Pages

Affichage des articles dont le libellé est Vertigo Comics. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vertigo Comics. Afficher tous les articles

jeudi 24 novembre 2022

Nou3


Nou3
 
Un homme assez costaud s'entraîne en courant sur un tapis roulant. Dans la trappe d'aération située juste à côté de lui, de petites lumières rouges sont à peine perceptibles. Dans la même maison, un peu plus loin, plusieurs types boivent une bière en regardant la télévision, tous portent une arme à feu. Les lumières rouges se font plus vives et attirent l'attention des hommes près de la cheminée... L'homme qui s'entrainait a un frisson qui lui parcourt l'échine. Il est persuadé que quelle chose cloche. Il saisit alors une arme et se dirige vers la porte de la pièce où se trouvent les autres. Soudain, une salve de balles abat sportif. Juste après de longs échanges de coups de feu, un type ouvre la porte arrière d'un camion et y fait rentrer les responsables de ce carnage, qui émettaient les fameuses lumières rouges tapies dans l'ombre. Il s'agit de trois soldats d’un nouveau type. Des chercheurs ont utilisé des animaux pour piloter des armures de combat et éviter ainsi les pertes humaines. Un chien, un chat et un lapin forment l’unité WE3. Celle-ci risque d’être prochainement fermée. C’est le souhait d'un politicien mais le docteur Berry, le cerveau des chercheurs, ne peut se contraindre à les voir mourir. Elle leur offre donc une porte de sortie. Mais à l’extérieur et sans contrôle humain, ils risquent d’être terriblement dangereux…
 

Nou3
Scénario : Grant Morrison
Dessins : Frank Quitely
Encrage : Frank Quitely
Couleurs : Jamie Grant
Couverture : Frank Quitely
Genre : Science-Fiction
Editeur : Vertigo Comics
Titre en vo : We3
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 01 juin 2005
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 08 juin 2012
Nombre de pages : 144
 
Liste des épisodes
We3 1-3
 
Mon avis :
 Plus de quinze ans, c’est le temps qui m’aura fallut pour, enfin, pourvoir lire cette œuvre culte pour beaucoup qu’est Nou3 (We3 en version originale, dommage que les éditions Urban Comics aient traduit le titre qui se suffisait a lui-même). Les aléas de la vie auront donc fait que je serais passé bien trop longtemps a coté de ce comic qui, lors de sa sortie en 2005, m’avait immédiatement tapé dans l’œil. Il faut dire que lorsque le duo magique, je veux bien évidement parler du scénariste Grant Morrison et du dessinateur Frank Quitely œuvrent de concert, le lecteur est toujours en droit d’attendre le meilleur : ainsi, entre New X-Men ou All-Star Superman, les deux compères nous ont livré a maintes reprises des œuvres marquantes au cours des deux dernières décennies. Ajoutons a cela le postulat de départ de Nou3, c’est-à-dire, ces trois animaux – un chien, un chat et un lapin – transformés en armes de guerre par les militaires suite a des expériences scientifiques et qui s’évadent afin de retrouver la liberté, bref, un beau petit plaidoyer contre l’expérimentation animale et un dessoudage en règle des traditionnels marchands de guerre, et l’on comprend, avant même la lecture de cette œuvre, que celle-ci sort décidément des sentiers battus et ne nous laissera pas indifférent. Et ici, sans la moindre surprise, c’est bel et bien le cas car oui, mille fois oui, Nou3 est une superbe mini-série (tout juste trois petits épisodes mais rallongés d’une dizaine de pages dans cette version) qui aura marqué son temps et qui fonctionne encore de fort belle manière aujourd’hui. Bien évidement, pour cela, il faut que le duo Morrison et Quitely fonctionne a plein régime et c’est bel et bien le cas, le premier faisant plutôt dans la sobriété narrative et ne cherchant pas la complication inutile, le second livrant une prestation… euh, comment dire… époustouflante ! Certes, Frank Quitely, son talent est connu depuis longtemps et il possède son petit lot d’inconditionnels dont je fais parti, mais dans Nou3, quelle claque visuelle a chaque page, et ce, grâce a un découpage des planches pour le moins audacieux et qui fourmille d’idées… quasiment lors de chaque cases ! Bref, vous l’avez compris, la lecture de Nou3 n’aura fait que confirmer tout le bien dit au sujet de ce comic depuis une décennie, c’est-à-dire, qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’œuvre ; fable animalière, plaidoyer sans concessions contre l’expérimentation animale et porteur d’un antimilitarisme intelligent, Nou3, malgré une violence sans concession, n’en reste pas moins emprunt d’une certaine poésie et touchera indéniablement les plus sensibles d’entre nous. Culte ?! Indéniablement !
 

