Filles
Perdues
En
1913, en Autriche, existe un hôtel dirigé par Mr Rougeur, un français très
porté sur les livres pour adultes, aux contenus pour le moins libertins. Cela
fait quelques temps qu’une femme d’âge mûr, Alice, y loge également. Celle-ci
aime particulièrement se caresser tout en se regardant dans le miroir. Un peu
plus tard, une jeune américaine du nom de Dorothée Gale arrive à l’hôtel et
fait rapidement la connaissance d’un jeune homme, le capitaine Rolf Bauer.
Après un dîner fort agréable, ce dernier l’emmène dans un des jardins de
l’hôtel et la déshabille. Après quelques préliminaires, il commence à lui
pratiquer un cunnilingus tout en se masturbant. Mais après quelques instants,
le militaire n’en peut plus et éjacule, trop excité à la vue des superbes
chaussures que porte Dorothée. Le lendemain, un couple arrive, Harold et Wendy
Potter. Après une nuit assez agitée où les bruits et cris provenant de chambres
voisines se font entendre, Wendy fait rapidement la connaissance de Dorothée et
d’Alice, les responsables des bruits nocturnes, qui faisaient l’amour. Les
jours passent et les trois femmes voient leurs liens se renforcer, venant même
à se confier leurs premiers émois tandis que leur relation devient de plus en
plus charnelle…
Filles Perdues
Scénario
: Alan Moore
Dessins
: Melinda Gebbie
Encrage : Melinda
Gebbie
Couleurs : Melinda
Gebbie
Couverture : Melinda
Gebbie
Genre : Erotique
Editeur
: Taboo
Titre
en vo : Lost Girls
Pays
d’origine : Grande-Bretagne
Langue
d’origine : anglais
Parution
: 10
mai 2006
Editeur
français : Delcourt
Date
de parution : 19 mars 2008
Nombre
de pages : 320
Liste des épisodes
Lost
Girls 1-30
Mon
avis : Après vous avoir proposer les
critiques de deux des plus grands chef d’œuvres du grand Alan Moore, V for
Vendetta et From Hell, abordons
à présent ce qui est sans aucune contestation possible l’œuvre la plus
polémique de l’auteur britannique, un certain Filles Perdues… Bon,
ici, nous naviguons entièrement en dehors des sentiers battus de la bande
dessinée traditionnelle puisque cette création du sieur Moore – accompagné aux
dessins par sa compagne, Melinda Gebbie – est tout simplement à ranger
dans la catégorie érotique. D’ailleurs, j’irais même plus loin, au vu des très
nombreuses scènes proposées dans ce gros ouvrage, parler de pornographie
serait, selon moi, nettement plus adapté. Naturellement, le lecteur, peut
connaisseur du scénariste, a de quoi être pour le moins dubitatif devant ce
Filles Perdues et on peut parfaitement le comprendre, car bon, comment dire…
si, au fil de ses diverses créations, Moore n’a jamais été très avare de nous
proposer, lorsque le cœur lui disait et que cela se justifiait,
scénaristiquement parlant, de nous proposer des scènes pour le moins crues.
