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vendredi 30 septembre 2022

Le Fleuve de l'Éternité – Les Dieux du Fleuve


Le Fleuve de l'Éternité – Les Dieux du Fleuve
 
L'humanité s'est réveillée un matin sur les deux rives d'un fleuve géant, ressuscitée par un peuple de l'avenir, les Ethiques. Elle s'est aussitôt livrée avec entrain à ses passe-temps favoris, la conquête du pouvoir, la guerre, le sexe, avec d'autant plus d'enthousiasme que la résurrection était garantie sans frais. Le but des Ethiques avait été de donner à chaque humain une occasion de progresser spirituellement. De toute évidence, il allait falloir du temps, beaucoup plus de temps qu'il n'en avait prévu. Un ressuscité nommé Jésus pouvait en témoigner qui, sur la rive du Fleuve, allait une fois de plus être mis à mort. Et les hardis compagnons qui, sous la conduite de Richard Burton et de Mark Twain, avaient conquis la Tour des Ethiques, allaient être soumis à la plus grande de toutes les tentations. Disposer à leur gré, outre l'immortalité, de tous les pouvoirs des Dieux du Fleuve.
 

Le Fleuve de l'Éternité – Les Dieux du Fleuve
Auteur : Philip José Farmer
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 1983
Edition Française : 15 septembre 1993
Titre en vo : Riverworld – Gods of Riverworld
Pays d’origine : États-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Charles Canet
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 475
 
Mon avis :
 Sans atteindre les sommets des deux premiers tomes de la saga, Les Dieux du Fleuve, ultime tome du Fleuve de l’Eternité, n’est pas non plus le plantage total que certains ont put affirmer depuis sa parution, en 1983... Vrai-faux roman, cet ouvrage est composé d’une nouvelle, Ainsi Meurt toute Chair et de la suite a proprement parlée de la saga où l’on retrouve Burton et ses compagnons quelques semaines après la fin du Labyrinthe Magique. Ainsi, impossible de vous proposer une critique digne de ce nom sans diviser celle-ci en deux parties. Et, comme vous allez vous en apercevoir, les deux sont loin de se valoir… Ainsi Meurt toute Chair est, incontestablement, une déception. Certes, ce fut avec plaisir, au départ, que je me suis plonger dans cette nouvelle dont l’intrigue avait lieu dans cet univers si riche qu’est le Monde du Fleuve – et qui possédait un vivier inépuisable de bonnes histoires à raconter, dommage que Farmer ne nous ait pas proposé d’autres récits – cependant, malgré un style égal à celui de la saga principale, une intrigue pas forcement géniale mais néanmoins sympathique, qualifier celle-ci de réussie serait exagérée. Et cela, tout simplement parce que, lorsque l’on inclut dans un récit le Christ parmi les personnages principaux, et bien, on s’attend au moins à ce que celui-ci ait un rôle légèrement plus étoffé. Hors, ce fut loin d’être le cas. A la place, le lecteur se retrouve donc avec une aventure de Tom Mix, l’acteur du début du dix neuvième siècle qui plaisait tant à Farmer et que l’on avait déjà vu dans la saga principale, fuyant un tyran pas forcement charismatique avec, pour compagnons, Jésus, donc, et l’une de ses compatriotes. Cependant, ces deux là ont un rôle presque insignifiant. Du coup, on doit se coltiner ce brave mais pas charismatique pour un sou Tom Mix sur la quasi-totalité du récit. Quant à Jésus, et bien, ses apparitions sont rares, bien trop rares. Et si ses doutes sont assez bien trouvés de la part de l’auteur, ils auraient largement mérités d’être plus développés. Ainsi, alors que l’on aurait put être en droit de s’attendre à une bonne intrigue centrée sur le questionnement métaphysique du Christ, on a, à la place, une vulgaire aventurette de Tom Mix. Lisible mais très loin d’être indispensable… Par contre, pour ce qui est du gros de ce cinquième tome, Les Dieux du Fleuve, l’intérêt est bien plus élevé. Beaucoup, comme j’ai put le constater en lisant d’innombrables critiques, ont regretté que Farmer ait, dans cette suite, remis en cause certaines des révélations finales du Labyrinthe Magique. Certes, dans le fond, l’auteur n’était pas obligé de revenir sur celles-ci, pourtant, après avoir lu, et découvert les diverses nouvelles vérités sur les buts des Ethiques et le sort des âmes après la mort, celles-ci ne m’apparaissent pas inintéressantes, bien au contraire et j’ai trouver la démarche plutôt pertinente. En préface du troisième tome, Le Noir Dessein, Philip José Farmer s’excusait auprès de ses lecteurs des fins à rebondissements des premiers volumes et expliquait que la structure même de l’intrigue, l’avait fait renoncer à faire comme Asimov, dans son excellent cycle, Fondation, où les révélations finales de fin de tomes étaient remises en cause des le début des suivants. Et c’est ainsi que l’on doit juger Les Dieux du Fleuve : c’est-à-dire, une remise en cause littérale des certitudes, tout justes acquises. Après, on l’accepte ou non. Et si cela n’était pas nécessaire aux yeux de certains, et ben, ma fois, personnellement, je trouve que ce tome conclue bien mieux la saga que ne l’avais fait le précédant qui ne s’était guère attarder dans cette fameuse Tour Noire, but tout de même des héros depuis le départ. Car, après tout, ce cinquième volume du cycle n’est pas qu’un prétexte pour l’auteur qui souhaite ainsi remettre en cause les révélations de Loga, le fameux X, le récit allant beaucoup plus loin et s’intéressant fort judicieusement à mes yeux à ce que feraient des hommes et des femmes dotées de ce qu’il faut bien appeler des pouvoirs quasi divins. Et c’est là, franchement, que repose toute la force de ce roman car, comme on va vite s’en rendre compte, les choses ne vont pas être aussi simples… Ainsi, après un drame, vint s’installer une ambiance paranoïaque qui va mettre les nerfs de Burton et ses compagnons à rude épreuve, puis, une fois le problème apparemment réglé, vint le plus jouissif du récit : nos héros vont commencer, chacun à sa manière, a utiliser les possibilités quasi illimitées qui sont mises à leurs dispositions et si, chacun n’agit pas de la même façon, les conséquences ne seront pas forcement heureuses et les problèmes ne vont pas tarder à resurgir. Et ce, jusqu'à une bataille à la fois homérique et absurde, entre ceux-ci et les personnages de Alice au Pays des Merveilles, tout au tant risible que dramatique. Ensuite, il sera toujours temps de connaître enfin la vérité et de finir sur une note bien moins métaphysique que dans le précédant tome, ainsi qu’une décision assez logique au vu de la personnalité de ces héros qui nous ont accompagnés tout au long du Fleuve… Il est indéniable, à présent que j’ai achevé ce cinquième volet qui conclue définitivement la saga, que Le Fleuve de l’Éternité fait partie – malgré bien des défauts déjà citées dans mes critiques précédentes – de ces incontournables de la SF. Avec ce cycle, Philip José Farmer tient là son œuvre culte, et, alors qu’il nous a quitté il y a quelques années, peut être, qui sait, s’est-il réveillée quelque part sur les bords du Fleuve ?
 