Points Positifs
 :
- Une œuvre qui ne laissera personne indifférent et qui pointe du doigt le lobby militaire, l’expérimentation animale et, dans un sens plus large, la manière dont nous usons et abusons de ces derniers.
- Comment ne pas s’attacher aux trois héros de l’histoire, ce chien, ce chat et ce lapin devenus malgré eux des machines à tuer mais qui n’ont qu’un seul souhait, être libres…
- Probablement l’œuvre la plus aboutit du duo Morrison/Quitely : le premier faisant dans la sobriété narrative afin d’aller a l’essentiel, le second atteignant des sommets artistiques tout bonnement somptueux !
- Justement, pour ce qui est de Frank Quitely, comment ne pas s’extasier devant le découpage hors-norme et audacieux des planches de Nou3 !? Le summum étant atteint, bien entendu, lors de la longue séquence de vignettes qui se succèdent sur plusieurs pages.
Nou3 est d’une violence incroyable par moments, or, celle-ci ne dénote en aucune façon et n’est là que pour montrer ce que sont devenus nos trois sympathiques animaux, c’est-à-dire, des armes de destructions massives qui se retournent contre leurs créateurs… et c’est bien fait !
- Accessoirement, Nou3, malgré son coté anticipation indéniable, livre une bien triste vérité car depuis toujours, et encore de nos jours, l’homme use des animaux sur les champs de bataille…
 
Points Négatifs :
- S’il fallait vraiment trouver un défaut a Nou3, histoire de chipoter, c’est qu’il est… trop court ! Bah oui, je le croyais plus long ce comic…
- Pourquoi Urban Comics a traduit le titre ? We3 qui devient Nou3, mouais…
 
Ma note : 9/10

mardi 2 août 2022

V pour Vendetta


V pour Vendetta
 
Fin du XXème siècle, le monde a sombré tragiquement depuis le déclenchement d'un immense conflit nucléaire. Même si l'Angleterre à été épargnée, elle subit cependant de plein fouet les désastreuses conséquences climatiques qui ravagent son territoire et sèment la maladie et la famine. Des émeutes explosent un peu partout. Pour mettre fin au chaos ambiant, un groupuscule fasciste s'empare du pouvoir et met en place une purge des citoyens jugés déviants. Les opposants politiques, les minorités ethniques ou bien encore les homosexuels sont arrêtés par milliers et envoyés vers des camps de concentration, au cœur desquels des sadiques de la pire espèce sévissent. La société, quant à elle, est surveillée par le système qui contrôle tout et se charge des punitions arbitraires. Ainsi en plein désarroi, la Jeune Evey Hammond accoste maladroitement un homme dans la rue à la nuit tombée, afin de lui proposer son corps en échange d'un peu d'argent pour survivre. Mais ce dernier lui révèle être un agent des mœurs en planque et hélas les bonnes mœurs ont depuis bien longtemps été abandonnées par la police locale. Evey échappe de peu à un viol collectif suite à l'apparition impromptue d'un illuminé déguisé et masqué qui rosse les vilains tout en citant du Shakespeare. En sécurité sur les toits de Londres, ils contemplent alors ensemble l'impressionnante explosion du parlement de Westminster, suivie d'un feu d'artifice balafrant le ciel d'un immense V. Vive l'Angleterre, la machine vengeresse est en marche...
 

V pour Vendetta
Scénario : Alan Moore
Dessins : David Lloyd
Encrage : David Lloyd
Couleurs : David Lloyd
Couverture : David Lloyd
Genre : Politique, Dystopie
Editeur : Vertigo
Titre en vo : V for Vendetta
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 10 juin 1989
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 27 mars 2020
Nombre de pages : 400

