Le Nom de la Rose
Le
Nom de la Rose
En
1327, alors que la chrétienté est divisée entre l'autorité du pape Jean XXII et
celle de l'Empereur Louis IV du Saint-Empire, l'ex-inquisiteur Guillaume de
Baskerville se rend dans une abbaye bénédictine, située entre la Provence et la
Ligurie, accompagné par son novice Adso qui est le narrateur de l'intrigue.
Dans un climat de conflit théologique entre les franciscains et l'autorité
pontificale au sujet de la pauvreté du Christ – servant avant tout de façade au
conflit politique entre le pape et l'empereur – l'ancien inquisiteur doit
reprendre sa charge à la demande de l'abbé, à la suite de la mort suspecte d'un
des moines. Rapidement, ce que beaucoup semblaient considérer comme un suicide
prend des allures de plus en plus inquiétantes. Lorsque l'inquisiteur
dominicain Bernardo Gui se rend à l'abbaye à la demande du pape, et commence à
se mêler à l'enquête, cela est loin d'arranger les choses. Le Nom de la
rose est une histoire en sept chapitres, chiffre symbolique qui
représente le nombre de jours et d'étapes de l'enquête ainsi que le nombre
approximatif de morts. L'histoire est bornée par le récit de la découverte du
manuscrit que l'auteur prétend traduire, et par les conclusions du narrateur
devenu vieillard.
Le Nom de la Rose
Auteur
: Umberto
Eco
Type
d'ouvrage : Historique
Première
Parution : 20 avril 1980
Edition
Française : 13 mai 2002
Titre en
vo : Il
nome della rosa
Pays
d’origine : Italie
Langue
d’origine : Italien
Traduction : Jean-Noël
Schifano
Editeur : Le
Livre de Poche
Nombre
de pages : 640
Mon
avis : Il n’est décidément pas facile de
lire un livre après avoir vu son adaptation à l’écran car, forcément, on ne
peut s’empêcher de faire des comparaisons. Certes, le contraire est valable
également, cependant, avec un film, on sait par avance que ça sera plus simple,
que bon nombre d’éléments seront abandonnées et que le mot d’ordre principal
sera « raccourcis, raccourcis et… raccourcis ! ».
Mais quand on passe d’une adaptation cinématographique au roman dont celle-ci
est originaire, et qu’en plus, le film est excellent et le livre, lui, encore
meilleure, force est d’admettre que c’est une toute autre paire de manches.
Mais bon, je savais à l’avance qu’elles montagne je m’apprêtais à escalader,
qu’elles difficultés allaient m’attendre et que, forcément, j’allais en baver.
Mais à ce point, franchement, non. Heureusement, le résultat final fut à la
hauteur de mes espérances et sur ce point, inutile de le cacher plus loin,
oui, Le Nom de la Rose, le roman, est un véritable chef d’œuvre !
Mais que ce fut dur ! Pour être tout à fait franc, je n’ai jamais, au
cours de ma vie, lu une œuvre aussi complexe si je mets de côté Les Frères
Karamazov de Fiodor Dostoïevski, que, pour la petite histoire, j’avais
abandonné en court de route. Car oui, Umberto Eco n’y est pas allé de main
morte dans Le Nom de la Rose : ceux qui ont vu le film et qui
ne se doutaient pas à quel point le roman pouvait être aussi ardu ont dû
ressentir un sacré choc dès les premières pages, et d’ailleurs, je ne m’en
cache pas, ce fut mon cas. Car ici, que l’on ne s’y trompe pas : tout est
complexe ! Que ce soit le style de l’auteur, assez lourd parfois et qui
n’hésite pas à s’attarder sur je ne sais combien de pages sur mains sujets
annexes (quoi que, finalement, tout a son importance) ou bien ces dialogues qui
n’en finissent jamais, et là aussi, toujours sur des sujets parfois éloignés de
l’intrigue principale – l’enquête sur les meurtres dans l’abbaye – et qui,
pourtant, n’en sont pas moins nécessaires pour que le lecteur comprenne la
toile de fond de l’histoire mais aussi et surtout, le parti pris d’avoir
parsemer le livre de phrases en latin, et non traduites, peut indéniablement en
rebuter plus d’un. D’ailleurs, un petit mot, justement, sur ce latin utiliser à
chaque page du roman, que ce soit par de simples phrases voir même sur des
paragraphes : qu’aurait dut faire Umberto Eco ? Le traduire ?
