Chroniques
des Années Noires
Quelle
aurait été l'histoire du monde si l'Europe chrétienne avait disparu au Moyen
Âge, ravagée par la peste ? Le Moyen-Orient et la Chine seraient devenus les
civilisations dominantes, découvrant l'Amérique, inventant le chemin de fer et
l'atome, se faisant la guerre... À travers les destins de trois personnages –
un sentimental, un révolté et un intellectuel –, Kim Stanley Robinson dépeint
de façon étonnamment réaliste sept cents ans de l'histoire d'un univers
foisonnant, où les aventures individuelles se mêlent à la trame historique et
se répondent à travers les siècles et les continents.
Chroniques des Années Noires
Auteur
: Kim Stanley Robinson
Type
d'ouvrage : Uchronie
Première
Parution : 10 février 2002
Edition
Poche : 02 novembre 2006
Titre
en vo : The Years of Rice and Salt
Pays
d’origine : Etats-Unis
Langue
d’origine : anglais
Traduction : David
Camus, Dominique Haas
Editeur : Pocket
Nombre
de pages : 1012
Mon
avis : Après Civilizations,
œuvre du sieur Laurent Binet, qui nous entrainait dans un monde alternatif où
au lieu de conquérir le continent américain, c’était les européens qui avaient
été conquis par les incas puis les aztèques, j’ai décidé de m’attaquer à un
autre ouvrage du même genre, Chroniques des Années Noires. Bon,
ici, je peux affirmer sans problème que cela faisait des lustres que j’avais
mis ce roman en attente, patientant d’avoir le temps et le courage de m’y
atteler : plus de 1000 pages, une lecture plutôt spéciale pour ne pas dire
complexe faisait que j’ai attendu plus d’une décennie et cet été pour, enfin,
m’attaquer à cet ouvrage dont j’avais entendu le plus grand bien. D’ailleurs,
il faut dire que celui-ci possède un postulat de départ pour le moins audacieux
puisque, ici, l’auteur, Kim Stanley Robinson, prend comme point de divergence
l’année 1347 et la fameuse épidémie de Peste Noire qui, comme chacun sait, a
ravager le continent européen – entre autre – sur plusieurs années, faisant des
millions de morts. Sauf qu’ici, la peste est nettement plus virulente et laisse
littéralement sur le carreau tous les habitants du vieux continent, ce qui
n’est pas rien. Forcément, l’Histoire du monde s’en trouvera bouleversé et
comme les européens ne sont plus là pour assoir leur domination mondiale, ce
sont les chinois et les musulmans qui prennent la relève… Bref, vous l’avez
compris, Chroniques des Années Noires nous annonce une
uchronie grandiose et fort prometteuse et, ma foi, tout au long des sept-cent
ans, grosso modo, que dure l’intrigue, et des milles pages, force est de
constater que Kim Stanley Robinson sait parfaitement nous tenir en haleine, ce,
tout un utilisant un procédé pour le moins malin, celui de la
réincarnation ! En effet, l’auteur aurait put se contenter de nous
proposer divers récits qui se serraient succéder dans le temps tout au long de
son ouvrage : le procédé est simple, courant et efficace. Cependant, ici,
Robinson utilise finalement trois personnages principaux qui se réincarnent
sans cesse, tout au long des siècles et ce sont toujours eux qui sont les
protagonistes principaux des diverses histoires. Comment le lecteur peut-il les
reconnaitre ? Par le biais de leurs noms qui débutent toujours par les
lettres B, K et Y – le premier étant plutôt l’idéaliste positif, le second
celui qui est toujours en colère contre le monde entier, le dernier étant
l’érudit qui cherche à tout comprendre. Le procédé peut en surprendre plus
d’un, cependant, il s’avère être plutôt efficace dans le contexte de cet
ouvrage où la religion occupe une place importante – Bouddhisme, Taoïsme et
Islam, bien évidement – de même que de multiples réflexions fort pertinentes
sur la place des femmes, les sciences, les découvertes, etc. Du coup, davantage
qu’une simple uchronie où le lecteur prendrait plaisir à découvrir ce monde si
différent du notre, Chroniques des Années Noires s’avère être
un ouvrage nettement plus profond qu’on aurait put le penser de prime abord et
qui nous pousse même à la réflexion, ce qui, ma foi, confirme tout le bien que
j’avais entendu à son sujet depuis si longtemps. Bref, si vous êtes fans
d’uchronies et si vous souhaitez lire un roman vraiment original, Chroniques
des Années Noires est fait pour vous : certes, c’est un sacré
pavé fort conséquent dans la lecture n’est pas toujours simple, mais
l’expérience mérite le détour, c’est une certitude !
Points
Positifs :
-
Probablement l’uchronie la plus originale et la plus fascinante qu’il m’a été
donné de lire depuis que je connais le genre. Il faut dire que Chroniques
des Années Noires est un ouvrage qui sort nettement de la norme et qui
ose bousculer nos certitudes : parfois déroutant, souvent fascinant,
terriblement imaginatif, voilà une excellente uchronie comme je souhaiterais
qu’il en existe davantage !
-
Un postulat de départ franchement intéressant : l’épidémie de Peste Noire
qui a, dans notre Histoire réelle, ravager le continent européen au XIVème
siècle s’avère être encore plus virulente et ne laisse aucun survivant. Les
européens ayant été balayés de la face de l’Histoire, place est faite aux
Musulmans et aux Chinois pour conquérir le monde et, fatalement, finir par
s’affronter.
-
Si tous les chapitres ne se valent pas, il faut l’admettre, la plupart sont
réussis et certains frôlent même l’excellence. Par ailleurs, l’évolution du
monde telle qu’elle nous est présentée par Kim Stanley Robinson est, pour le
moins, pertinente.
-
Un procédé habille de la part de l’auteur qui utilise la réincarnation pour
utiliser à chaque fois les trois mêmes personnages.
-
De savantes et fort pertinentes réflexions sur la religion, la place de la
femme, les sciences, le respect de l’autre, la sauvegarde de la nature, etc.
Points Négatifs :
-
Comme je l’ai souligné, tous les chapitres ne se valent pas et s’il n’y a pas
de mauvais passages en tant que tels, il faut reconnaitre que, vers la fin, il
y a une légère baisse qualitative et que certains chapitres sont un poil moins
aboutis.
-
Plus de 1000 pages, c’est tout de même un sacré pavé qui passe très bien si
vous accrochez dès les premiers chapitres. Si ce n’est pas le cas, par contre…
Ma note : 8,5/10
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