Keltos – Le Corbeau des Batailles
Keltos
– Le Corbeau des Batailles
Aux
abords de la mer méditerranée, près de Massalia, en 280 avant J.C., un
mystérieux guerrier se dirige vers le couchant. Faisant route pour Ker Ys,
capitale des Abrincates, le prince Ursus vient avertir le roi Mordred, son
frère, que des envahisseurs, les Cimbres, se dirigent vers la ville. Mais il se
heurte à l’incrédulité de son souverain. Mordred accepte cependant de consulter
les oracles en procédant à un sacrifice. Ursus se rend au sanctuaire et
découvre avec stupeur que c’est son porte lance, Yber, qui a été désigné comme
victime du sacrifice. Après avoir lui avoir tranché la gorge, l’oracle observe
le sang d’Yber et prédit que le danger ne viendra pas du couchant mais du
levant ! Le soir venu, Ursus trouve un peu de réconfort auprès de Morgan, sa sœur,
qui lui confie avoir eu des visions dans lesquelles elle voyait son frère fuir
vers le levant afin de fonder un nouveau royaume, mais d’échouer avant d’y
réussir. Le lendemain, le mystérieux guerrier arrive à la capitale, en ayant au
préalable tué le champion de la forêt. Dès son arrivée, des craintes se font
sentir car il vient du côté du levant…
Keltos – Le Corbeau des Batailles
Scénario
: Jean-Pierre Pécau
Dessins
: Igor
Kordey
Couleurs : Len
O’Grady
Couverture : Manchu,
Igor Kordey
Editeur
: Delcourt
Genre : Heroic-Fantasy,
Historique
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution : 26
août 2009
Nombre
de pages : 55
Mon
avis : Après avoir, pendant bien des
années, traverser les siècles avec les Archontes dans L’Histoire
Secrète, puis visiter un monde où Napoléon aurait conquis les Indes
avec Empire, voila que Pécau et Kordey nous entraînent parmi les peuples
celtiques et, plus précisément, dans l’un des plus grands moments de leur
histoire (et paradoxalement, très peu connu) : la prise de Delphes par des
dizaines de milliers de soldats celtes. Cet événement, franchement peu connu
(bigre, il y a tout de même une autre bataille dans les Thermopyles !), j’en
entendis parler pour la première fois il y a une dizaine d’années environ, en
lisant l’excellant Celtika du regretté Robert Holdstock.
Ainsi, en découvrant le synopsis de ce Keltos, mon intérêt, déjà
éveillé par le duo d’auteurs, n’en fut que plus grand. Une fois de plus, l’on
retrouve la patte de Jean-Pierre Pécau et son goût immodéré pour l’Histoire,
même la plus obscure. Et comme il fallait s’y attendre, le scénariste s’en
donne à cœur joie, se permettant même le luxe, de mêler les légendes
Arthuriennes aux mythes fondateurs celtes – Selon la mythologie grecque, un
fils serait né de la liaison entre Héraclès et Keltine, nommé Keltos, il serait
l'ancêtre des Celtes. Les détracteurs de Pécau, et ils sont légions, crieront
probablement au scandale, arguant que le mélange des deux est osé, cependant,
personnellement, l’idée qui me surpris de prime abord, au bout de quelques
pages (en découvrant que le Roi se nommait Mordred, les autres protagonistes
suivirent rapidement) n’est peut être pas si mauvaise et m’a renvoyé à une
histoire de Donald (eh oui) réaliser par l’excellent Don
Rosa, The Once and Future Duck (1996), où le canard le plus
colérique du monde et ses neveux débarquaient au moyen age et rencontraient un
Roi Arthur bien différent de la légende et bien plus barbare, ce qui était assez
judicieux d’ailleurs au vu de l’antiquité de la légende. Alors certes, celle-ci
ne remonte probablement pas à la prise de Delphes vers 300 avant J-C, mais pour
moi, le lien entre les deux ne me choqua pas le moins du monde. Tout ceci étant
dit, que vaut véritablement ce Corbeau des Batailles, premier tome
de Keltos, car pour le moment, il faut dire que l’on n’en est resté
qu’au synopsis de base, et bien souvent, les meilleurs idées ne sont pas
forcement un gage de réussite ? Et bien, en toute franchise, si l’on a droit
