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vendredi 4 février 2022

Masqué – Anomalies


Masqué – Anomalies
 
Dans les estives de la frontière russo-géorgienne, une troupe de militaires français repère un phénomène curieux sur le sol. En alerte, ils sont soudain attaqués par un drone russe autonome enterré, qui fait un carnage. Seuls le sergent Frank Braffort et sa copine Melissa Tales s’en sortent indemnes, mais blessés, grâce à une intervention aussi providentielle que mystérieuse… Une poignée d’années plus tard, Braffort est de retour à Paris-Métropole. Il ne reconnaît plus sa ville, à l’urbanisme gigantesque et effréné, et en proie à une vague indéterminée d’anomalies. Ces anomalies, ce sont des composants électroniques venus de nulle part, qui s’amalgament n’importe où, jusqu’à former des entités intelligentes et agissantes. L’une d’elle agresse même le Préfet de police Beauregard, en pleine conférence de presse. Braffort, lui, est instantanément contacté par un ancien camarade de l’armée travaillant pour la Métropole. Ce dernier lui propose un poste de premier choix : assurer la sécurité du Préfet. La réputation d’homme de terrain de Braffort l’a visiblement précédé. Mais il semble que les raisons de ce recrutement express dépassent largement le cadre de ses réelles compétences…
 

Masqué – Anomalies
Scénario : Serge Lehman
Dessins : Stéphane Créty
Encrage : Stéphane Créty
Couleurs : Gaétan Georges
Couverture : Benjamin Carré
Genre : Super-Héros
Editeur : Delcourt
Titre en vo : Masqué – Anomalies
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 18 janvier 2012
Editeur français : Delcourt
Date de parution : 18 janvier 2012
Nombre de pages : 48
 
Mon avis :
 Il y a de cela quelques semaines, je vous avais parler, sur ce blog, de ce qui restera comme étant une des bande dessinées françaises les plus importantes de ces dix dernières années, je veux, bien entendu, parler de La Brigade Chimérique : œuvre de Serge Lehman et de Fabrice Colin au scénario, de Gess aux dessins et de Céline Bessonneau aux couleurs, celle-ci mettait en scène les super-héros européens avant la seconde guerre mondiale et nous expliquait, au passage, pour quelle raison ces derniers avaient disparus par la suite sur le vieux continent. Certes, La Brigade Chimérique n’est pas la seule bande dessinée qui nous propose un matériel superhéroique européen mais jamais, auparavant, une œuvre n’avait été aussi loin dans le propos. En effet, ici, plutôt que de nous proposer une simple intrigue avec des héros que l’on qualifierait d’indigènes au vieux continent, les auteurs ont préféré poser (et répondre) a la question suivante : pourquoi, alors que l’Europe possédait un matériel de base dans sa culture populaire tellement important, les super héros locaux n’ont pas pris ici, le genre, s’il a marché, étant bien évidement celui venu d’outre atlantique ? Et tel est le propos, donc, de La Brigade Chimérique qui, tout au long de six tomes, nous dévoile tout un monde oublier – celui d’avant-guerre, avec toutes ses figures majeures de la culture feuilletonesque européenne – mais aussi et surtout, sur son sort. Œuvre majeure donc, car désormais, on peut dire sans crainte qu’il y a un avant et un après Brigade Chimérique. Et nous sommes donc, avec Masqué, dans l’après avec ce que les amoureux de La Brigade Chimérique espéraient sans trop y croire : la parution, non pas vraiment d’une suite pure et dure – quoi que, on en est pas loin – mais du retour des super héros européens à notre époque, tâche ardue s’il en faut. Car en effet, et je pense ne l’apprendre à personne, si le genre est très populaire sous nos contrées, c’est par le biais de personnages américains avant tout... Quant aux productions locales, si l’on met de côté les auteurs britanniques qui, soyons francs, ont surtout travaillé avec du matériel US c’est le néant, tout simplement. Du coup, et je pense ne pas me tromper en l’affirmant : tout fan de comics et de BD européenne a dut, a un moment ou un autre de sa vie se poser la question suivante, presque vitale : mais ils sont où nos super héros à nous ? Bien évidemment, La Brigade Chimérique y répond, mais cela n’empêche pas que désormais, ce que l’on souhaite, justement, c’est des histoires avec des super héros bien de chez nous, un mélange des genres qui comblera d’aise les amateurs des deux genres – car bon, à part Les Sentinelles, il n’y a pas grand-chose – et ça tombe bien, Masqué est arrivé ! Tout d’abord, ce qui ressort avant tout à la lecture de ce premier tome de Masqué, c’est indéniablement le plaisir. Oui, le plaisir de lire une histoire de super héros – quoi que, on ne peut pas dire que ceux-ci soient vraiment présents pour le moment – dans un décor familier ou presque : Paris, ou plutôt, un Paris tentaculaire, une véritable mégalopole qui n’a plus rien à envier à Londres, Tokyo ou New York. Ah, le nom est cité : New York, lieu d’origine de tant d’individus masqués comme si, pour que ceux-ci soient présents, il faudrait que la ville y soit pour quelque chose ? Et d’ailleurs, quand on voit ce Paris là, ce Paris qui a des faux airs de Blade Runner, comment ne pas se dire que c’est justement le cas ? Comme si la ville, devenu donc tentaculaire, était devenue un organisme vivant et qu’il pourrait, désormais, si dérouler certaines choses ? Bien évidemment, je ne vais pas en dévoiler davantage, autant vous laisser le plaisir de la lecture ainsi que votre propre questionnement sur la problématique posée, cependant, il me semble clair que la transformation de Paris soit l’élément déclencheur qu’il manquait à l’apparition – ou plutôt, devrais-je dire, au retour – des super héros. Et donc, dans ce premier tome intitulé Anomalies – vous comprendrez rapidement pour quelle raison – l’on se plait à jongler entre éléments familiers comme le treizième arrondissement, Montmartre, la Tour Eiffel vue de loin, quelques titres de magazines etc. ainsi que, des nouveautés marquantes comme cette place de la Défense qui ne dénoterais pas à Metropolis – la ville de Fritz Lang, pas celle de Superman. Et c’est justement là qu’est la grande force de Masqué : amener le lecteur à accepter, dans un environnement finalement familier ce qu’il a l’habitude de voir par ailleurs. Et sincèrement, pour le moment, si, qualitativement parlant, nous restons à mille lieux de La Brigade Chimérique – tant pour ce qui est du scénario, que des personnages que des dessins, n’est pas Gess qui veut – force est de constater que ce premier volet de Masqué, a défaut d’être génial, possède déjà quelques éléments qui pourraient faire de cette saga non pas un incontournable mais, au moins, une série plaisante qui pourra ravir les amateurs de Serge Lehman, auteur diablement doué et dont chaque œuvre mérite, au minimum, le coup d’œil…
 

