Doomsday
Clock
Il
y a trente ans, sur une Terre où le cours de l'Histoire a évolué de manière
bien différente, un justicier milliardaire nommé Ozymandias a tenté de sauver
l'humanité d'une guerre nucléaire imminente en concevant une machination
effroyable... et réussit. Mais, ses plans ayant été révélés, ce dernier dut
prendre la fuite et tente à présent de retrouver le seul être capable de
restaurer un équilibre sur sa planète : le Dr Manhattan, surhomme omnipotent.
Un seul problème s'offre à lui : le Dr Manhattan a quitté sa dimension pour
visiter celle de la Ligue de Justice et interférer avec le cours des
événements, manipulant à leur insu les héros de cet univers. Mais pour
Ozymandias, ce défi n'est qu'un obstacle de plus dans sa quête d'une paix
éternelle pour son monde et ses habitants : résolu, il décide de franchir la
barrière entre les dimensions quitte à y affronter ces métahumains.
Doomsday Clock
Scénario : Geoff Johns
Dessins
: Gary Frank
Encrage : Gary Frank
Couleurs : Brad Anderson
Couverture : Gary Frank
Genre : Super-Héros
Editeur
: DC
Titre en vo
: Doomsday Clock
Pays
d’origine : Etats-Unis
Parution
: 22
novembre 2017 – 18 décembre 2019
Langue
d’origine : anglais
Editeur
français : Urban Comics
Date
de parution : 23 octobre 2020
Nombre
de pages : 448
Liste des épisodes
Doomsday
Clock 1-12
Mon
avis : Si Watchmen,
œuvre du génialissime Alan Moore pour le scénario et de Dave Gibbons pour les
dessins fut, indéniablement, un des plus grands si ce n’est le plus grand
comics de tous les temps, force est de constater que, depuis quelques années,
cette œuvre culte aura été au cœur de bien des polémiques, que cela soit par le
biais du toujours ombrageux Moore qui estime que sa création se suffit à
elle-même et qu’aucune adaptation ou suite n’était nécessaire, mais aussi, bien
entendu, par les nombreux fans de la première heure qui ne se sont pas laissés
abusés par le coté pécunnier de la chose. Pourtant, au sein de ces derniers, il
existe deux catégories : les jusqu’au bouliste et les autres, dont je fais
parti qui se sont pas dupes quand a la volonté de DC de se
faire de l’argent facile sur le dos de l’œuvre originale mais qui n’en
considèrent pas moins que, à chaque fois que celle-ci a eu droit a une
adaptation ou une suite, eh bien, qualitativement, c’était plutôt pas
mal ! Ainsi, que cela soit le film,
datant déjà de 2009, franchement bon ou Before
Watchmen, première suite dont je n’ai lu que la partie consacrée
aux Minutemen – la seule qui m’intéressait – force est de
constater que je n’ai jamais été déçu par ses adaptations et autres suites qui
auront tellement fait hurler Alan Moore et bien des fans. Mais ce n’était pas
tout à fait finit car on se doutait bien que DC n’allait pas
abandonner sa poule aux œufs d’or, sauf que, cette fois ci, la maison d’édition
allait oser aller encore plus loin et réunir, dans une seule mini-série,
l’univers si particulier de Watchmen a son principal,
c’est-à-dire, celui de Superman, Batman et compagnie. Une hérésie !? En
toute franchise, à première vue, oui, incontestablement, cependant, j’attendais néanmoins de voir ce que ce Doomsday Clock –
puisqu’il est grand temps de le nommer – allait nous proposer. Après tout, cela
ne servait à rien de s’indigner et de hurler à l’hérésie avant de lire ne
serais-ce qu’une seule page de cette mini-série, autant en juger par moi-même
et voir si le contenu serait bon ou non et, ma foi, sur ce point, je ne
perdrait guère de temps à tourner autour du pot, si l’on peut estimer que DC tire
un peu trop sur la corde, qu’ils ont fait tout cela pour de l’argent au
détriment de la pure création artistique – mais de leur coté et chez Marvel,
cela fait longtemps que l’on n’attends plus grand-chose d’original – force est
de constater que Doomsday Clock est, dans l’ensemble,
franchement bon, ce, même si l’on peut estimer que la mini-série souffre de
quelques défauts qui en agaceront certains. Ainsi, comment ne pas reconnaitre
qu’en reprenant le processus narratif de Watchmen –
c’est-à-dire, les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr
Manhattan, une histoire fictive dans l’histoire (celle de Nathaniel Dusk) les
renvois entre l’action et les bulles de pensées d’une page à l’autre – Doomsday
Clock se veut une copie conforme de Watchmen, le talent en
moins. De plus, si certains y verront un bel hommage à l’œuvre originale, pour
d’autres, tout cela n’est qu’une succession de clichés. Ensuite, il y a une
belle succession de scènes toutes justes destinées à créer le buzz :
Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor, mouais, un
peu trop facile tout cela. Ajoutons à cela un postulat de départ pour le moins
contestable – à la fin de Watchmen, le Dr Manhattan fuit son
univers pour celui de DC – et vous
pourrez vous dire : mais pourquoi diable ais-je dis que Doomsday
Clock était bon voir même très bon !? Eh bien, en fait, pour son