Liste des épisodes
V for Vendetta 1-11
 
Mon avis :
 Cela faisait pas mal de temps que je ne vous parlais pas du génialissime Alan Moore, sans aucun doute possible, le plus grand auteur de comics  de ces quatre dernières décennies et qui, au fil du temps, nous aura proposé moult chef d’œuvres incontestables comme Watchmen ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires… Et donc, profitant de cette période estivale, je me suis dit que l’occasion était parfaite pour me lancer dans la lecture d’autres titres majeurs du Sorcier de Northampton, surtout que, mine de rien, parmi ces derniers, il y avait quelques magnifiques pépites, des incontournables absolus comme ce fameux V pour Vendetta dont je vais vous parler aujourd’hui… Nous sommes à la fin des années 90 et, une décennie auparavant, le monde a connu un conflit nucléaire qui ne l’aura pas dévasté totalement. L’Angleterre s’en est plus ou moins sortit mais un régime dictatorial s’est installé et tient naturellement sous sa joug le peuple, écrasant celui-ci sous une poigne de fer. Pourtant, alors que l’avenir apparait bien sombre, un homme sans nom, sans visage, apparait et lutte seul contre le régime en place, commettant des attentats et des meurtres de personnalités. Cet homme qui se fait appeler V souhaite rendre le pouvoir au peuple, du moins, si celui-ci en est digne… En partant de ce postulat de départ qui pourrait flirter allègrement avec un certain 1984 de George Orwell chef d’œuvre absolu du genre dystopique, Alan Moore nous livre avec V pour Vendetta probablement ce qui est la BD qui retranscrit avec le plus de justesse la dictature. Imaginant ce qu’aurait put donner les iles britanniques sous un régime fasciste, l’auteur nous offre un récit oppressant, menaçant et suffisamment solide pour sortir définitivement du simple carcan grand public un peu stupide où est relégué, en temps normal, l’amateur de comics. Bien évidement, avec Watchmen, Alan Moore nous avait déjà prouvé que le genre n’était pas réservé aux super-slips et que, même en mettant en scène ces derniers, il y avait matière à nous en proposer une vision plus intelligente. Avec V pour Vendetta, Moore va encore plus loin puisque, ici, non seulement V n’a pas grand-chose a voir avec les super-héros – en dehors du fait qu’il porte un masque – mais que, en plus, l’ennemi, dans ce récit, est autrement plus redoutable qu’un quelconque pantin costumé puisqu’il s’agit de politiciens – après tout, faut-il rappeler les millions de morts causés, au vingtième siècle, par les diverses dictatures, quelles soient de gauche comme de droite ? Qui plus est, le propos d’Alan Moore est de nous montrer que, davantage que les capacités d’un homme a lutter contre le mal, ce qui compte, c’est avant toute chose, une idée, un symbole : après tout, un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Et c’est probablement cela qui fait aussi la réussite de ce V pour Vendetta, une œuvre intelligente et, finalement, moins manichéenne qu’on pourrait le penser de prime abord puisque, dans celle-ci, certains des membres du pouvoir en place sont loin d’être des salauds et il y a même des victimes parmi eux. De même, à aucun moment Alan Moore ne glorifie les actes de V et même si l’on sent l’attrait de l’auteur pour l’anarchisme, il laisse le soin au lecteur de se faire sa propre opinion sur les agissements du justicier masqué… Bref, vous l’avez compris, V pour Vendetta est une œuvre majeure de la bande dessinée britannique et, incontestablement, un incontournable que tout amateur de comics se doit de lire au moins une fois dans sa vie. Après, il faut reconnaitre que ses thématiques, son propos et le style particulier d’Alan Moore qui est davantage un écrivain qu’un simple scénariste risque de ne pas plaire à tout le monde, mais bon, cela reste une affaire de gouts personnels comme c’est le cas avec pas mal d’œuvres géniales, tous genres confondus…
 

Points Positifs
 :
- Incontestablement, V pour Vendetta est la bande dessinée la plus intelligente qui ait été écrite au sujet de la dictature : œuvre d’une profondeur rare, plausible et pas manichéenne pour un sou, nous avons là une des plus belles créations du sieur Alan Moore ! Bref, un petit chef d’œuvre du Neuvième Art…
- Si V apparait comme étant, naturellement, le protagoniste phare de cette BD et qu’il écrase tous les autres de par son charisme, il faut reconnaitre que les autres personnages marquent également les esprits : Evey, bien entendu, mais aussi une bonne partie des membres du régime qui sont particulièrement bien développés plutôt que d’être de simples coquilles vides…
- Un récit découpé en trois actes, comme au théâtre et si le second est peut-être le moins aboutit, l’ensemble n’en reste pas moins réussi et captivant de bout en bout.
- Un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Voilà ce qui ressort principalement de ce V pour Vendetta et, ma foi, cela résume plutôt bien ce comics.
- En effet, certains peuvent trouver que le style de David Lloyd accuse son âge, cependant, si vous êtes un peu agé comme moi – bref, dans les 40 ou 50 ans – et que vous êtes familier du style de l’époque, alors, vous serez probablement plus enclin a apprécier les dessins d’un artiste nettement plus talentueux qu’on pourrait le penser de prime abord.