Mais une œuvre totalement pornographique, là, il y a un pas que le britannique
a joyeusement franchis et dont le résultat, s’il prête naturellement à la
polémique, n’en n’est pas moins excellent ! Ainsi, en reprenant les
héroïnes de trois des contes modernes parmi les plus célèbres,
c’est-à-dire, Peter Pan, Le Magicien d’Oz et Alice
au Pays des Merveilles, Alan Moore ne se contente pas de nous offrir un
récit qui verrait les trois femmes, désormais plus âgées, se rencontrer dans un
quelconque hôtel en plein cœur de l’Europe et tout juste avant le début de la
Première Guerre Mondiale. Non, Moore va plus loin et va plutôt nous proposer
les récits érotiques de ces trois héroïnes : ainsi, au fil des pages, le
lecteur qui aura le plus grand mal à parcourir cet ouvrage d’une seule main –
c’est qu’il est plutôt imposant le bougre – va découvrir les relations
sexuelles des trois femmes mais également leurs premiers émois amoureux. Et,
justement, si voir toute l’hypocrisie de la prude société de l’époque est
plutôt jouissive lorsque l’on découvre les débauches diverses qui ont lieu, la
partie la plus intéressante, finalement, est celle où Moore nous montre comment
les premières expériences sexuelles de ses héroïnes sont à la base des contes
qui nous sont plus familiers. Bien entendu, je n’en dirais pas davantage afin
de ne pas dévoiler tout un plan de l’intrigue et me contenterais de dire que,
une fois de plus, avec Alan Moore, use et abuse de moult références et que si
les dessins pour le moins crus ont de quoi émoustiller les plus sensibles
d’entre nous, c’est entre les lignes qu’il faut lire cette œuvre et prendre
ainsi plaisir à découvrir comment le sexe aura accoucher de ces œuvres
destinées aux enfants… Une fois de plus et sans grande surprise malgré la prise
de risque notable prise ici, Alan Moore confirme tout le bien que l’on peut
penser de lui et, ma foi, faire d’une BD pornographique un véritable chef
d’œuvre est pour le moins impressionnant. Naturellement, Filles Perdues n’est
pas a maitre entre toutes les mains car bon, si la masturbation, la sodomie,
l’homosexualité, le lesbianisme, le fétichisme et les orgies sont bien au
rendez vous, certains risquent d’avoir du mal avec des scènes disons, plus
problématiques comme les relations incestueuses, la pédophilie et la zoophilie.
Prises dans le récit, celles-ci s’expliquent, mais bon Alan Moore va très loin
tout de même ici, peut-être trop loin pour certains…
Points
Positifs :
- Probablement
l’œuvre la plus polémique et la plus osée d’Alan Moore. Il faut dire que Filles
Perdues est une œuvre que l’on peut qualifier sans discussion de
pornographique, cependant, malgré ce constat pour le moins évidant, tout le
génie de l’auteur est au rendez vous et si s’avère que cette BD est bien plus
complexe qu’on pourrait le penser de prime abord.
-
Filles Perdues en dehors de ses très
nombreuses scènes de sexe, est aussi une œuvre qui nous permet de voir comment
les premières expériences sexuelles de nos trois héroïnes ont été, du moins,
selon la vision de Moore, à l’origine de la création de ces trois classiques
que sont Peter Pan, Le Magicien d’Oz et Alice
au Pays des Merveilles.
-
Pour ce qui est de la partie graphique, Melinda Gebbie nous livre une
prestation que l’on pourrait qualifié de simpliste avec ses tons pastels mais
qui n’en reste pas moins de qualité.
-
Comme à chaque fois avec Alan Moore, c’est complexe, bourré de références à
l’histoire et à la culture populaire, cependant, si vous possédez quelques
bonnes connaissances et que vous êtes fan du genre, alors, la lecture de Filles
Perdues sera un pur régal pour vous.
-
Une édition de fort belle qualité. Chapeau bas aux éditions pour celle-ci et,
accessoirement, pour le courage d’avoir publié cette œuvre en français !
Points Négatifs :
-
Bien entendu, Filles Perdues est une œuvre pornographique et
celle-ci n’est absolument pas destinée à tout le monde. Certains risquent de
prendre leur jambe à leur coup devant cette avalanche orgiaque de débauche
sexuelle !
-
Même si cela se justifie dans le récit, nombreux sont ceux qui auront beaucoup
de mal avec les scènes où l’on assiste à des relations incestueuses, de la
pédophilie et de la zoophilie…
-
Comme souvent chez Moore, posséder de bonnes connaissances en histoire s’avère
nécessaire pour mieux saisir toutes les subtilités de ce Filles Perdues,
sans parler, bien entendu, des nombreuses références qui parsèment les plus de
300 pages de cet album.
Ma note : 8,5/10
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