La Brigade Chimérique – Tome 6
La
Brigade Chimérique – Tome 6
Ils
sont nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des
armes à rayons X. Ils ont pris le contrôle des grandes capitales européennes.
Par-delà le bien et le mal. Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les
scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, au centre du vieux
continent, une menace se profile, qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de
leur existence. George Spad a retrouvé Tola mais est aux prises avec l'homme
élastique. L'armée des crânes intervient, tue l'homme élastique et s'empare de
George et de la jeune femme. Pendant ce temps, La Brigade tente d'atteindre le
QG du Docteur Mabuse.
La Brigade
Chimérique – Tome 6
Scénario
: Serge Lehman, Fabrice Colin
Dessins
: Gess
Encrage : Gess
Couleurs : Céline
Bessonneau
Couverture : Gess
Genre : Super-Héros
Editeur : Atalante
Titre
en vo : La Brigade Chimérique – Tome 6
Pays
d’origine : France
Langue
d’origine : français
Parution
: 25
mars 2010
Editeur
français : Atalante
Date
de parution : 25 octobre 2010
Nombre
de pages : 52
Liste
des épisodes
Episode
10 – La Tête arrive
Epilogue
– Le Grand Nocturne
Mon
avis : Enfin, voilà venu le fameux
dernier tome de La
Brigade Chimérique, celui qui, de part sa conclusion a surement dut
décevoir, pour ne pas dire désappointer bon nombre de lecteurs jusque là acquis
à la cause de cette série et qui, sans aucun doute, attendaient autre chose de
ce final a la fois surprenant – pour ce qui est du dixième épisode en
particulier – et surtout pour cet épilogue étonnant qui en aura dérouter plus
d’un de part son jusqu’auboutisme. Pourtant, que l’on ne s’y trompe pas :
une fois passé le choc initial de la chose, il est indéniable que cette fin,
qu’elle plaise ou non, est la meilleur possible et qu’elle représente
parfaitement l’idée initiale des auteurs. De plus, elle s’inscrit parfaitement
dans la logique entière de la série depuis ses débuts. Serge Lehman et Fabrice
Colin souhaitaient, par le biais de cette série, nous expliquer pourquoi
l’Europe ne possédait plus de super-héros tandis qu’outre-Atlantique, ceux-ci
étaient légions, et, sur ce point, inutile d’attendre la conclusion pour vous
dire qu’ils ont parfaitement réussis leur but. Certes, cela peut dérouter de
prime abord, pourtant, cette explication est tout simplement si parfaite, si logique,
que oui, mille fois oui, La Brigade Chimérique ne pouvait
aucunement s’achever d’une autre manière. Et là, ce pose un problème majeur
selon moi pour l’écriture et la compréhension de cette critique : je suis
obliger, chose que je ne fais quasiment jamais, de dévoiler une bonne partie de
l’intrigue de ce sixième tome. J’ai beau eu essayé de faire outre, de taire ce
final et de me contenter de quelques considérations mais cela me paraissait
impossible, ou, du moins, je n’ai pas la talent narratif pour le faire. Ainsi,
a ceux qui liraient par hasard cet article et qui n’auraient pas encore lu ce
dernier tome, je leurs conseille de ne pas aller plus loin et de revenir par la
suite, quant aux autres, les connaisseurs, cela n’a, bien entendu, pas grande importance
puisque nous sommes là, justement, entre connaisseurs. Désappointer ? Déçu ?
Non, pas le moins du monde, disons plutôt perplexe, voir choqué par les deux
derniers épisodes de La Brigade Chimérique. Personnellement, je ne
pense pas que ceux-ci aient put laisser quelqu’un complètement indifférent, que
cela soit parce que tous ceux qui s’attendaient a un ultime combat final entre
l’ensemble des super héros européens en auront eu pour leur argent, de même,
l’épilogue, tant dans sa construction que pour son coté narratif, et par
ailleurs, assez désappointant de prime abord, risquera de laisser dubitatif,
pour ne pas dire déçu bon nombre de lecteurs. Par ailleurs, j’aurais moi aussi
quelque chose a redire sur celui-ci, je le trouve beaucoup trop court, mais
bon, les auteurs ayant souhaité s’en tenir aux six tomes initiaux et promis a
la base, il faudra faire avec ce que l’on a. Mais je vous disais plus haut que
cette fin, donc, était non seulement la meilleure mais aussi la plus logique,
par ailleurs, la seule possible. En effet, au vu de tout ce que l’on a put lire
jusque là, au vu de tous les indices disséminés ici de là depuis le premier
