Stateless
Stateless
Sofie
ancienne hôtesse de l’air australienne, schizophrène et échappée d’une secte se
retrouve illégalement internée dans un centre pour demandeurs d’asile. Autour
d’elle : un surveillant attiré par le bon salaire du centre, qui découvre sa
réalité ; une nouvelle patronne, fonctionnaire dévouée mais débordée, et
décidée à donner du lieu une bonne image à tout prix ; et de nombreux réfugiés
dont un Afghan qui a fui son pays avec sa femme et ses enfants. Il attend comme
les autres que son cas soit examiné afin d’obtenir un visa…
Stateless
Réalisation
: Emma Freeman, Jocelyn Moorhouse
Scénario
: Elise McCredie, Belinda Chayko
Musique : Cornel
Wilczek
Production : Matchbox
Pictures, Dirty Films
Genre : Drame
Titre
en vo : Stateless
Pays
d’origine : Australie
Chaîne
d’origine : Netflix, ABC
Diffusion
d’origine : 01 mars 2020 – 05 avril 2020
Langue
d'origine : anglais, arabe, tamoul, afghan
Nombre
d’épisodes : 6 x 55 minutes
Casting :
Yvonne
Strahovski : Sofie Werner
Asher
Keddie : Claire Kowitz
Fayssal
Bazzi : Ameer
Marta
Dusseldorp : Margot
Dominic
West : Gordon
Cate
Blanchett : Pat
Jai
Courtney : Cam Sandford
Soraya
Heidari : Mina
Rachel
House : Harriet
Kate
Box : Janice
Clarence
Ryan : Sully
Claude
Jabbour : Farid
Rose
Riley : Sharee
Helana
Sawires : Rosna
Darren
Gilshenan : Brian Ashworth
Calvin
Mwita : Taifa Duale
Mon
avis : Indéniablement, Netflix a
le chic pour marquer les esprits avec des mini-séries pas franchement
attendues, mais qui génèrent un retentissement cinglant parmi les abonnés. Ainsi,
prenons le cas de Stateless, un drama inspiré d'une histoire vraie,
celle qui a secoué l'Australie toute entière, il y a 15 ans, lorsqu'on retrouva
une jeune Australienne souffrant de troubles mentaux, en train de croupir dans
un centre de rétention pour migrants, dans le sud du pays dont elle était une
citoyenne à part entière. Le scandale Cornelia Rau déclencha, à l’époque,
l'indignation du public et dans la foulée, une enquête du gouvernement sur un
système d'immigration pour le moins désastreux. Stateless reprend à son
compte ce fait divers pour raconter la crise migratoire à laquelle sont
confrontés tous les pays riches, à travers la vie de ce camp où se côtoient des
réfugiés d'Irak, d'Inde, d'Afghanistan, du Pakistan, du Sri Lanka... Un camp où
se retrouve enfermée Sofie, ancienne hôtesse de l'air en perdition, mal dans sa
peau, et passée par une sorte de secte du développement personnel. Cherchant à
fuir, encore et encore, le destin de Sofie se retrouve lié à celui de centaines
de réfugiés à la recherche d'un asile politique, de familles brisées par des
passeurs sans scrupule, et les gardes australiens de cette prison
bureaucratique, dépassés par une situation rendue explosive par une inertie
administrative coupable. Le sujet est fort, complexe, et Stateless ne
le traite pas par le petit bout de la lorgnette. Cate Blanchett, qui a co-créé
la série, a le mérite de prendre une photographie la plus large possible du
problème, en évitant soigneusement la simplification manichéenne. La série ne
joue pas la carte de la tragédie misérabiliste, ce qui est une bonne chose,
mais tente plutôt de décrire une réalité cruelle, alors que le sentiment
anti-migrant a pris une vaste ampleur dans nos sociétés occidentales. Stateless pointe
du doigt les loupés d'un système australien qui n'a pas su faire face. Loin de
l'exposer froidement, elle le fait avec une humanité qui nous touche en plein
cœur. Ainsi, l'histoire d'Ameer, cet Afghan passé par l'enfer pour mettre sa
famille à l’abri, est sans aucun doute la plus émouvante de toutes. Mais on est
tout aussi touché par la sensibilité de Cameron, ce gardien de camp qui essaye
de faire ce qu'il peut, comme il peut. D'une manière générale, Stateless n'est
pas une série facile. Elle est souvent douloureuse à suivre. Mais elle n'est
jamais larmoyante et les performances toutes en nuance du fabuleux casting
aident largement à encaisser le choc. Yvonne Strahovski, déjà excellente
dans The Handmaid's Tale – une série dont il faudra que je vous
parle à l’occasion – confirme tout le bien qu'on pense d'elle. Et puis la
réalisation cinématographique réussit à capter la beauté de cette lumière du
désert du sud de l'Australie. Un décor à couper le souffle, pour une série qui,
j’en suis persuader, ne vous laissera pas indifférent…
Points
Positifs :
-
Magnifique série que ce Stateless qui, sans jamais tomber dans
le misérabilisme ou le manichéisme, réussit à nous émouvoir quant au sort des
migrants, enfermés dans des camps de rétentions en Australie, mais qui nous
montre également les difficultés des hommes et des femmes qui y travaillent,
ce, sans oublier de pointer du doigt les ratés d’une administration
complètement dépassée. Une magnifique surprise que cette série
australienne !
-
Un casting que l’on peut qualifier, sans peine, de cinq étoiles. Ainsi, Asher
Keddie, Jai Courtney et Fayssal Bazzi sont excellents, Cate Blanchett,
délicieusement antipathique, Dominic West égal à lui-même, est détestable,
cependant, bien entendu, c’est Yvonne Strahovski qui marque le plus les esprits
et nous livre une fort belle performance.
-
Le personnage interprété par Jai Courtney – le gardien de prison – est, de mon
point de vu, un des plus intéressants puisque, par lui, on voit comment un type
sympathique finit par perdre les pédales en travaillant dans un lieu aussi dur
où ne règnent que le désespoir et la brutalité.
-
Comment regarder Stateless et ne pas prendre fait et cause
pour ces migrants que l’on nous montre à l’écran ? Oui, voilà une série
qui nous amène à réfléchir…
Points
Négatifs :
-
Dommage que la fin n’ait pas été davantage développée et que l’on ne sache pas
ce qui est arrivé a la plupart des protagonistes. De même, quid, donc, du sort
de Cate Blanchett et de Dominic West ? Il semblerait bien qu’il y avait
une enquête à leur sujet, mais on n’en saura pas davantage…
-
Certains, plus habitués a davantage d’action, risquent de s’ennuyer ferme
devant Stateless, une série nettement plus psychologique que la
moyenne. Mais bon, cela reste une affaire de gouts.
Ma
note : 8/10
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