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mercredi 5 janvier 2022

La Brigade Chimérique – Tome 6


La Brigade Chimérique – Tome 6
 
Ils sont nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des armes à rayons X. Ils ont pris le contrôle des grandes capitales européennes. Par-delà le bien et le mal. Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, au centre du vieux continent, une menace se profile, qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de leur existence. George Spad a retrouvé Tola mais est aux prises avec l'homme élastique. L'armée des crânes intervient, tue l'homme élastique et s'empare de George et de la jeune femme. Pendant ce temps, La Brigade tente d'atteindre le QG du Docteur Mabuse.
 

La Brigade Chimérique – Tome 6
Scénario : Serge Lehman, Fabrice Colin
Dessins : Gess
Encrage : Gess
Couleurs : Céline Bessonneau
Couverture : Gess
Genre : Super-Héros
Editeur : Atalante
Titre en vo : La Brigade Chimérique – Tome 6
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 25 mars 2010
Editeur français : Atalante
Date de parution : 25 octobre 2010
Nombre de pages : 52
 
Liste des épisodes
Episode 10 – La Tête arrive
Epilogue – Le Grand Nocturne
 
Mon avis :
 Enfin, voilà venu le fameux dernier tome de La Brigade Chimérique, celui qui, de part sa conclusion a surement dut décevoir, pour ne pas dire désappointer bon nombre de lecteurs jusque là acquis à la cause de cette série et qui, sans aucun doute, attendaient autre chose de ce final a la fois surprenant – pour ce qui est du dixième épisode en particulier – et surtout pour cet épilogue étonnant qui en aura dérouter plus d’un de part son jusqu’auboutisme. Pourtant, que l’on ne s’y trompe pas : une fois passé le choc initial de la chose, il est indéniable que cette fin, qu’elle plaise ou non, est la meilleur possible et qu’elle représente parfaitement l’idée initiale des auteurs. De plus, elle s’inscrit parfaitement dans la logique entière de la série depuis ses débuts. Serge Lehman et Fabrice Colin souhaitaient, par le biais de cette série, nous expliquer pourquoi l’Europe ne possédait plus de super-héros tandis qu’outre-Atlantique, ceux-ci étaient légions, et, sur ce point, inutile d’attendre la conclusion pour vous dire qu’ils ont parfaitement réussis leur but. Certes, cela peut dérouter de prime abord, pourtant, cette explication est tout simplement si parfaite, si logique, que oui, mille fois oui, La Brigade Chimérique ne pouvait aucunement s’achever d’une autre manière. Et là, ce pose un problème majeur selon moi pour l’écriture et la compréhension de cette critique : je suis obliger, chose que je ne fais quasiment jamais, de dévoiler une bonne partie de l’intrigue de ce sixième tome. J’ai beau eu essayé de faire outre, de taire ce final et de me contenter de quelques considérations mais cela me paraissait impossible, ou, du moins, je n’ai pas la talent narratif pour le faire. Ainsi, a ceux qui liraient par hasard cet article et qui n’auraient pas encore lu ce dernier tome, je leurs conseille de ne pas aller plus loin et de revenir par la suite, quant aux autres, les connaisseurs, cela n’a, bien entendu, pas grande importance puisque nous sommes là, justement, entre connaisseurs. Désappointer ? Déçu ? Non, pas le moins du monde, disons plutôt perplexe, voir choqué par les deux derniers épisodes de La Brigade Chimérique. Personnellement, je ne pense pas que ceux-ci aient put laisser quelqu’un complètement indifférent, que cela soit parce que tous ceux qui s’attendaient a un ultime combat final entre l’ensemble des super héros européens en auront eu pour leur argent, de même, l’épilogue, tant dans sa construction que pour son coté narratif, et par ailleurs, assez désappointant de prime abord, risquera de laisser dubitatif, pour ne pas dire déçu bon nombre de lecteurs. Par ailleurs, j’aurais moi aussi quelque chose a redire sur celui-ci, je le trouve beaucoup trop court, mais bon, les auteurs ayant souhaité s’en tenir aux six tomes initiaux et promis a la base, il faudra faire avec ce que l’on a. Mais je vous disais plus haut que cette fin, donc, était non seulement la meilleure mais aussi la plus logique, par ailleurs, la seule possible. En effet, au vu de tout ce que l’on a put lire jusque là, au vu de tous les indices disséminés ici de là depuis le premier tome, au vu, ne l’oublions pas, élément plus que primordial, qu’en fait, les super héros, contrairement a ce que l’on pouvait penser jusque là, avaient bel et bien exister de part le passé sur le continent européen, sauf que, ce que j’appellerais l’inconscient collectif les a tout bonnement occultés, oui, forcement, cette fin est la seule possible. Certains pourront râler, trouver que les auteurs on été un peu trop loin dans leur idée, et pourtant, que pouvaient ils faire d’autre ? Comment expliquer autrement qu’un continent entier, que dis-je, le monde entier ait oublié un pan de son passé ? Mais avant d’arriver a cette conclusion, comment ne pas s’attarder un instant sur ce qui restera comme l’un des grands moments de la saga : le combat final entre la Brigade Chimérique et son équivalent allemand, le Gang M, celui-ci amputé par ailleurs d’un membre ? En toute sincérité, des affrontements entre individus dotés de super pouvoirs, cela fait près de trente ans que j’en ai vu et revu, mais franchement, il aura fallut une BD française, qui au demeurant, n’aura pas atteint des ventes extraordinaires si on compare aux véritables bestseller et qui est surtout connue par le biais d’un cercle, du coup forcement restreint, de passionnés, pour qu’enfin, je sois a la fois époustouflé par le combat en lui-même, et surpris par son issue et surtout, comment celle-ci est survenue, et pourtant, je suis ce que l’on appelle un vieux routard du comics super héroïque. Car que l’on ne se trompe pas, l’élément surprenant, ce n’est pas tant que la Brigade Chimérique perdre face au Gang M, ce qui, par ailleurs, est déjà rare en soit dans ce genre de récits, non, c’est la façon qui a amener leur défaite qui est tout simplement grandiose : intrinsèquement, ils sont supérieurs, et de loin et l’issue du