tome, au vu, ne l’oublions pas, élément plus que primordial, qu’en fait, les
super héros, contrairement a ce que l’on pouvait penser jusque là, avaient bel
et bien exister de part le passé sur le continent européen, sauf que, ce que
j’appellerais l’inconscient collectif les a tout bonnement occultés, oui,
forcement, cette fin est la seule possible. Certains pourront râler, trouver
que les auteurs on été un peu trop loin dans leur idée, et pourtant, que
pouvaient ils faire d’autre ? Comment expliquer autrement qu’un continent
entier, que dis-je, le monde entier ait oublié un pan de son passé ? Mais avant
d’arriver a cette conclusion, comment ne pas s’attarder un instant sur ce qui
restera comme l’un des grands moments de la saga : le combat final entre la
Brigade Chimérique et son équivalent allemand, le Gang M, celui-ci amputé par
ailleurs d’un membre ? En toute sincérité, des affrontements entre individus
dotés de super pouvoirs, cela fait près de trente ans que j’en ai vu et revu,
mais franchement, il aura fallut une BD française, qui au demeurant, n’aura pas
atteint des ventes extraordinaires si on compare aux véritables bestseller et
qui est surtout connue par le biais d’un cercle, du coup forcement restreint,
de passionnés, pour qu’enfin, je sois a la fois époustouflé par le combat en
lui-même, et surpris par son issue et surtout, comment celle-ci est survenue,
et pourtant, je suis ce que l’on appelle un vieux routard du comics super
héroïque. Car que l’on ne se trompe pas, l’élément surprenant, ce n’est pas
tant que la Brigade Chimérique perdre face au Gang M, ce qui, par ailleurs, est
déjà rare en soit dans ce genre de récits, non, c’est la façon qui a amener
leur défaite qui est tout simplement grandiose : intrinsèquement, ils sont
supérieurs, et de loin et l’issue du combat ne fait aucun doute, seulement,
uniquement par la force de la parole du Docteur Mabuse, par sa persuasion, par
son discours, la Brigade se déchire, certains de ses éléments plus
va-t-en-guerre se rebellent contre l’autorité du Soldat Inconnu, reconnu comme
faible, nuisible, donc transformer en cafard, le tuent, et c’en est finie de la
légendaire Brigade a la grande surprise du lecteur. Et là, il faut savoir
regarder au-delà des apparences car la métaphore est tout simplement géniale :
ce groupe de super héros apparemment invincible, c’est la France, les
démocraties en gros, et en face, la parole de Mabuse, c’est la propagande
nazie. Mais elle aurait put être communiste, car en fait, par le biais de ce
combat, les auteurs ont souhaité nous montrer l’état des forces en présence a
l’orée de la seconde guerre mondiale : face aux divers totalitarismes, les démocraties,
dont le ver est dans le fruit depuis longtemps, ne peuvent lutter,
s’affaiblissent, et s’effondrent. Que cela soit par le comportement du
Nyctalope qui finis sur les rotules, en roue libre, se parlant a lui-même sur
ses eternels regrets mais qui, a aucun moment, n’agit et qui représente bien
l’ancienne France, elle qui était si forte, l’ancien rempart de 14-18 mais qui
s’apprête a s’effondrer devant les forces allemandes, où la trahison de Sérum,
par exemple, qui annonce quelque part la collaboration a venir, il est
indéniable que La Brigade Chimérique n’est pas une simple
bande dessinée, que ce combat final n’est pas un simple affrontement entre
guignols costumés et que l’ensemble, des premières pages du prologue aux
dernières de l’épilogue sont a regarder d’un jour nouveau. Et alors, pour ce
qui est de l’épilogue, tandis que George Spad se retrouve déportée à Auschwitz,
la fameuse tête de l’anti-être, au milieu de centaines de milliers de juifs, sa
disparition annonce en fait, elle qui était feuilletoniste, bref, qui mettais
en scène les aventures et les divers exploits des divers héros de la
superscience, la fin de tout un monde… Sans écrivains pour narrer leurs
aventures, ceux-ci vont bien évidement tomber entièrement dans l’oublie, comme
ce fut le cas du Nyctalope qui au fil des tomes n’aura chercher, alors que le
monde sombrait dans le chaos, que quelqu’un digne de lui écrire ses mémoires,
bref, de le rendre, par ce fait, immortel, et qui aura finalement échoué, a son
grand désespoir et ce, contrairement a des figures comme Holmes ou Fantomas.
