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vendredi 16 décembre 2022

Black Hole


Black Hole
 
Pour une fois, Keith a de la chance : lors de la séance de dissection de son cours de biologie, il a pour partenaire l’une des plus jolies filles du lycée, Chris Rhodes. Cependant, alors qu’il observe la grenouille fraîchement ouverte, il tombe et il a une étrange vision... Il voit en effet des jours à venir particulièrement obscurs. Plus tard, Keith va mieux. Il passe du bon temps avec ses amis, alcool et stupéfiants au rendez-vous. Lors de leur balade en forêt, ils découvrent des tentes et des objets laissant à penser que le coin est habité. Keith, qui s’est écarté de ses amis, tombe sur une sorte de peau humaine abandonnée dans les buissons, rappelant une mue. Un type tout difforme arrive derrière lui et lui grommelle alors de partir d’ici. La peau est en fait celle de Chris qui, depuis le soir où elle a fait l’amour avec Rob Facincani, a contracté une étrange maladie, la Crève, qui ne touche que les adolescents. Le problème est que les symptômes sont différents selon chacun : furoncles énormes, pertes de cheveux, apparitions de queues, de cornes, etc.
 

Black Hole
Scénario : Charles Burns
Dessins : Charles Burns
Encrage : Charles Burns
Couleurs : Charles Burns
Couverture : Charles Burns
Genre : Horreur
Editeur : Kitchen Sink Press
Titre en vo : Black Hole
Pays d’origine : Etats-Unis
Parution : 12 mai 2005
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Delcourt
Date de parution : 08 novembre 2006
Nombre de pages : 368
 
Liste des épisodes
Black Hole 1-12
 
Mon avis :
 Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il m’aura fallut bien des années pour que, enfin, je ne me décide à me plonger dans la lecture de Black Hole, probablement un des comics les plus étonnants et original de ces trois dernières décennies. Complètement hors-norme, inclassable, l’œuvre de l’inimitable Charles Burns ne m’était pourtant pas inconnu ou, du moins, disons plutôt que je la connaissais de loin, plutôt mal, par le biais de sa couverture qui ne pouvait que marquer les esprits ainsi que par quelques planches que j’avais put voir, ici et là, depuis la fin des années 90. Le temps est donc passé mais, comme dirait l’autre, mieux vaut tard que jamais et ce fut donc avec une certaine curiosité et pas mal d’espoir que je me suis plongé dans ce Black Hole – après tout, même si j’en avait entendu le plus grand bien, rien ne disait que tout cela allait me plaire. Mais bon, il est probablement inutile de tourner autour du pot plus longtemps car oui, mille fois oui, après lecture de la chose, je peux vous affirmer que Black Hole est une indéniable réussite ! Une petite ville paumée quelque part dans l’Amérique des années 70, les hippies n’étaient plus à la mode, David Bowie trop bizarre pour l’être déjà et, au beau milieu de tout cela, des adolescents, des lycéens, qui choppent une bien singulière maladie lorsqu’ils ont des rapports sexuels avec des personnages contaminés – les plus chanceux ont quelques petites modifications corporelles facilement dissimulables tandis que d’autres, véritables monstruosités ambulantes, ne peuvent que quitter la civilisation et se cacher de leurs semblables. Bien entendu, le parallèle avec le sida est pour le moins évidant et cela se comprend vu que Charles Burns fait partit de la génération qui aura connu de plein fouet l’apparition de cette maladie, cependant, l’auteur use plutôt habilement du parallèle entre le sida et sa maladie de fiction pour nous offrir un récit bien plus malin qu’on pourrait le penser de prime abord. Pourtant, pour cela, Charles Burns semble aborder la facilité puisque celui-ci use et abuse des traditionnels poncifs que l’on retrouve dans les récits d’adolescents – amourettes, découverte du sexe, cours que l’on sèche, incompréhension des parents, usage de stupéfiants, etc. Or, alors que l’on pourrait craindre un récit convenu et qui sent le déjà-vu, ce n’est nullement le cas et il apparait que l’auteur, tout en utilisant habilement une matière mainte fois usée, nous livre un récit d’une rare intelligence où les protagonistes, tous plus paumés les uns que les autres, sont fort bien écrits : ainsi, de l’amoureux transit qui finira par trouver le bonheur d’une manière innatendu en passant par un autre qui ne supportera pas qu’on se refuse à lui sans oublier le couple maudit qui ne finira pas bien, Black Hole peut sentir le déjà vu mais ce n’est qu’une impression toute relative tant l’auteur manie à merveille son scénario et nous entraine dans une intrigue remplie de flashbacks qui sont pour beaucoup pour la réussite de cette mini-série. Ajoutons à cela le style graphique du sieur Burns qui, tout en épaisseur sans user de la couleur, nous livre une prestation franchement originale que l’on peut qualifier de magnifique et vous comprendrez pourquoi, depuis deux décennies, Black Hole trône fièrement parmi les tous meilleurs comics de sa génération… Alors, si, comme moi, vous n’avez toujours pas tenter l’expérience, il serait grand temps de réparer une telle injustice car bon, on ne vas pas se mentir, si vous êtes un amateur de comics ou de BD en règle générale, Black Hole est fait pour vous, ne serais-ce que pour ne pas mourir idiot…
 

Points Positifs
 :
- En usant avec habilité des traditionnels poncifs des récits mettant en scène des adolescents et en faisant le parallèle avec le sida, Charles Burns nous livre une œuvre intemporelle, franchement réussie et qui n’a rien perdue de sa force, plus de deux décennies après ses débuts.
- Une œuvre totalement hors-norme, inclassable et qui brille par sa quasi-perfection, ce, même si elle n’est peut-être pas destinée à tout le monde mais c’est un autre problème. Incontestablement, Black Hole est un comics qui marque les esprits et qui se doit d’être lu par tout amateur de BD digne de ce nom !
- Le style particulier de Charles Burns est, bien entendu, une des grandes forces de cette mini-série : n’usant que le noir et blanc et un encrage pour le moins chargé, l’artiste de démarque totalement de la norme et son coté underground est un plus indéniable.
- En plus d’un style singulier et hors-norme, Charles Burns nous offre également tout un tas de planches visuellement magnifiques et qui brillent par leur inventivité.
- Des protagonistes charismatiques et paumés auquel il est difficile de ne pas s’attacher.
 
Points Négatifs :
- Comme je l’ai dit précédemment, malgré ses qualités indéniables, Black Hole n’est pas une œuvre destinée à tout le monde et je ne pense pas que le grand public, plus habitué à des comics plus conformes à la soupe insipide que l’on nous sert régulièrement, sera attirer par une œuvre aussi spéciale…
- Même si Charles Burns est un artiste magnifique, il faut reconnaitre que ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver avec ses protagonistes masculins, certains se ressemblant un peu trop à mon gout.
 
Ma note : 8,5/10

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