dernier tiers qui, à lui tout seul, non seulement sauve les meubles mais aussi
et, surtout, fait de cette mini-série une œuvre à la fois bien plus surprenante
que prévue mais, aussi, nous offre une fort intéressante réflexion sur
l’adaptation des personnages de fiction dans un cadre méta-contextuel. En
effet, le Dr Manhattan comprend bien qu’il se passe quelque chose de différent
sur cette Terre, qui voit un Superman débarquer de nombreuses fois dans sa
capsule au fil des années, commençant en 1939 et se terminant sur le reboot
du New 52 sans éclipser les différentes versions de John Byrne
et d’autres auteurs. Ce qui provoque à chaque fois des disruptions dans la
continuité, qui ne peut être expliquée que par l’intervention des scénaristes
et des éditeurs de la compagnie. Et, sans toutefois les nommer ou se mettre
lui-même en scène, Geoff Johns propose via la connaissance du Dr Manhattan une
solution permettant d’expliquer tous les relaunchs et reboots passés ou futurs de
la compagnie. De fait, le scénariste trouve une solution aux problèmes de
continuité en créant le Metaverse, univers uniquement dicté par la volonté des
auteurs qui se penchent sur le destin des personnages de fiction. Cela peut
paraitre pour le moins oser et difficile à comprendre en lisant cette critique
mais je peux vous assurez que cela passe très bien au cours de la lecture.
Ajoutons à cela que Geoff Johns nous offre une fort belle déclaration d’amour à
Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de l’ensemble de
l’univers DC, son personnage le plus important, ce qui est plutôt
amusant vu que bon nombre de fans n’ont yeux, eux, que pour Batman… Au
final, Doomsday Clock apparait comme étant une œuvre qui en
fera hurler certains, à raison, et qui plaira grandement à d’autres, à raison
également : bien entendu, nous sommes à mille lieux du chef d’œuvre absolu
d’Alan Moore et le lien avec le Watchmen original, finalement,
n’aura jamais été aussi lointain, cependant, pour son dernier tiers, excellent,
pour la partie graphique de Gary Frank qui dessine l’intégralité des douze
épisodes, pour l’utilisation du Dr Manhattan, plus réussie que prévue, pour ses
réflexions et ses constatations sur cet univers toujours changeant et, bien
entendu, pour Superman, Doomsday Clock mérite le détour et
reste, pour les fans du genre, un des incontournables a lire cette année :
après, on n’est pas obliger de l’aimer, bien entendu, mais pour pouvoir le
critiquer, encore faut-il le lire !
Points
Positifs :
-
Il était évidant que Doomsday Clock avait tout du projet casse
gueule avant même que ne soit paru son tout premier épisode, pourtant, malgré
ses défauts, malgré toutes les critiques, il apparait grandement que cette
mini-série s’en sort avec les honneurs et que même si elle n’est pas parfaite,
elle n’en reste pas moins comme étant un des comics à lire cette année, ne
serais-ce que pour son dernier tiers, franchement éblouissant !
-
La dernière partie, justement, de la mini-série, est tout simplement magistrale
quand a sa réflexion sur l’adaptation des personnages dans le monde des comics
ainsi que les explications proposées quand aux divers relaunchs et autres
reboots propre au médium. C’est osé mais plutôt bien trouvé.
-
De manière surprenante, Doomsday Clock est une belle
déclaration d’amour à Superman qui apparait comme étant la pierre angulaire de
tout l’univers DC.
-
Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan,
l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles
de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme un
bel hommage à l’œuvre originale.
-
Pour ce qui est de la partie graphique, Gary Frank dessine l’intégralité des
douze épisodes et livre une prestation artistique que l’on peut qualifier de
bonne dans l’ensemble.
Points Négatifs :
-
Bien entendu, personne n’est dupe : Doomsday Clock reste
une œuvre un peu artificielle dans sa conception et son postulat de départ – le
Dr Manhattan qui débarque dans l’univers DC à la fin de Watchmen et
qui est responsable de bien des changements dans celui-ci – apparait comme
étant un poil bancale.
-
Les gaufriers à neuf cases, les dialogues intérieurs du Dr Manhattan,
l’histoire fictive dans l’histoire et les renvois entre l’action et les bulles
de pensées d’une page à l’autre apparaitront, aux yeux de certains, comme une
succession de clichés qui ne font que plagier l’œuvre originale.
-
Rorschach contre Batman et le Joker, Ozymandias opposé à Lex Luthor… quelques
scènes uniquement présente afin d’alimenter le buzz…
- Les fans les plus ultras de l’œuvre originale crieront à l’hérésie même s’ils
feraient mieux de lire cette mini-série avant de la juger.
-
Parmi les douze couvertures de la mini-série, il fallait que les éditions Urban choisissent
l’une des plus mauvaises : Rorschach et le Joker, c’est vendeur mais
tellement convenu…
Ma note : 8/10
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