Points Négatifs :
- Comme souvent chez Moore, posséder de bonnes connaissances en histoire s’avère nécessaire pour mieux saisir toutes les subtilités de ce V pour Vendetta, sans parler, bien entendu, des nombreuses références qui parsèment les presque 400 pages de cet album.
- Une œuvre absolument pas grand public et qui risque de déstabiliser un public que l’on qualifiera de moderne.
- Certains estimeront que le style de David Lloyd accuse un peu son âge est un trop typé années 80. Naturellement, cela reste une affaire de gouts personnels…

Ma note : 8,5/10

vendredi 17 septembre 2021

Sheriff of Babylon


Sheriff of Babylon
 
L'Irak est libéré de Saddam Hussein, mais les problèmes ne sont pas réglés pour autant. Beaucoup ont du travail pour maintenir un semblant de paix dans le chaos ambiant. Sofia use de ses connaissances pour aider tous ceux qui lui demandent de l'aide. Elle réussit une mission périlleuse en faisant une pierre deux coups : elle parvient à récupérer un camion de marchandises qui permet d'arrêter les grèves à l'hôpital et qui rendent service aux troupes américaines. Pendant ce temps, le chef de police Nassir est occupé à une bien sombre besogne. Il a récupéré les trois meurtriers responsables de l'attentat qui a tué ses trois filles. Il les abat dans sa cave, un par un et sans aucune pitié. Désormais que vengeance est faite, il veut arrêter son métier. Pourtant, il reçoit un coup de téléphone peu de temps après. La police lui demande de reprendre du service. Nasser tente de refuser, mais il sait qu'il n'a pas trop le choix : ce sont ses collègues qui ont retrouvé les assassins et qui lui ont permis de les exécuter. Il accepte de rempiler pour mener l'enquête. En effet, un des soldats américains a été retrouvé mort, criblé de balles. Pour découvrir l'assassin, il va devoir s'allier avec Sofia et le lieutenant américain Christopher Henry...
 

Sheriff of Babylon
Scénario : Tom King
Dessins : Mitch Gerads
Encrage : Mitch Gerads
Couleurs : Mitch Gerads
Couverture : John Paul Leon
Genre : Guerre, Historique
Editeur : Vertigo
Titre en vo : Sheriff Of Babylon
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 20 mars 2018
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 07 septembre 2018
Nombre de pages : 300
 
Liste des épisodes
Sheriff of Babylon 1-12
 
Mon avis :
 Plus connu pour ses versions modernes de Batman, le scénariste Tom King nous prouve avec ce Sheriff Of Babylon que le petit monde des comics n’est absolument pas la chasse gardée des super-slips, loin de là et que, depuis une bonne dizaine d’années, plus on s’éloigne du genre, plus on a droit a des œuvres originales et majeures qui nous démontrent de fort belle manière a quel point les habituels détracteurs de la bande dessinée nord américaine se trompent lourdement au sujet de celle-ci… En effet, en nous proposant une histoire qui se déroule dans l’Irak tout juste occupé par les américains après l’invasion de 2003, Tom King rappellera bien des souvenirs a celles et ceux qui sont suffisamment agés pour ce souvenir de cette période historique récente, mais comme en plus, l’auteur est un ancien agent de la CIA, on sent rapidement que celui-ci sait de quoi il parle et que l’ensemble de l’intrigue est suffisamment bien écrite pour paraitre crédible. Ensuite, il y a les protagonistes principaux, au nombre de trois : un agent américain sensé formé la nouvelle police irakienne, une jeune femme ayant vécu aux Etats-Unis après le massacre de sa famille par Saddam Hussein et qui fait parti des dirigeants actuels du pays et, pour finir, un ancien flic irakien désabusé qui vient de connaitre un drame horrible puisque ses trois filles ont été tuées par une frappe américaine. Ce qui va les réunir ? Un simple meurtre, en apparence, d’une recrue de la nouvelle police. Mais cet assassinat va entrainer tout ce petit monde dans les méandres de la politique irakienne des Etats-Unis, des luttes de pouvoirs entre les différentes factions locales, mais aussi, ce qui nous rappellera bien des souvenirs plus récents, les prémices de la montée en puissance des fous de Dieu qui, venant d’autres pays, vont faire de l’Irak un véritable champ de bataille après la soit disant fin de la guerre – et ce n’est pas forcément finit en 2020, c’est pour dire. Le scénario, terriblement captivant, pour peu que vous apprécier des récits plus adultes, est fort bien écrit et est servie de fort belle manière par les dessins de Mitch Gerads qui livre ici une prestation que l’on peut qualifier sans peine d’excellente, la colorisation de l’ensemble, au passage, y étant pour beaucoup. Passionnant, touchant, malmenant ses protagonistes et fort intéressant de par la crédibilité de l’ensemble, Sheriff Of Babylon est, indéniablement, une œuvre majeure que tout amateur de comics ou, dans un sens plus large, de bande dessinée se doit de lire. Bien entendu, ici, nous sommes à des années lumières des exploits super-héroiques des super-slips, cependant, cette petite plongée dans l’Histoire récente du Moyen-Orient, oh combien importante pour comprendre tout ce qui a suivit dans la géopolitique mondiale de ces dernières années, n’en reste pas moins à la fois fort instructive et fort passionnante. Après tout, quitter le fantastique pour le monde réel, cela ne fait pas de mal lorsque l’on voit un tel résultat, bien au contraire…
 

