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dimanche 12 juillet 2020

Superman – Red Son


Superman – Red Son
 
Les Etats-Unis sont en alerte : leur président Dwight D. Eisenhower vient de leur annoncer que les autorités russes ont dévoilé l’existence d’un étrange individu costumé aux pouvoirs hors du commun. Capable de voler et plus puissant que toutes les bombes à hydrogène réunies, l’homme, appelé Superman, est là pour servir Staline et ses ordres. Ne sachant que faire, le président souhaite que Lex Luthor, un scientifique de génie, trouve la faille de cette nouvelle menace. Sans solution rapide, la guerre froide pourrait clairement tourner en faveur des russes. Multipliant les sauvetages, Superman devient rapidement la nouvelle coqueluche du peuple russe. Mais celui-ci n’est pas un soldat, il est là pour faire régner la morale et la justice. Alors qu’un satellite s’apprête à chuter sur Metropolis, aux Etats-Unis, il intervient et sauve la ville du désastre. Staline a clairement compris que ce nouvel héros était un atout indéniable pour lui et son peuple. Il organise régulièrement des manifestations en son honneur. Lors d’une soirée avec les représentantes de Themyscira, Superman se fait une amie en la personne de Diana. L’omniprésence du surhomme commence quelque peu à exaspérer, et pas que dans le camp ennemi…
 

Superman – Red Son
Scénario : Mark Millar
Dessins : Dave Johnson, Kilian Plunkett
Encrage : Andrew Robinson, Walden Wong
Couleurs : Paul Mounts
Couverture : Dave Johnson
Genre : Super-héros, Uchronie
Editeur : DC
Titre en vo : Superman – Red Son
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 01 février 2004
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Urban Comics
Date de parution : 20 septembre 2013
Nombre de pages : 176
 
Liste des épisodes
Superman – Red Son 1-3
 
Mon avis :
 La toute première fois que j’avais entendu parler de cette uchronie qu’était Superman Red Son, j’avais été franchement enthousiaste : imaginez le postulat de départ, à la fois simple et prometteur, qui nous entrainait dans un monde où Superman, au lieu de débarquer bébé aux Etats-Unis serait tomber au beau milieu de l’Union Soviétique, finissant par devenir, par la force des choses, le champion absolu du communisme. Une excellente idée qui ne pouvait donner, selon moi, qu’un résultat a la hauteur de mes espérances… or, a la lecture de cette mini-série en trois parties, œuvre du décidément très prolifique Mark Millar, mon ressenti final tint davantage de la déception qu’autre chose, beaucoup de choses m’ayant alors gênées a l’époque. Les années, nombreuses, se sont écoulés et plus le temps passait, plus j’avais envie de retenter l’expérience, de redonner une seconde chance a ce Red Son, régulièrement cité, paradoxalement, comme l’une des meilleurs aventures du super-héros qui porte son slip par-dessus son pantalon de ces quinze dernières années : après tout, peut-être le verrais-je d’un autre œil ? Et si ce n’était pas le cas, eh ben ma foi, il aurait enfin droit a sa critique sur ce blog, ce qui était un minimum… Mais alors, cette seconde lecture m’aura-t-elle fait changer d’avis au sujet de Superman Red Son, car bon, après tout, c’est le principal ? Eh bien, disons que oui, mais pas totalement, mais je vais m’expliquer… Indéniablement, et cela, on ne peut pas l’enlever a Mark Millar, le postulat de départ, même si cela reste un gros What if, est vraiment bon : l’idée que Superman ait grandi en Union Soviétique, que sa pensée ait été modelée par un système aux antipodes du capitalisme américain et qu’il soit devenu le champion de l’URSS ne pouvait pas être mauvaise, bien au contraire. Ensuite, il y a la partie graphique et si je ne suis pas franchement fan de celle-ci, particulièrement des dessins de Killian Plunkett (oui, ce bougre de Johnson ne finit même pas le travail), ce n’est pas mauvais non plus, loin de là, et puis, il y a quelque chose qui rehausse de fort belle manière celle-ci, ce sont les postures du personnage, inspirées des affiches de propagande soviétiques, et qui, ma foi, sont tout simplement superbes. Un postulat de départ intéressant, quelques planches superbes, certes, mais ce n’est pas tout car dans Superman Red Son, il y a un scénario qui, lui aussi, démarre franchement bien : découvrant les fantastiques pouvoirs de ce super-homme soviétique, les USA prennent peur et tombent dans une paranoïa qui vont les pousser, au fil des décennies, a tout faire pour l’abattre, et ce, tandis que notre Sup, restant égal a lui-même, reste tout de même quelqu’un qui souhaite avant tout faire le bien, sauver des vies, améliorer le sort de son prochain… quoi que, petit a petit, a force de bonnes volontés, une certaine limite est franchie, ce qui amènera d’autres problèmes, comme vous pouvez l’imaginer. Bref, tout un tas de bonnes choses dans ce comics, mais alors, pourquoi ais-je toujours des réticences a son encontre ? Tout simplement parce que, malheureusement, malgré de bonnes idées, le scénario se limite trop rapidement a un affrontement entre Superman et Lex Luthor, malheureusement, le traitement des quelques personnages secondaires n’est pas a la hauteur et que la plupart des situations ou des relations ne sont pas développées, malheureusement, parce que ce fichu manichéisme américain fait que, au final, on en revient au fait que les méchants, cela reste les rouges et les gentils, bah, vous savez, les gus de l’Oncle Sam, même si ces derniers se sont comportés comme des salopards ! Alors, du coup, on se retrouve devant une œuvre qui divise, forcément, une œuvre possédant un potentiel non négligeable, une œuvre qui, par certains cotés, est une réussite – ne serais-ce que pour le look des protagonistes – mais qui, par son développement scénaristique rate le coche. Cela est fort dommageable, surtout qu’avec quelques modifications, Superman Red Son aurait put être bien plus aboutit, mais bon, malgré tout un tas de défauts qui lui nuisent grandement, cela reste un comics que tout fan de Superman se doit de lire au moins une fois dans sa vie, ne serais-ce que pour cette vision différente du personnage, qui, elle, vaut vraiment le détour !
 

