Les Aventures de Tintin – Le Lotus Bleu
Les
Aventures de Tintin – Le Lotus Bleu
Un
messager venu de la Chine vient rencontrer Tintin dans le palais du Maharadjah
de Rawhajpoutalah, où le journaliste se repose. Celui-ci, ressortissant
chinois, n'a eu que le temps de prononcer les mots Shanghaï et Mitsuhirato,
avant d'être touché par une fléchette empoisonnée au radjaïdjah, le «
poison qui rend fou ». Tintin est par la suite informé que le fakir, membre
du gang des trafiquants de drogue, s'est évadé de prison, puis, part à Shanghai
afin de rencontrer Mitsuhirato. Arrivé en Chine, il reçoit une lettre d'un
messager de ce dernier qui désire le rencontrer. Le Japonais Mitsuhirato semble
être un paisible commerçant, propriétaire d'une boutique de vêtements féminins.
Très avenant, il dit à Tintin avoir envoyé le messager pour le mettre en garde
de grands dangers. Il le convainc également de rentrer en Inde pour protéger le
maharadjah. En repartant de chez le Japonais, Tintin est victime d'un attentat
à la mitraillette. Il doit la vie à l'intervention d'un mystérieux jeune homme,
sans toutefois rien comprendre à la situation, car son sauveur prend la fuite.
Les Aventures de Tintin – Le Lotus Bleu
Scénario
: Hergé
Dessins
: Hergé
Couleurs : Hergé
Couverture : Hergé
Editeur
: Casterman
Genre : Aventure,
Franco-Belge
Pays
d’origine : Belgique
Langue
d’origine : français
Parution : 1936
Nombre
de pages : 62
Mon
avis : Si Les
Cigares du Pharaon, quatrième album des Aventures de Tintin,
marquait déjà un tournant au sein de l’œuvre d’Hergé, il est indéniable que
c’est avec Le Lotus Bleu que ce dernier signe son tout premier
chef d’œuvre et que, enfin, son héros, va atteindre la dimension qu’on lui
connait : en effet, dans les premières aventures – Tintin
au pays des Soviets, Tintin
au Congo, Tintin
en Amérique et Les Cigares du Pharaon – Hergé se
contentait d’envoyer Tintin dans des pays différents sans véritablement se
renseigner sur ces derniers, usant et abusant des stéréotypes européens de
l’époque. Mais avec Le Lotus Bleu, suite à sa rencontre avec Tchang
Tchong Jen, jeune étudiant chinois vivant alors en Belgique et qui inspirera le
personnage de Tchang, les choses changent : Hergé se documente, apprend
moult usages et coutumes de la Chine, découvre sa culture mais aussi, et ce n’est
pas rien, la situation géopolitique d’alors où le pays, pourtant riche d’une
civilisation de près de trois mille ans, est sous la coupe des puissances
occidentales et du Japon qui vient d’envahir la Mandchourie, ce qui, pour la
petite histoire, n’est que le début de la Seconde Guerre Mondiale… Du coup, si
le synopsis de départ n’est que la suite de celui du Cigare des
Pharaons, c’est-à-dire, que Tintin est en lutte avec une organisation de
trafiquants de drogue internationale, le fond et la forme changent du tout au
tout avec une aventure davantage structurée mais aussi, crédible pour ce qui
est de ce quelle nous montre de la Chine de l’époque. Qui plus est, ayant pris
fait et cause pour le sort des chinois, Hergé va a contre courant de la presse
occidentale d’alors et n’hésite pas a critiquer ouvertement la présence des
occidentaux en Chine, leur racisme et leur prétendue supériorité mais aussi,
bien entendu, le Japon, impérialiste et qui jouissait alors de louanges
élogieux de la part des occidentaux en tant que prétendus garants de le
civilisation asiatique… Bref, vous l’avez compris, en plus d’être un tournant
dans la série et, accessoirement, une aventure captivante de bout en
bout, Le Lotus Bleu est également un petit brulot politique
qui renvoi dans les cordes tous ceux qui prétendent qu’Hergé n’est qu’un sale
raciste. Dommage juste qu’il y ait ce soucis incompréhensible au niveau des
dessins : les premières pages de l’album avaient été refaites histoire de
coller aux albums précédant tandis que le reste n’est que coloriser.
Franchement, c’était l’un ou l’autre et pas les deux !
Points
Positifs :
-
Le véritable premier chef d’œuvre d’Hergé, incontestablement. En effet, si des
efforts notables avaient déjà été effectués dans Les Cigares du Pharaon,
force est de constater qu’avec Le Lotus Bleu, on atteint une autre
dimension et qu’on peut dire, sans problèmes, que c’est ici que Les
Aventures de Tintin débutent bel et bien !
-
Finit les stéréotypes débiles de l’époque et autres paternalisme
occidental : Hergé se documente, découvre la civilisation chinoise mais
aussi la géopolitique de l’époque, le résultat étant, bien entendu, excellent
puisque cet album est crédible de bout en bout.
-
Mine de rien, il en fallait pour aller a contre courant des médias occidentaux
de l’époque et de prendre ainsi fait et cause pour la Chine et d’être contre le
Japon. D’ailleurs, Hergé parsème cette aventure de moult références aux méfaits
occidentaux et nippons depuis qu’ils occupent la Chine.
-
Accessoirement, l’intrigue du Lotus Bleu est fort bonne,
captivante de bout en bout et on sent bien que l’évolution amorcée dans Les
Cigares du Pharaon à tirer définitivement Tintin des atermoiements des
débuts.
-
Retour de Rastapopoulos qui sera bien évidement la némésis de Tintin au fil de
ses aventures, mais aussi, et surtout, apparition de Tchang, premier véritable
ami de notre héros et qui reviendra bien plus tard, dans un certain Tintin
au Tibet…
-
La couverture, l’une des plus connues des Aventures de Tintin et
l’une des plus belles.
Points
Négatifs :
-
Je n’ai jamais compris ce qu’Hergé a voulut faire en refaisant les premières
pages de l’album et en laissant tout le reste tel quel, se contentant de les
coloriser. Franchement, c’était l’un ou l’autre mais pas les deux car ce choix
choque énormément.
Ma
note : 8,5/10
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