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mardi 2 août 2022

V pour Vendetta


V pour Vendetta
 
Fin du XXème siècle, le monde a sombré tragiquement depuis le déclenchement d'un immense conflit nucléaire. Même si l'Angleterre à été épargnée, elle subit cependant de plein fouet les désastreuses conséquences climatiques qui ravagent son territoire et sèment la maladie et la famine. Des émeutes explosent un peu partout. Pour mettre fin au chaos ambiant, un groupuscule fasciste s'empare du pouvoir et met en place une purge des citoyens jugés déviants. Les opposants politiques, les minorités ethniques ou bien encore les homosexuels sont arrêtés par milliers et envoyés vers des camps de concentration, au cœur desquels des sadiques de la pire espèce sévissent. La société, quant à elle, est surveillée par le système qui contrôle tout et se charge des punitions arbitraires. Ainsi en plein désarroi, la Jeune Evey Hammond accoste maladroitement un homme dans la rue à la nuit tombée, afin de lui proposer son corps en échange d'un peu d'argent pour survivre. Mais ce dernier lui révèle être un agent des mœurs en planque et hélas les bonnes mœurs ont depuis bien longtemps été abandonnées par la police locale. Evey échappe de peu à un viol collectif suite à l'apparition impromptue d'un illuminé déguisé et masqué qui rosse les vilains tout en citant du Shakespeare. En sécurité sur les toits de Londres, ils contemplent alors ensemble l'impressionnante explosion du parlement de Westminster, suivie d'un feu d'artifice balafrant le ciel d'un immense V. Vive l'Angleterre, la machine vengeresse est en marche...
 

V pour Vendetta
Scénario : Alan Moore
Dessins : David Lloyd
Encrage : David Lloyd
Couleurs : David Lloyd
Couverture : David Lloyd
Genre : Politique, Dystopie
Editeur : Vertigo
Titre en vo : V for Vendetta
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 10 juin 1989
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 27 mars 2020
Nombre de pages : 400

