Pulp
Max
Winters est un sexagénaire qui écrit les scénarios de Six Gun Western,
un Pulp vendu en kiosque pour 10 cents. On est en 1939 et l'ancien a traversé
bien des épreuves pour arriver à encore mettre un pied devant l'autre. La
dernière en date, c'est d'avoir réussi à surpasser la grande crise. Mais pour
lui comme pour l'immense partie de la population humaine, la survie, c'est un
effort constant. Ce matin, il livre à Mort, son rédac-chef, le dernier texte de
l'épisode qu'il vient d'écrire pour le personnage qu'il a crée, River Kid.
Quelques corrections minimes et l'affaire est conclue. Mais Mort lui apprend
une bien mauvaise nouvelle : les pulps envahissent les kiosques, les ventes se
sont effondrées et l'ordre vient d'en haut : désormais c'est deux cents par
mot. Résultat de l'opération, Max empoche 120 $ quand il pensait pouvoir
compter sur 200. Il suggère alors à Mort une idée qu'il a commencée à creuser :
pourquoi ne pas introduire des épisodes qui mettent en scène Kid River plus
vieux, comme Howard avait pu le faire avec Conan ? La réponse de son boss est
sans appel : « Pas question Max, tenez-vous en à la formule... Red et
Heck aident de pauvres bougres dans la prairie, ils descendent des salopards et
repartent pour leurs prochaines aventures... Voilà ce qui paye les factures ! ».
Max repart dépité. La vie commence à lui laisser un goût amer...
Pulp
Scénario : Ed Brubaker
Dessins
: Sean Phillips
Encrage : Sean
Phillips
Couleurs : Jacob
Phillips
Couverture : Sean
Phillips
Genre : Thriller,
Western
Editeur
: Image Comics
Titre
en vo : Pulp
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 24
août 2020
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Delcourt
Date
de parution : 12 mai 2021
Nombre
de pages : 67
Liste des
épisodes
Pulp
Mon
avis : Indéniablement, le duo composé
d’Ed Brubaker, pour ce qui est du scénario, et de Sean Phillips, pour ce qui
est des dessins, est l’un des plus célèbres et les plus talentueux dans le
petit monde actuel de la bande dessinée nord-américaine. Il faut dire que,
après des débuts du coté de chez Marvel où les deux auteurs
s’étaient déjà fait remarquer, depuis leur départ du coté de Image
Comics et leur prise d’indépendance, les deux compères ont sut, au fil
des années, nous pondre tout un tas de mini-séries de qualités qui, dans les
grandes lignes, traitent souvent des mêmes thématiques – un coté polar du plus
bel effet, gunfight, nostalgie d’une époque révolue – mais, à chaque fois, avec
grand talent. Curieusement, ou pas, si Ed Brubaker avait déjà eu droit, sur ce
blog, à la mise en avant de l’une de ses sagas les plus réussis – le très
bon Velvet avec
Steve Epting – c’est la toute première fois que j’ai l’occasion de vous parler
d’une œuvre du duo Brubaker / Phillips, et, accessoirement, avec leur dernière
création en date : Pulp ! Paru il y a tout juste quelques
semaines dans l’hexagone, Pulp est, indéniablement, un des
meilleurs comics de ce début d’année et à connu moult critiques pour le moins
élogieuses à son égard de par le public et les spécialistes. Mélange de western
et de polar noir – le genre préféré des auteurs, celui où ils sont le plus à
l’aise – Pulp nous entraine sur les traces d’un auteur de
récits de westerns, à la fin des années 30, vieillissant et dont on découvre,
très rapidement, que les aventures qu’il écrit sont fortement inspirées de son
propre passé. Brubaker maitrise plutôt habilement son sujet et tout en nous
montrant comment, dès cette époque, l’industrie du genre exploitait allègrement
ses auteurs, nous offre un récit où un vieil homme mourant décide, afin de
mettre à l’abri du besoin son épouse, de faire un dernier coup. Bien entendu,
je ne vous en dirais pas davantage afin de ne pas gâcher le plaisir de la
découverte, disons juste qu’il y a quelques petits retournements de situations
et pas mal de nazis dans un récit nettement plus intelligent qu’on aurait put
le penser de prime abord. Ajoutons à cela une partie graphique superbe où le
duo Phillips – le père aux crayons, le fils aux couleurs – s’en donne à cœur à
joie et l’on obtient, indéniablement, un très bon album qui, certes, n’est
peut-être pas non plus un chef d’œuvre – il ne faut pas exagérer – mais qui
n’en satisfera pas moins les amateurs du genre…
Points
Positifs :
- Un
excellent mélange de polar et de western qui nous transporte en pleines années
30, en une époque bien éloignée du passé du héros et qui voit s’approcher, à
grands pas, la Seconde Guerre Mondiale. Ed Brubaker maitrise à merveille son
récit, alternant entre le présent et le passé et réussissant la gageure de nous
tenir en haleine du début à la fin.
-
Un vieux cowboy sur le retour qui à affaire à des nazis : dit ainsi, cela
peut avoir l’air idiot mais, au final, le scénario est fort pertinent et plutôt
réussit !
-
Brubaker nous montre comment les éditeurs, dans les années 30, exploitaient
leurs auteurs ainsi que le peu de considération qu’ils avaient pour ces derniers.
-
Pour ce qui est de la partie graphique, Sean Phillips livre une prestation
fidèle à sa réputation, quand à la colorisation de son fils, Jacob, force est
de constater que celle-ci est de fort bonne qualité, particulièrement pour ce
qui est de la partie western.
-
Une couverture simple mais magnifique.
Points Négatifs :
-
Même si Pulp est, indéniablement, un
très bon comics, ce n’est pas non plus un chef d’œuvre absolu, loin de là et il
faut reconnaitre que celui-ci est un peu trop traditionnel pour être honnête et
que certaines situations sont pour le moins convenues.
-
Sean Phillips est un artiste pour le moins talentueux mais qui possède un style
particulier qui ne plaira peut-être pas à tout le monde.
-
C’est tellement bon que c’est trop court, malheureusement.
Ma note : 7,5/10
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