combat ne fait aucun doute, seulement, uniquement par la force de la parole du Docteur Mabuse, par sa persuasion, par son discours, la Brigade se déchire, certains de ses éléments plus va-t-en-guerre se rebellent contre l’autorité du Soldat Inconnu, reconnu comme faible, nuisible, donc transformer en cafard, le tuent, et c’en est finie de la légendaire Brigade a la grande surprise du lecteur. Et là, il faut savoir regarder au-delà des apparences car la métaphore est tout simplement géniale : ce groupe de super héros apparemment invincible, c’est la France, les démocraties en gros, et en face, la parole de Mabuse, c’est la propagande nazie. Mais elle aurait put être communiste, car en fait, par le biais de ce combat, les auteurs ont souhaité nous montrer l’état des forces en présence a l’orée de la seconde guerre mondiale : face aux divers totalitarismes, les démocraties, dont le ver est dans le fruit depuis longtemps, ne peuvent lutter, s’affaiblissent, et s’effondrent. Que cela soit par le comportement du Nyctalope qui finis sur les rotules, en roue libre, se parlant a lui-même sur ses eternels regrets mais qui, a aucun moment, n’agit et qui représente bien l’ancienne France, elle qui était si forte, l’ancien rempart de 14-18 mais qui s’apprête a s’effondrer devant les forces allemandes, où la trahison de Sérum, par exemple, qui annonce quelque part la collaboration a venir, il est indéniable que La Brigade Chimérique n’est pas une simple bande dessinée, que ce combat final n’est pas un simple affrontement entre guignols costumés et que l’ensemble, des premières pages du prologue aux dernières de l’épilogue sont a regarder d’un jour nouveau. Et alors, pour ce qui est de l’épilogue, tandis que George Spad se retrouve déportée à Auschwitz, la fameuse tête de l’anti-être, au milieu de centaines de milliers de juifs, sa disparition annonce en fait, elle qui était feuilletoniste, bref, qui mettais en scène les aventures et les divers exploits des divers héros de la superscience, la fin de tout un monde… Sans écrivains pour narrer leurs aventures, ceux-ci vont bien évidement tomber entièrement dans l’oublie, comme ce fut le cas du Nyctalope qui au fil des tomes n’aura chercher, alors que le monde sombrait dans le chaos, que quelqu’un digne de lui écrire ses mémoires, bref, de le rendre, par ce fait, immortel, et qui aura finalement échoué, a son grand désespoir et ce, contrairement a des figures comme Holmes ou Fantomas. Mais cet oubli, définitif, n’est pas que la conséquence de la disparition des écrivains, élément important mais qui a lui seul n’aurait pas suffit : les super héros eux-mêmes quittent le vieux continent, suivant ainsi les traces du Passe Murailles dans le premier tome, pour rejoindre le nouveau monde et plus particulièrement les Etats-Unis, terre de prédilection, dès lors, du monde super-héroique et, par ailleurs, le personnage que l’on voit le plus lors de cet épilogue est Superman, enfin, Mr Steele, symbole absolu de ce que sera le genre pour les décennies a venir. Et tandis que les super héros partent, que leur plus ancien représentant, le fameux et célèbre Golem, dernière créature magique quitte aussi l’Europe, amenant avec lui ce qui reste de la superscience, entrainant de fait la fin de celle-ci dans nos vertes contrées, les auteurs, par le biais d’un clin d’œil comme les apparitions de Francis Blake et de Bob Morane, mais surtout par celle du Partisan, le héros sans pouvoirs, nous montrent le passage de témoin entre le surhomme et le héros humain, qui peuplera désormais littérature populaire et bande-dessinées européenne (sauf en Grande Bretagne histoire de nous rappeler les futures auteurs de comics d’outre manche). Et tandis que Mabuse et les autres membres du Gang M se refondent pour qu’Adolf Hitler puisse mener la guerre à venir qui sera, sans superscience désormais disparue, conventionnelle, que le Docteur Severac disparaît dans les limbes sans possibilité apparemment de revenir et que George Spad s’en va mourir avec les déportés juifs, Steele amène le Golem et les super héros européens aux USA, autre passage de témoins, le continent américain devenant, maintenant que l’Europe ayant perdu, de part ses décennies a s’entredéchirer, quelque part, son droit a l’imaginaire, et, surtout, sa volonté de créer et de se reconnaître dans des héros, celui-ci étant désormais infréquentable car dévoyé par la thématique du surhomme et la théorie suprématiste de la race aryenne. Incontestablement, et même si plusieurs lectures de l’intégralité de l’œuvre me semble nécessaire pour mieux en apprécier toute la valeur intrinsèque, il est évidant que La Brigade Chimérique est probablement l’une des bande dessinées les plus importantes de ces dernières années. Et là, ce n’est pas que sa qualité en tant qu’œuvre, le superbe travail de ses auteurs, de ses artistes, non, j’irais même au delà, disons le tout net : cette BD s’avérait nécessaire. Tout d’abord, elle répond a une question que tout amateur de comics a put se poser un jour, quid des européens (si l’on excepte les anglais bien entendu) dans l’histoire des super héros ? Ensuite pour le formidable travail de recherche des auteurs qui ont ramené des limbes de l’oublie, tout un tas de personnages fascinants que notre histoire, notre inconscients collectif avait tout bonnement oublié, et pour finir, pour la simple et bonne raison que quelque part, La Brigade Chimérique n’est pas une fin en soi, c’est une série qui pourrait nous réconcilier avec un genre qui n’a pas à être cloisonner outre atlantique. La boucle étant bouclée, l’individu européen en tant que tel est il prêt à assumer son antique passion pour le personnage super héroïque comme ce fut le cas tout au long de son histoire ? Certes, rien n’est moins sur et c’est très loin d’être gagner. Mais quoi qu’il en soit, La Brigade Chimérique nous a prouvé que ce n’est pas forcement impossible, comme nous le laisse supposer la dernière image de l’œuvre, cette fameuse chambre ardente perdue dans l’herbe, quelque part au beau milieu des montagnes autrichiennes. Un espoir tenu d’un retour de Severac ? L’avenir nous le dira…
 