Personnellement, et au risque d’alourdir encore plus le texte, je pense que oui
– du genre, la phrase en latin puis sa traduction entre parenthèses – car du
coup, la majeure partie des lecteurs du Nom de la Rose, qui ne
comprennent rien au latin, se trouvent privés d’une bonne partie des dialogues,
chose que je trouve hautement dommageable, bien entendu et qui a dut en faire
abandonner plus d’un, s’en suis sûr. Mais si l’utilisation du latin était
nécessaire pour le coté immersion dans l’histoire et si sa non traduction est,
selon moi, un point faible de cette œuvre, force est d’admettre qu’il s’agit du
seul. Car pour le reste, tout le reste, Le Nom de la Rose est
un pur chef d’œuvre, comme je m’y attendais. Je ne reviendrais pas sur
l’histoire, connu de tous, que ce soit par le biais du roman ou du film, tout
au plus, et comme il fallait s’y attendre, je me contenterais de vous dire que
celle-ci est bien plus complexe. En effet, si dans le film, le choix
spectaculaire de l’enquête était poussé à son paroxysme – ce qui n’avait pas
empêcher pas mal de gens d’affirmer qu’il ne se passait rien, honte sur eux –
dans le roman, place est donnée aux dialogues, aux descriptions, aux
questionnement intérieurs du narrateur, le jeune Adso, mais aussi, comme je
vous l’ai dit précédemment, ici, l’on s’attarde sur l’histoire politique de
l’époque, la rivalité entre le Pape et l’Empereur, pour le pouvoir, bien
évidemment, mais opposition également entre les tenants d’une Eglise pauvre et
partisans d’une Eglise riche, et si l’on ajoute à cela en toile de fond les diverses
hérésies, l’inquisition – mais aussi les diverses façons de chercher la vérité
ou un coupable, ce qui n’est pas la même chose – la place du rire dans le
monde, celle des lettrés – les gens d’Église – des princes et des autres – bah,
tout le reste – ainsi que le rôle d’une bibliothèque, de la transmission du
savoir et du danger, aux yeux de certains, que celui-ci pourrait représenter si
celui-ci tombait dans les mains des gens « vulgaires » –
le peuple – au final, bien plus qu’une simple enquête policière au Moyen-âge,
le lecteur se retrouve avec un époustouflant récit qui le pousse très loin dans
ses retranchements et bien plus complexe qu’il ne se serait douter. Surtout
après le film… Ainsi donc, dans un genre complètement différent que son
adaptation cinématographique, pourtant excellente – alors que, dans les grandes
lignes, c’est la même histoire – Le Nom de la Rose, véritable chef
d’œuvre de la littérature de la fin du vingtième siècle comblera d’aise le
lecteur qui aura su s’accrocher pour venir à bout d’un tel monument de
complexité. Hélas, reste le problème de la non compréhension pour la plupart
des lecteurs du latin qui gâche un peu forcement l’ensemble, sans cela – ou bien,
si je comprenais le latin – je pense que j’aurais considéré ce roman comme l’un
des tous meilleurs qu’il m’ait été donné de lire. Mais bon, malgré ce défaut, j’ai
pris, malgré un début difficile, a tant de plaisir lors de la lecture du Nom
de la Rose que je ne peux que, moi aussi, désormais, porter aux nues
ce chef d’œuvre. Et pour finir, et tout en restant sur, justement, la
complexité de cet ouvrage, Umberto Eco a annoncé il y a quelques mois qu’il
souhaiterait réécrire Le Nom de la Rose sous un style plus
simple, plus adapter à la génération actuelle. Si c’était uniquement pour
traduite les fameuses phrases en latin, pourquoi pas, mais comme il parait que
c’est tout le texte qui va y avoir droit, et donc, les discussions théologiques
qui passeront à la casserole, on peut se demander si Umberto Eco ne prend pas
les jeunes pour des… hum, comment dire… oui, le mot en trois lettres, vous
voyez ce que je veux dire n’est-ce pas !? Remarquez, quand je lis
certaines critiques de cette œuvre par certains « jeunes »,
je pense que le mot con est parfaitement adapté à la situation !
Points
Positifs :
-
Un ouvrage magistral, un véritable chef d’œuvre comme on en voit que bien trop
rarement et, sans aucun doute, un des romans les plus importants de la fin du
vingtième siècle. Bref, un ouvrage que tout amateur de lecture se doit de
posséder dans sa bibliothèque et, bien entendu, de lire.
-
L’intrigue, a priori, est assez simple – une enquête policière au sein d’une abbaye
en plein cœur du Moyen-âge – cependant, entre l’originalité des lieux, les
nombreuses thématiques abordées tout au long de l’histoire et la toile de fond
historique, Le Nom de la Rose ne peut
qu’éblouir les amateurs du genre.
-
Une flopée de protagonistes hauts en couleurs avec, bien entendu, en tête d’affiche,
l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, enquêteur oh combien charismatique.
-
Bien évidement, Le Nom de la Rose est
une œuvre qui n’est pas évidente, cependant, malgré la difficulté de la chose,
force est de constater que ce roman mérite que l’on s’y accroche tant il s’avère
excellent.
-
La révélation finale, sur le pourquoi du comment au sujet de tous ces meurtres
est, ma foi, innatendu mais géniale.
-
Les lecteurs qui maitrisent le latin peuvent, sans problème, augmenter ma note
finale.
Points
Négatifs :
- Quel
dommage que Umberto Eco n’ai pas proposé la traduction des très nombreux
passages en latin car, du coup, en dehors des quelques lecteurs qui maitrisent
la langue, les autres, autrement plus nombreux, passeront à coté de toute une
partie du texte.
-
Il faut reconnaitre que Le Nom de la Rose
est une œuvre complexe et absolument pas grand public. Bref, il faut s’accrocher
pour en venir à bout.
Ma
note : 9/10
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