Mais cet oubli, définitif, n’est pas que la conséquence de la disparition des
écrivains, élément important mais qui a lui seul n’aurait pas suffit : les
super héros eux-mêmes quittent le vieux continent, suivant ainsi les traces du
Passe Murailles dans le premier tome, pour rejoindre le nouveau monde et plus
particulièrement les Etats-Unis, terre de prédilection, dès lors, du monde
super-héroique et, par ailleurs, le personnage que l’on voit le plus lors de
cet épilogue est Superman, enfin, Mr Steele, symbole absolu de ce que sera le
genre pour les décennies a venir. Et tandis que les super héros partent, que
leur plus ancien représentant, le fameux et célèbre Golem, dernière créature
magique quitte aussi l’Europe, amenant avec lui ce qui reste de la
superscience, entrainant de fait la fin de celle-ci dans nos vertes contrées,
les auteurs, par le biais d’un clin d’œil comme les apparitions de Francis
Blake et de Bob Morane, mais surtout par celle du Partisan, le héros sans
pouvoirs, nous montrent le passage de témoin entre le surhomme et le héros
humain, qui peuplera désormais littérature populaire et bande-dessinées
européenne (sauf en Grande Bretagne histoire de nous rappeler les futures
auteurs de comics d’outre manche). Et tandis que Mabuse et les autres membres
du Gang M se refondent pour qu’Adolf Hitler puisse mener la guerre à venir qui
sera, sans superscience désormais disparue, conventionnelle, que le Docteur
Severac disparaît dans les limbes sans possibilité apparemment de revenir et
que George Spad s’en va mourir avec les déportés juifs, Steele amène le Golem
et les super héros européens aux USA, autre passage de témoins, le continent
américain devenant, maintenant que l’Europe ayant perdu, de part ses décennies
a s’entredéchirer, quelque part, son droit a l’imaginaire, et, surtout, sa
volonté de créer et de se reconnaître dans des héros, celui-ci étant désormais
infréquentable car dévoyé par la thématique du surhomme et la théorie
suprématiste de la race aryenne. Incontestablement, et même si plusieurs
lectures de l’intégralité de l’œuvre me semble nécessaire pour mieux en
apprécier toute la valeur intrinsèque, il est évidant que La Brigade
Chimérique est probablement l’une des bande dessinées les plus
importantes de ces dernières années. Et là, ce n’est pas que sa qualité en tant
qu’œuvre, le superbe travail de ses auteurs, de ses artistes, non, j’irais même
au delà, disons le tout net : cette BD s’avérait nécessaire. Tout d’abord, elle
répond a une question que tout amateur de comics a put se poser un jour, quid
des européens (si l’on excepte les anglais bien entendu) dans l’histoire des
super héros ? Ensuite pour le formidable travail de recherche des auteurs
qui ont ramené des limbes de l’oublie, tout un tas de personnages fascinants
que notre histoire, notre inconscients collectif avait tout bonnement oublié,
et pour finir, pour la simple et bonne raison que quelque part, La
Brigade Chimérique n’est pas une fin en soi, c’est une série qui
pourrait nous réconcilier avec un genre qui n’a pas à être cloisonner outre
atlantique. La boucle étant bouclée, l’individu européen en tant que tel est il
prêt à assumer son antique passion pour le personnage super héroïque comme ce
fut le cas tout au long de son histoire ? Certes, rien n’est moins sur et c’est
très loin d’être gagner. Mais quoi qu’il en soit, La Brigade Chimérique nous
a prouvé que ce n’est pas forcement impossible, comme nous le laisse supposer
la dernière image de l’œuvre, cette fameuse chambre ardente perdue dans
l’herbe, quelque part au beau milieu des montagnes autrichiennes. Un espoir
tenu d’un retour de Severac ? L’avenir nous le dira…
Points
Positifs :
- Une
conclusion magistrale pour une œuvre qui l’est tout autant ! Il faut dire
que si celle-ci surprend de prime abord, elle apparait comme étant complètement
logique au vu du postulat de départ mais aussi du déroulement de l’intrigue au
fil des volumes. Franchement, chapeau-bas aux deux auteurs pour avoir sut
répondre a la grande question que les amateurs de comics se posaient depuis des
lustres : mais pourquoi n’y-a-t-il pas de super-héros européens ?
-
Deux réponses a cette question : parce que la Brigade a perdu face a
Mabuse et que les autres héros apparaissent bien faible face a ce dernier et
a Nous Autres mais aussi, parce que d’un point de vu culturel,
comment le culte du surhomme pouvait-il perdurer après que celui-ci fut
perverti par l’idéologie nazie !?
-
La défaite de la Brigade face à Mabuse et le Gang M. Surprenante mais tellement
logique au final. Et puis, il y a la manière dont celle-ci a lieue, qui nous
renvoi, bien entendu, à la faiblesse des démocraties face aux totalitarismes a
l’époque.
-
Le Nyctalope complètement paumé, la Brigade défaite par elle-même, les
surhommes qui partent outre-Atlantique, les seuls héros restants étant des
hommes sans pouvoirs – sauf en Grande-Bretagne – la puissance des diverses
dictatures : tout cela n’est que la métaphore du monde réel, bien entendu.
-
La représentation terrible mais juste de la Shoah : les juifs sont d’abord
représentés comme étant des cafards car c’était ainsi que les considéraient les
nazis.
-
Les dessins de Gess qui possède certes un style particulier mais qui livre
dans La Brigade Chimérique une prestation remarquable !
Points
Négatifs :
-
Je pense qu’un septième volume n’aurait pas été de trop, histoire que les
auteurs aient put s’attarder un peu sur certains protagonistes et développé
davantage leur univers.
-
La tristesse de devoir faire nos adieux a cet univers, car même si des
préquelles existent, ce ne sera pas pareil.
-
Bien évidement, il y a toujours la problématique du format, beaucoup trop petit
pour que les dessins de Gess soient mis en valeur.
-
Comme je l’ai dit lors des critiques précédentes : si l’on ne possède pas
un gros bagage cultuel et historique, alors, non seulement on passera à coté de
la plupart des références mais en plus, on ne comprendra pas la profondeur
scénaristique de cette œuvre.
Ma
note : 9/10
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