Points Positifs
 :
- Le plaisir de retrouver à nouveau Serge Lehman dans une œuvre traitant des super-héros sauf que, cette fois ci, l’auteur nous propose une intrigue qui se déroule dans un futur très proche. Décidément, Lehman y tient à ses super-héros européens et, sincèrement, qui pourrait lui en vouloir ?!
- L’idée qu’une ville, lorsqu’elle atteint une certaine taille tentaculaire, pourrait créer par elle-même des espèces de formes de vies qui pourraient même posséder des pouvoirs est plutôt pas mal, surtout que, au passage, cela explique, par exemple, pourquoi New-York pullule de super-héros depuis des décennies et pourquoi Paris n’en n’avait pas.
- L’évolution de la ville de Paris, devenue, désormais, une mégalopole impressionnante.
- Les quelques clins d’œil – ou est-ce davantage – à La Brigade Chimérique.
- Une fort belle couverture, indéniablement.
 
Points Négatifs :
- Habitué au style oh combien particulier mais terriblement marquant et génial de Gess dans La Brigade Chimérique, il est clair que celui de Stéphane Créty, dans Masqué, à énormément de mal à tenir la comparaison : beaucoup trop classique pour être honnête, il a du mal à accrocher l’œil du lecteur, surtout celui de l’amateur de comics, genre pourtant abordé ici…
- Bien entendu, ce n’est que le premier volet d’une saga qui en comporte quatre et il faudra voir ce que donnera Masqué dans son ensemble, cependant, tant pour ce qui est des protagonistes que de l’histoire voir de l’ambiance, nous restons à mille lieux de ce que l’on ressentait à la lecture de La Brigade Chimérique.
- Serge Lehman semble beaucoup plus à l’aise avec une intrigue qui se déroule pendant l’entre-deux guerres…
 
Ma note : 6,5/10

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