Points Positifs
 :
- Une œuvre majeure et terriblement bien écrite qui revient, de fort belle manière, sur une partie importante de notre Histoire récente : l’invasion de l’Irak par les forces américaines et, plus précisément, les premiers mois qui ont suivis celle-ci. Terriblement bien écrit, Sheriff Of Babylon nous plonge dans cet Irak occupé où se jouent moult luttes de pouvoirs entre diverses forces antagonistes. Passionnant !
- Le coté crédible de l’ensemble. Il faut dire que non seulement Tom King sait de quoi il parle mais que, en plus, un important travail a été effectué sur le sujet afin de nous donner vraiment l’impression que l’on se trouve réellement dans cet Irak occupé de 2004.
- Les trois protagonistes principaux – le formateur américain de la police, la dirigeante irakienne et l’ancien flic désabusé – sont fort bien écrits et terriblement touchants. Quelques personnages secondaires marquent, eux aussi, les esprits – je pense, particulièrement, a l’épouse de Nassir.
- Captivant, touchant, violent, triste par moments, crédible, instructif : Sheriff Of Babylon vaut le détour pour toutes ces raisons…
- Les dessins et la colorisation de Mitch Gerads qui sont pour beaucoup pour la réussite de cette mini-série.
- Une fort belle couverture.
 
Points Négatifs :
- Si vous avez des difficultés à apprécier ce genre de récits plus adultes, alors, Sheriff Of Babylon risque de ne pas vous plaire. Il faut dire que nous sommes ici dans un récit plutôt complexe, à mille lieux de ce que nous proposent habituellement la BD nord-américaine, ce qui risque de déplaire aux fans les plus ultras du genre qui ne jurent que par les super-slips.
 
Ma note : 8,5/10

mercredi 8 septembre 2021

Les Seigneurs de Bagdad


Les Seigneurs de Bagdad
 
Zill le mâle dominant, Safa la femelle résignée, Noor l'insoumise qui rêve d'insurrection et son lionceau Ali vivent dans le zoo de Bagdad une vie rythmée par l'arrivée de viande fraîche jetée dans leur fosse par les gardiens. Un jour, deux gardiens envoient un énorme âne mort dans l'enclos des lions, et ils s'enfuient aussitôt, sous les premières bombes larguées par les chasseurs américains. En effet, l'explosion projette les lions contre un mur de l'enclos et détruit littéralement la paroi de béton qui sépare les fauves du monde extérieur. « Est-ce qu'on est morts ? » demande le jeune Ali. « Non, on est libres » répond Zill. Commence alors la traversée de Bagdad par cette tribu de lions affamés, partagés entre l'inquiétude du confort perdu, et la découverte d'une liberté qu'ils n'espéraient plus…
 

Les Seigneurs de Bagdad
Scénario : Brian K. Vaughan
Dessins : Niko Henrichon
Encrage : Niko Henrichon
Couleurs : Niko Henrichon
Couverture : Niko Henrichon
Genre : Graphic Novel
Editeur : Vertigo
Titre en vo : Pride of Baghdad
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 02 janvier 2008
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 21 mars 2012
Nombre de pages : 144
 