Points Positifs
 :
- Le postulat de départ qui nous propose un univers parallèle où Superman, bébé, aurait débarqué en URSS et non aux Etats-Unis, ce qui l’amènera à devenir le champion du communisme, est, ma foi, plutôt excellente.
- Graphiquement, tout cela est très inspirer des affiches de propagande soviétiques, ce qui donne quelques planches franchement superbes ainsi que des poses iconiques du champion des travailleurs fort plaisantes.
- Même si Superman reste un personnage bon et qu’il ne souhaite faire qu’une chose, faire le bien autour de lui, la manière qu’il choisi ici est fort différente et, à force d’imposer sa paix – accessoirement, réellement efficace – il en devient une espèce de Big Brother omnipotent et immortel.
- Le look des protagonistes – Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern – tout simplement excellent.
- La mythologie de Superman est a l’honneur est on a droit a tout un tas de références, ce qui est agréable.
- Le final en forme de boucle temporelle est un sympathique clin d’œil qui modifie les origines de Superman, certes, mais qui n’en reste pas moins intéressant.
- Magnifique couverture de cette version française !
 
Points Négatifs :
- Trop rapidement, le scénario tombe dans un banal affrontement entre Superman et Lex Luthor.
- En dehors de Batman et Superman, et encore, la plupart des protagonistes ne sont pas développés, ce qui est dommage vu que l’on est censés avoir à faire a des versions différentes des héros que l’on connait.
- Il en est de même pour certaines situations, rapidement expédiées. Le souci, c’est que tous ces raccourcis scénaristiques nuisent grandement a l’ensemble – Superman Red Son aurait-il gagné à être un peu plus d’un long, d’un épisode ? Je le pense sincèrement.
- On finit malheureusement par tomber dans un manichéisme traditionnel vers la fin de l’histoire où les américains, malgré tous ce qu’ils ont fait, apparaissent comme les gentils, et les russes, bah, forcément, comme les méchants. A croire qu’outre-Atlantique, il ne peut avoir une autre vision du monde que la leur !?
- On ne peut pas vraiment dire que, coté dessins, cela soit la panacée, surtout avec Killian Plunkett – reste l’inspiration soviétique, efficace elle et qui sauve les meubles.
 
Ma note : 7,5/10

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