Valse
avec Bachir
En
1982, durant l'opération Paix en Galilée,
le jeune Ari Folman, dix-neuf ans, fait son service militaire. Vingt-quatre ans
plus tard, en 2006, il rencontre un ami de cette époque, Boaz, qui lui parle
d'un rêve étrange qu'il fait toutes les nuits depuis plus de deux ans, mettant
en scène des chiens qu'il a tués durant la guerre. Ari tente alors de se
rappeler cette période de sa vie, sans y parvenir. Il parvient cependant à se
remémorer une scène qu'il ne peut interpréter : lui et deux jeunes soldats
sortant nus de la mer sous la lumière de fusées éclairantes dans la baie de
Beyrouth. Il pense alors qu'il s'agit des scènes du massacre de Sabra et
Chatila, où l'armée israélienne à couvert les milices phalangistes chrétiennes
partisanes de Bachir Gemayel, mais sans en être sûr, sans même savoir s'il
était réellement présent près du camp cette nuit du 17 septembre 1982. Ari
Folman décide de rencontrer des compagnons de cette période et de les
questionner sur la guerre.
Valse avec Bachir
Réalisation : Ari
Folman
Scénario : Ari
Folman
Musique : Max
Richter
Production : Bridgit
Folman Film Gang, Les Films d'Ici, Razor Film Produktion GmbH, Arte
Genre : Animation,
Guerre
Titre
en vo : Vals Im Bashir
Pays
d'origine : Israël, France, Allemagne
Langue
d'origine : hébreu, anglais
Date
de sortie : 05 juin 2008
Durée : 90
mn
Casting
:
Ari
Folman : son propre rôle
Miki
Leon : Boaz Rein-Buskila
Ori
Sivan : son propre rôle
Yehezkel
Lazarov : Carmi Cna'an
Ronny
Dayag : son propre rôle
Shmuel
Frenkel : son propre rôle
Dr
Zahava Solomon : son propre
rôle
Ron
Ben-Yishai : son propre
rôle
Dror
Harazi : son propre rôle
Mon
avis : De temps à autre, au cours d’une
vie, on tombe parfois sur ce que l’on appelle tout simplement un chef d’œuvre,
et, la plus part du temps, cela nous tombe dessus de façon tout à fait
inattendu. Alors certes, Valse avec
Bachir promettait énormément, et je me doutais bien que, après avoir
entendu moult louanges à son sujet, je n’avais que peu de chances d’être déçu.
Non pas que je fasse énormément confiance aux critiques puisque je me méfie de
celles-ci, mais que, au vu du sujet traiter, la guerre du Liban en 82, et de
l’esthétique sombre, mélange de BD européenne et fausse 3D, j’étais persuader,
avant coup, que cette œuvre allait me plaire. Et donc, sur ce point, je n’ai
nullement été déçu, bien au contraire… Il faut dire, histoire d’expliquer mon enthousiasme,
que, dans Valse avec Bachir, la
démarche psychanalytique est l’essence même de cette œuvre autobiographique
d’un réalisateur israélien, Ari Folman, légitimement traumatisé par son
expérience de jeune soldat durant la guerre du Liban de 1982. Le début du film
nous plonge d’emblée dans une vision cauchemardesque bivalente : l’esthétique
ultra réaliste et sombre de la bande dessinée, voir du jeu vidéo, et la terreur
nocturne incluse dans la diégèse du film (le héros se trouve pris dans des
visions noires terrifiantes qu’il n’arrive guère à s’expliquer). Lors d’une
discussion avec un de ses camarades de guerre, il relate ses craintes et tente
de remonter le passé, afin d’associer ses propres images à une réalité qu’il
pense avoir connu. De personnage en personnage retrouvé, le héros retrace son
expérience traumatique, allant au plus profond de son Histoire puisque c’est la
Shoah qui est aussi traitée ici. Car il va se rendre compte qu’en laissant les
chrétiens libanais perpétrer ces massacres, lui, comme ses compatriotes
israéliens, se sont mis dans la position des bourreaux, comme les sympathisants
nazis lors de la seconde guerre mondiale qui ont laissé faire… L’histoire
sert-elle de leçon ? L’homme sous l’autorité, en temps de guerre, ne devient-il
pas un animal, à l’image de ces chiens errants et menaçants qu’on voit courir
dès les premières images du film ? Tel est le questionnement philosophique de cette
œuvre magistrale, magnifiée par une esthétique hyper obscure alliant la bande
dessinée contemporaine européenne et le jeu vidéo. Instantanément, on est
embarqué dans une aventure humaine d’où on ne peut sortir indemne. Le
personnage principal, voyageant au plus profond de lui-même et de ses souvenirs
qui reviennent petit à petit à la surface, accompagné par une bande son mêlant
des musiques de l’époque, à du classique et de la musique de jeu, redevient le
jeune soldat qu’il a été, coupable d’avoir su et de n’avoir rien fait, en
recherche d’une rédemption, qu’il cherche pour lui et son peuple entier. La
conclusion du film transgresse l’univers animé et mêle les images de plus en
plus réalistes des massacres, aux vraies images, comme elles avaient pu être filmées
à l’époque. Le procédé, bien que régulièrement utilisé (voir par exemple La Liste de Schindler où l’on voit ce
que sont devenus les vrais descendants), renforce l’émotion que peut ressentir
le personnage à la révélation de son propre vécu, et celle du spectateur par la
même occasion. La barrière jusque là maintenue par l’effet d’animation est
anéantie face à la réalité, achevant le film sur une vision cauchemardesque
malheureusement vraie et intense. Le réalisateur, par l’incarnation de son
héros, a effectué sa catharsis, aussi dérangeante soit-elle pour lui et la
position d’Israël face à ces massacres.
Points
Positifs :
-
Un véritable chef d’œuvre du cinéma d’animation et qui, en toute franchise,
transgresse allègrement les genres. Il faut dire que Valse avec Bachir est une œuvre bien plus profonde qu’on pourrait
le penser de prime abord et que, plus qu’une simple autobiographie de son narrateur,
Ari Folman, c’est un pan de l’Histoire la plus sombre de l’état d’Israël qui
nous est montrer ici, ce, avec les implications que cela entraine…
-
Une animation particulière mais oh combien réussie, un choix de couleurs
restreint mais qui s’avère être une des grandes réussites de ce film, bref, visuellement,
Valse avec Bachir est une merveille !
-
Les amateurs d’Histoire seront bien entendu aux anges devant la retranscription
de la fameuse Guerre du Liban qui eu lieue au début des années 80, guerre oh
combien dramatique et qui rappellera bien de sombres souvenirs avec les tristement
célèbres massacres de Sabra et Chatila.
-
Le parallèle établi entre le comportement de l’armée israélienne lors de la Guerre
du Liban et les nazis lors de la Seconde Guerre Mondiale. Et dire que Valse avec Bachir est un film israélien…
Points
Négatifs :
-
De par sa conception même, ses multiples flashbacks et scènes oniriques, Valse avec Bachir n’est pas un film
grand public qui risque d’être très rapidement perdu devant ce dessin animé
bien singulier. Cela est plutôt dommage mais bon, que voulez vous…
-
Une œuvre qui, de par son origine, ne plaira bien évidement pas a tous les détracteurs
de l’état d’Israël et aux antisémites de tout poil. Mais bon, est-il nécessaire
de le rappeler ?
Ma
note : 8,5/10
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