Liste des épisodes
Pride of Baghdad
 
Mon avis :
 Tout d’abord, avant de plonger dans ce bel album, il serait bon pour le lecteur de savoir que l’intrigue de ce Pride of Baghdad est tirée d’une histoire vraie. En effet, dans les premiers jours de la guerre, en mars 2003, quatre lions prirent effectivement la fuite du zoo de la capitale irakienne avant d’être abattus par des soldats américains, victimes parmi tant d’autres de ce conflit qui fit (et fait encore) couler tellement d’encre. De ce fait divers pour le moins insolite, le scénariste, Brian K. Vaughan, s’est inspiré pour nous proposer un magnifique et triste récit où l’on suit donc ces quatre lions, Zill le mâle dominant, Safa la vieille désabusée, Ali le jeune fougueux et Noor la jeune mère férue de grands espaces, en quête de liberté au beau milieu des ruines de Bagdad. Décors apocalyptiques de circonstances, couleurs où prédominent le jaune/orange du désert et le rouge du sang et des flammes, bâtiments en ruine, cadavres divers, le tout nous entraîne, en compagnie des quatre lions, dans une ambiance assez pesante, rehausser par les dessins de qualité d’un Niko Henrichon diablement bien inspiré et qui apporte énormément, de part son application et son talent, a la qualité de l’œuvre. Mais si du coté des graphismes, il n’y a rien à dire (sauf du positif), c’est bel et bien l’histoire qui emporte l’adhésion du lecteur : voici une réflexion sur la liberté (terme tant de fois vanté et utilisé lors de ce conflit si controversé), sur les dégâts collatéraux (terme cynique s’il en est) et sur la brutalité de l’homme. Car il est évident que ces lions, si attachants et aux personnalités bien marquées, en vadrouille dans la belle ville de Bagdad n’ont aucune chance de recouvrer un jour une liberté autre que temporaire. Les hommes n’aiment pas voir la nature à l’état sauvage gambader dans ses rues, surtout s’ils sont armés et se déplacent en tanks. La fin, prévisible et dramatique, devient alors inéluctable, prouvant une fois encore la mainmise de l’homme sur son environnement, qui confine à la tyrannie. Le principal défaut que certains pourraient reprocher à cette histoire serait l’humanisation de certains animaux ou de leurs actes. Mais cette fameuse humanisation, justement, offre en même temps une résonance particulière sur ce conflit, avec la réflexion suivante : la liberté s’acquiert-elle, ou peut-elle être offerte (comme les Américains ont voulu offrir la liberté au peuple irakien, en le libérant du joug de Saddam Hussein) ? Cruelle, mais nécessaire, cette évocation originale d’un conflit controversé offre un point de vue décalé à des créatures qui subissent les décisions des humains. En captivité comme en liberté… L’on pourrait croire que, a première vu, ce Pride of Baghdad, de part ses protagonistes animaliers, aurait été plu léger, or, il n’en est rien et cette œuvre, qui mérite véritablement que l’on s’y attarde, se révèle d’une grande profondeur et soulève bien des questions sur les comportements humains, ainsi que sur une guerre qui, six ans après son déclanchement, cause toujours bien des ravages et des souffrances. Là repose la grande force des auteurs de Pride of Baghdad, nous montrer par le biais d’animaux en quête de liberté tout le drame et l’hypocrisie de ce conflit. A découvrir absolument.
 

Points Positifs
 :
- Davantage qu’une simple bande dessinée, ce Pride of Baghdad est une œuvre philosophique, une ode a la liberté mais aussi un pamphlet a l’encontre de la cruauté de la guerre et de l’hypocrisie qui l’accompagne, le contexte étant, naturellement, renforcé par ce conflit irakien où, sous couvert de libérer l’Irak de Saddam Hussein, les USA de Bush s’en sont aller chercher du pétrole et causer des centaines de milliers de morts.
- En mettant en scène des animaux qui ne rêvent que de liberté et qui sont complètement ballotés par les événements et la folie des hommes – qui, accessoirement, leur est incompréhensible – Brian K. Vaughan réussit a nous toucher de fort belle manière, avec une histoire triste et universelle.
- Saluons comme il se doit les dessins de Niko Henrichon qui brille particulièrement pour deux raisons : certaines grandes planches et, bien entendu, la colorisation, somptueuse.
- Une couverture magnifique !
 
Points Négatifs :
- Si Niko Henrichon est un bel artiste, on notera qu’il a un peu de mal sur les scènes d’actions en certaines occasions. Oh, rien de catastrophique, rassurez vous, mais bon…
- Dommage que les éditions Urban aient changé le titre original pour Les Seigneurs de Bagdad. Cela ne se justifiait pas forcément, surtout pour une œuvre déjà parue chez nous il y a quelques années.
 
Ma note : 8/10