Points Positifs
 :
- Véritable conclusion de la saga, Les Dieux du Fleuve, malgré ses défauts, n’en reste pas moins un bon ouvrage qui ne dénote nullement au sein de l’œuvre phare de Farmer. Il faut dire que, entre les remises en cause de nos certitudes, l’ambiance paranoïaque qui pèse tout au long de l’intrigue et les divers questionnements sur ce que feraient des humains avec des pouvoirs divins, il y a de quoi ravir les fans de l’auteur qui tiennent ici une conclusion plus qu’acceptable…
- Alors que la conclusion du Labyrinthe Magique décevait vu que l’on voyait peu nos héros dans la Tour Noire, ici, l’intrigue s’y déroule uniquement et, ma foi, c’est une très bonne chose puisque l’auteur peut ainsi mettre aux prises ses personnages avec des pouvoirs quasi-divins tout en posant une question fort pertinente : que feraient-ils avec ?
- La bataille entre nos héros et les personnages de Alice au Pays des Merveilles est tout à la fois ridicule que dramatique. On pourrait donc parfaitement ne pas y croire une seule seconde, pourtant, celle-ci est un des grands moments de ce cinquième volet de la saga !

Points Négatifs :
- La nouvelle, Ainsi Meurt toute Chair est le gros point noir de cet ouvrage. Il faut dire que celle-ci n’apporte strictement rien a l’intrigue générale du Monde du Fleuve et que, en plus d’occuper une place non négligeable dans cet ouvrage, elle ne peut que décevoir le lecteur qui, plutôt que d’avoir droit à une histoire sur le Christ, se coltine ce fade et inutile Tom Mix, un des protagonistes les moins intéressants du cycle…
- Le récit principal est assez bon dans l’ensemble, malheureusement, certains passages sont un peu longuets et cassent le rythme d’une intrigue où l’action brille particulièrement par son peu de présence.
- Le Deus ex Machina final est un peu ridicule quand on y pense. Solution de facilité de la part de Farmer qui laisse un certain gout amer dans la bouche.
- Comme je l’avais déjà souligné lors de mes critiques précédentes, cette œuvre accuse un peu son âge, ce en raison d’un style d’écriture un peu vieillot et d’une simplicité qui n’est plus de mise de nos jours…

Ma note : 7/10

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