bien entendu a la mise en place de l’univers du récit et a l’entrée en scène
des divers protagonistes, ce qui est parfaitement normal pour un premier tome,
l’on rentre assez rapidement dans l’histoire, sans aucun temps mort et, pour
peu que l’on soit fan de Pécau (ou du moins, habitué a ces scénarios a
consonances plus ou moins historiques), c’est avec un plaisir non dissimulé que
l’on découvre l’intrigue. De plus, les personnages, aux noms (pour la plupart)
qui résonnent de façon « Arthurienne » a nos oreilles, sans
être certes d’une grande originalité sont plutôt intéressants, en particulier
le fameux Corbeau des batailles. Bon, évidement, il ne faut pas s’attendre à un
charisme hors du commun, après tout, ils sont assez caricaturaux : Ursus en Roi
déchu, courageux, respectueux des traditions, Mordred en usurpateur parfait,
couard et retors, Morgan en femme forte et sensuelle etc. Cependant, l’ensemble
fonctionne plutôt bien et l’on accroche rapidement à cet univers, sublimement
mis en valeur par un Igor Kordey tout bonnement excellent. Et oui, qu’il est
loin le temps des débuts, où, dépité, je me demandais comment l’on pouvait
confier une série comme les X-Men a
un tel tâcheron ? Mon opinion a son sujet évolua énormément, je le reconnais,
son travail de l’époque n’étant pas si mauvais (c’était plus une question de
style) mais de même, il faut avouer que celui-ci à réaliser d’énormes progrès
au fil des années et qu’a mes yeux, ses derniers albums (entre L’Histoire
Secrète et ce Keltos par exemple) sont quasiment
parfaits, voir impressionnants. Sincèrement, je n’ai rien à redire sur les
dessins de Kordey dans ce Corbeau des Batailles, même les
habituelles scènes de combat trop souvent brouillonnent sont bien mieux
réalisées et ce n’est pas sur les dessins, que l’on pourra critiquer ce premier
volume de Keltos. A moins, bien entendu, de ne pas aimer le
style particulier de Kordey qui, il faut bien le dire, est plutôt du
genre « on aime ou on déteste ». Alors, finalement, tout ne serait
qu’une histoire de goût : pour les fans, Keltos sera une très
bonne surprise, qui promet énormément ; quant à ceux qui ne peuvent ni voir
Pécau, ni Kordey, cette nouvelle production des deux hommes ne sera que la
confirmation de leur opinion à leur sujet. Reste les autres, ceux qui ne
connaissent pas encore L’Histoire Secrète et consorts.
Personnellement, je leurs conseillerais ce Keltos mais
uniquement parce que celui-ci m’a beaucoup plu. Dommage tout de même qu’après
un second tome qui reste dans la même lignée qualitative, on n’attende
toujours, en vain, une conclusion qui, je le crains, ne vienne jamais…
Points
Positifs :
-
Un univers celtique plutôt réussi et attirant. Pécau maitrise assez bien son
sujet et s’en donne a cœur joie, de plus, l’époque où a lieue l’intrigue,
c’est-à-dire, celle où les peuples celtes allèrent ravager l’Oracle de Delphes,
est plutôt bien choisie – surtout que cet exploit est plutôt mal connu du grand
public.
-
Le mélange entre histoire et légendes Arthuriennes, assez réussi.
-
Un Igor Kordey en très bonne forme et sincèrement a mille lieux du coté
brouillon de ses débuts. Certaines planches sont tout bonnement superbes.
-
Une fort belle couverture !
Points
Négatifs :
- Le
principal défaut de Keltos, et on ne peut l’occulter, c’est que
cette série, composée de deux tomes, n’a pas de conclusion ! Je ne sais
pas si on y aura droit un jour – aucune nouvelle depuis des années – ce qui
serait dommage si ce n’est pas le cas, mais tout nouveau lecteur se doit de le
savoir.
-
Les détracteurs de Pécau regretteront son coté un peu fourre tout habituel.
-
Igor Kordey est un artiste qui divise et certains n’accrocheront naturellement
pas à son style. Au demeurant, il a toujours autant de mal avec certaines
scènes d’actions.
Ma
note : 7,5/10
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