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samedi 6 novembre 2021

Servitude – Le Chant d'Anorœr


Servitude – Le Chant d'Anorœr
 
Au royaume des fils de la terre, le chevalier Kiriel fait route vers la capitale pour y être marié à Lérine, la fille du roi Garantiel d’Anorœr. Sur le chemin, il passe prendre son ami vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin de la cérémonie. Cette alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang noble. Mais le roi, qui a toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée qui ne s’est que trop perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs Tarquain, le propre frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de leur père, car il est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille royale accueillant avec des sentiments mitigés ce roturier dans leur généalogie, se trouve une déléguée du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir en personne. Outre ce mariage controversé, un vent de renversement souffle sur le royaume. Les vieilles querelles semblent refaire surface et des mercenaires sont mystérieusement recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion entière est décimée à proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à Kiriel de lui servir d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…
 

Servitude – Le Chant d'Anorœr
Scénario : Fabrice David
Dessins : Eric Bourgier
Couleurs : Eric Bourgier
Couverture : Eric Bourgier
Editeur : Soleil
Genre : Heroic Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 mai 2006
Nombre de pages : 60
 
Mon avis :
 Ce fut par le plus grand des hasards (mais celui-ci ne fait décidément pas bien les choses ?) que j’ai découvert Servitude, il y a cela bien des années, en lisant un numéro du magazine Zoo, et, immédiatement, j’eu comme un coup de cœur, celui-ci ayant été confirmé par la lecture de ce premier volume de la saga. Ainsi, alors que je m’étais enfin procurer le sixième et dernier tome de Servitude, je me suis dit que l’occasion était trop belle pour me replonger dans la série, histoire de me raviver la mémoire, mais aussi, accessoirement, de vous proposer les critiques de l’intégralité de la saga. Mais commençons par le commencement et donc, ce Chant d’Anorœr... Déjà, la couverture : à la fois sobre car pas vraiment tape a l’œil mais franchement belle avec ses tons sépias, l’on y découvre le protagoniste principal du récit, le maitre d’armes Kiriel. Et là, tout de suite, on se dit : « bigre, ce dessinateur a un talent fou pour les détails ! ». L’on tourne les pages, on découvre un long poème qui résume le passé de ce monde imaginaire puis la carte, comme il se doit, de celui-ci, mais aussi, toujours ce ton de couleur particulier qui d’ailleurs, sera présent de la première a la dernière page de cet album : car oui, le lecteur se doit d’être prévenu, dans Servitude, il ne faut pas s’attendre à des explosions de couleurs en tous sens puisque l’on en aura que trois : blanc, noir et marron, enfin, tout un tas de marrons, clairs, foncés etc. Bref, une ambiance sépia qui peut déconcerter de prime abord mais qui va à merveille dans le cas présent. Et comme en plus, personnellement, j’adore le sépia, vous imaginez bien à quel point une telle prise de risque (car s’en est une) pouvait me plaire. Ajoutez à cela des dessins tout bonnement excellents (je ne connaissais pas Eric Bourgier mais le bougre est franchement bon), que ce soit par les détails des décors (villes, paysages, architecture cyclopéenne) et des diverses tenues des nombreux protagonistes, je ne déplorerai qu’un seul petit bémol : le fait que bien souvent, l’on ait du mal à reconnaître qui est qui, la faute à une trop grande ressemblance des visages. Mais hormis ce détail – je le reconnais, gênant – pour le reste, il n’y a rien à dire, c’est du grand art. Mais le nerf de la guerre, ne l’oublions pas, plus encore que les dessins, c’est la qualité scénaristique d’une œuvre, et la, quand on s’attaque à un énième récit de Fantasy, l’on peut, a raisons, éprouver quelques craintes parfois compréhensibles. Bien heureusement, il n’en est rien, au contraire même ! Certes, dans ce premier tome de Servitude, l’auteur, Fabrice David, met tranquillement – mais surement car l’on ne s’ennuie pas une seconde – en place son univers, le passé de celui-ci, les forces en présence et nous présente, bien entendu, les protagonistes qui nous accompagnerons dans ce cycle. Mais immédiatement, toutes les craintes que l’on pouvait avoir quant au risque de se retrouver, pour la énième fois, devant un vulgaire copié/collé du Seigneur des Anneaux comme la production de masse grand public de Fantasy a l’habitude de nous abreuver, toutes ces craintes donc, s’envolent aussitôt : ici, et c’est tant mieux, pas de nains et d’elfes (merci, oh merci !), du moins, pour le moment, mais des hommes dans un monde où d’autres créatures ont pu exister, certes, dans le passé, mais qui, désormais, ont, soit disparu – les géants – soit sont en sommeil – les dragons – et du coup, plutôt que de se taper pour la millième fois un truc avec des orcs, des elfes et des magiciens au chapeau pointu, Fabrice David nous propose un magnifique monde entré en décadence depuis longtemps, où subsiste encore quelques traces d’un passé bien plus glorieux, mais où l’homme (qu’il soit du commun ou descendant des géants) est la figure intelligente principal de celui-ci. Certes, on a compris qu’il y a encore des dragons et l’on se demande même qui peut être ces fameux anges dont on aperçoit, dans une case, l’un de leurs vaisseaux volants, mais pour le moment, tenons-nous aux hommes ; hommes et femmes dont les comportements – trahison, ambition, un certain racisme envers les classes inférieures, inceste caractérisé et assumé (rare en Fantasy) – nous donnent au final une œuvre adulte, assez éloignée des canons de la Fantasy de supermarché, ce qui, selon moi, n’en est pas plus mal. Bref, vous l’avez compris, j’ai été conquis par Le Chant d’Anorœr, premier volume de Servitude, que dis-je, j’ai même été emballé par celui-ci, mais le meilleur, une fois cela dit, c’est que la suite est du même niveau !
 

Points Positifs
 :
- De la Fantasy adulte pour un publique adulte : c’est suffisamment rare pour ne pas le signaler et le mettre en avant. Complots, inceste, ambitions humaines, voilà ce qui prime dans ce premier volume ou le fantastique est quasiment absent pour le moment.
- Qui dit Fantasy adulte dit forcément protagonistes plus complexes qu’en temps normal et même si pour le moment, les auteurs nous les présentent, il y a de quoi commencer à se faire quelques idées sur ceux-ci.
- Graphiquement, c’est une pure merveille : Eric Bourgier maitrise le crayon d’une main de maitre et nous livre une prestation exceptionnelle, que ce soit au niveau des décors, souvent magnifiques, que des personnages.
- Le ton sépia de l’ensemble : de prime abord, ce choix artistique peut dérouter, pourtant, il s’avère être un coup de génie et est un plus indéniable a l’ensemble.
- Un poème au début pour présenter l’univers, une carte pour que l’on s’y retrouve ; rien à dire, c’est parfait !

Points Négatifs :
- Eric Bourgier dessine merveilleusement bien, je ne le nie pas, mais par moments, il est difficile de reconnaitre certains protagonistes au look un peu trop semblable.
- Quelques personnages un peu trop stéréotypés, ou alors, je suis trop vieux et je commence à trouver que tout le monde se ressemble ?!
- Même si les auteurs jurent le contraire, ils sont singulier les quelques points communs avec Le Trône de Fer, mais bon, laissons le bénéfice du doute…

Ma note : 8,5/10

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