mythique et fantastique qui en enchantera plus d’un.

Points Négatifs :
- Malheureusement, les trois récits, écrits dans le désordre – à chaque fois, l’auteur sortait des préquelles ce qui fait que Le Labyrinthe du Minotaure, la plus récente, est en fait l’histoire la plus ancienne, chronologiquement parlant – souffrent d’énormément d’incohérences entre elles. Dommage que Thomas Burnett Swann soit décédé avant qu’il n’ait eu le temps de mettre tout cela à jour…
- Le Jour du Minotaure, la nouvelle la plus ancienne, est tout de même inférieure aux deux autres et accuse un peu son âge.
- Un style d’écriture, une intrigue et des personnages qui risquent de déstabiliser un certain public amateur d’une fantasy plus accessible diront nous…

Ma note : 8/10