Liste des épisodes
V for Vendetta 1-11
 
Mon avis :
 Cela faisait pas mal de temps que je ne vous parlais pas du génialissime Alan Moore, sans aucun doute possible, le plus grand auteur de comics  de ces quatre dernières décennies et qui, au fil du temps, nous aura proposé moult chef d’œuvres incontestables comme Watchmen ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires… Et donc, profitant de cette période estivale, je me suis dit que l’occasion était parfaite pour me lancer dans la lecture d’autres titres majeurs du Sorcier de Northampton, surtout que, mine de rien, parmi ces derniers, il y avait quelques magnifiques pépites, des incontournables absolus comme ce fameux V pour Vendetta dont je vais vous parler aujourd’hui… Nous sommes à la fin des années 90 et, une décennie auparavant, le monde a connu un conflit nucléaire qui ne l’aura pas dévasté totalement. L’Angleterre s’en est plus ou moins sortit mais un régime dictatorial s’est installé et tient naturellement sous sa joug le peuple, écrasant celui-ci sous une poigne de fer. Pourtant, alors que l’avenir apparait bien sombre, un homme sans nom, sans visage, apparait et lutte seul contre le régime en place, commettant des attentats et des meurtres de personnalités. Cet homme qui se fait appeler V souhaite rendre le pouvoir au peuple, du moins, si celui-ci en est digne… En partant de ce postulat de départ qui pourrait flirter allègrement avec un certain 1984 de George Orwell chef d’œuvre absolu du genre dystopique, Alan Moore nous livre avec V pour Vendetta probablement ce qui est la BD qui retranscrit avec le plus de justesse la dictature. Imaginant ce qu’aurait put donner les iles britanniques sous un régime fasciste, l’auteur nous offre un récit oppressant, menaçant et suffisamment solide pour sortir définitivement du simple carcan grand public un peu stupide où est relégué, en temps normal, l’amateur de comics. Bien évidement, avec Watchmen, Alan Moore nous avait déjà prouvé que le genre n’était pas réservé aux super-slips et que, même en mettant en scène ces derniers, il y avait matière à nous en proposer une vision plus intelligente. Avec V pour Vendetta, Moore va encore plus loin puisque, ici, non seulement V n’a pas grand-chose a voir avec les super-héros – en dehors du fait qu’il porte un masque – mais que, en plus, l’ennemi, dans ce récit, est autrement plus redoutable qu’un quelconque pantin costumé puisqu’il s’agit de politiciens – après tout, faut-il rappeler les millions de morts causés, au vingtième siècle, par les diverses dictatures, quelles soient de gauche comme de droite ? Qui plus est, le propos d’Alan Moore est de nous montrer que, davantage que les capacités d’un homme a lutter contre le mal, ce qui compte, c’est avant toute chose, une idée, un symbole : après tout, un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Et c’est probablement cela qui fait aussi la réussite de ce V pour Vendetta, une œuvre intelligente et, finalement, moins manichéenne qu’on pourrait le penser de prime abord puisque, dans celle-ci, certains des membres du pouvoir en place sont loin d’être des salauds et il y a même des victimes parmi eux. De même, à aucun moment Alan Moore ne glorifie les actes de V et même si l’on sent l’attrait de l’auteur pour l’anarchisme, il laisse le soin au lecteur de se faire sa propre opinion sur les agissements du justicier masqué… Bref, vous l’avez compris, V pour Vendetta est une œuvre majeure de la bande dessinée britannique et, incontestablement, un incontournable que tout amateur de comics se doit de lire au moins une fois dans sa vie. Après, il faut reconnaitre que ses thématiques, son propos et le style particulier d’Alan Moore qui est davantage un écrivain qu’un simple scénariste risque de ne pas plaire à tout le monde, mais bon, cela reste une affaire de gouts personnels comme c’est le cas avec pas mal d’œuvres géniales, tous genres confondus…
 

Points Positifs
 :
- Incontestablement, V pour Vendetta est la bande dessinée la plus intelligente qui ait été écrite au sujet de la dictature : œuvre d’une profondeur rare, plausible et pas manichéenne pour un sou, nous avons là une des plus belles créations du sieur Alan Moore ! Bref, un petit chef d’œuvre du Neuvième Art…
- Si V apparait comme étant, naturellement, le protagoniste phare de cette BD et qu’il écrase tous les autres de par son charisme, il faut reconnaitre que les autres personnages marquent également les esprits : Evey, bien entendu, mais aussi une bonne partie des membres du régime qui sont particulièrement bien développés plutôt que d’être de simples coquilles vides…
- Un récit découpé en trois actes, comme au théâtre et si le second est peut-être le moins aboutit, l’ensemble n’en reste pas moins réussi et captivant de bout en bout.
- Un être humain peut être tué. Un symbole, lui, ne meurt pas. Voilà ce qui ressort principalement de ce V pour Vendetta et, ma foi, cela résume plutôt bien ce comics.
- En effet, certains peuvent trouver que le style de David Lloyd accuse son âge, cependant, si vous êtes un peu agé comme moi – bref, dans les 40 ou 50 ans – et que vous êtes familier du style de l’époque, alors, vous serez probablement plus enclin a apprécier les dessins d’un artiste nettement plus talentueux qu’on pourrait le penser de prime abord.

Points Négatifs :
- Comme souvent chez Moore, posséder de bonnes connaissances en histoire s’avère nécessaire pour mieux saisir toutes les subtilités de ce V pour Vendetta, sans parler, bien entendu, des nombreuses références qui parsèment les presque 400 pages de cet album.
- Une œuvre absolument pas grand public et qui risque de déstabiliser un public que l’on qualifiera de moderne.
- Certains estimeront que le style de David Lloyd accuse un peu son âge est un trop typé années 80. Naturellement, cela reste une affaire de gouts personnels…

Ma note : 8,5/10

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