Points Positifs
 :
- Une conclusion magistrale pour une œuvre qui l’est tout autant ! Il faut dire que si celle-ci surprend de prime abord, elle apparait comme étant complètement logique au vu du postulat de départ mais aussi du déroulement de l’intrigue au fil des volumes. Franchement, chapeau-bas aux deux auteurs pour avoir sut répondre a la grande question que les amateurs de comics se posaient depuis des lustres : mais pourquoi n’y-a-t-il pas de super-héros européens ?
- Deux réponses a cette question : parce que la Brigade a perdu face a Mabuse et que les autres héros apparaissent bien faible face a ce dernier et a Nous Autres mais aussi, parce que d’un point de vu culturel, comment le culte du surhomme pouvait-il perdurer après que celui-ci fut perverti par l’idéologie nazie !?
- La défaite de la Brigade face à Mabuse et le Gang M. Surprenante mais tellement logique au final. Et puis, il y a la manière dont celle-ci a lieue, qui nous renvoi, bien entendu, à la faiblesse des démocraties face aux totalitarismes a l’époque.
- Le Nyctalope complètement paumé, la Brigade défaite par elle-même, les surhommes qui partent outre-Atlantique, les seuls héros restants étant des hommes sans pouvoirs – sauf en Grande-Bretagne – la puissance des diverses dictatures : tout cela n’est que la métaphore du monde réel, bien entendu.
- La représentation terrible mais juste de la Shoah : les juifs sont d’abord représentés comme étant des cafards car c’était ainsi que les considéraient les nazis.
- Les dessins de Gess qui possède certes un style particulier mais qui livre dans La Brigade Chimérique une prestation remarquable !
 
Points Négatifs :
- Je pense qu’un septième volume n’aurait pas été de trop, histoire que les auteurs aient put s’attarder un peu sur certains protagonistes et développé davantage leur univers.
- La tristesse de devoir faire nos adieux a cet univers, car même si des préquelles existent, ce ne sera pas pareil.
- Bien évidement, il y a toujours la problématique du format, beaucoup trop petit pour que les dessins de Gess soient mis en valeur.
- Comme je l’ai dit lors des critiques précédentes : si l’on ne possède pas un gros bagage cultuel et historique, alors, non seulement on passera à coté de la plupart des références mais en plus, on ne comprendra pas la profondeur scénaristique de cette œuvre.
 
Ma note : 9/10

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