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samedi 8 février 2020

Le Trône de Fer – Intégrale 3


Le Trône de Fer – Intégrale 3

Cinq rois pour un trône, voilà le résultat de la mort de Robert Baratheon, souverain des Sept Couronnes. Pourtant, Joffrey Baratheon occupe toujours le Trône de fer. Vaincu à la bataille de la Néra, Stannis Baratheon doit fuir vers son île, Peyredragon, avec le reste de sa flotte. Renly Baratheon mort, les Tyrell de Hautjardin choisissent de se rallier aux Lannister en offrant leur fille, Margaery Tyrell, comme épouse au jeune Joffrey. Bien que durement touché par la perte de Winterfell sous les coups de Theon Greyjoy et des Fer-nés, Robb Stark reste seul à s'opposer à Port-Réal. Mais, la situation pourrait vite tourner à l'aigre avec la mise en liberté de Jaime Lannister et les dissensions dans les rangs du Nord. D'autant plus que Sansa n'a pas pu s'échapper du Donjon Rouge et que sa sœur, Arya, demeure introuvable. D'autres drames se jouent au-delà du Mur où Jon Snow, Samwell Tarly et la Garde de Nuit doivent affronter à la fois les Autres et l'avancée de Mance Rayder à la tête d'une immense armée de sauvageons. L'espoir viendra peut-être d'au-delà des mers avec la princesse Daenerys dont le voyage s'apprête à faire trembler Astapor. Une chanson de feu et de glace se déchaîne sur Westeros tout entier, et seuls les plus retors s'en sortiront.


Le Trône de Fer – Intégrale 3
Auteur : George R. R. Martin
Type d'ouvrage : Fantasy
Première Parution : 31 octobre 2000
Edition Française : 08 mai 2010
Titre en vo : A Song of Ice and Fire – A Storm of Swords
Pays d’origine : États-Unis
Langue d’origine : Anglais
Traduction : Jean Sola
Editeur : J’Ai Lu
Nombre de pages : 1149

Mon avis : A Storm of Swords constitue le troisième volume de la fantastique fresque de George R. R. Martin : A Song of Ice and Fire, plus connu sous nos latitudes sous le nom du Trône de Fer. Bien évidemment, en France, et de façon plutôt curieuse comme je vous l’ai déjà dit dans mes critiques précédentes, après le découpage de la saga en de multiples volumes, par la suite, le format original étant enfin conservé dans les nouvelles éditions, plutôt que d’avoir les titres de chaque volume de la saga, nous avons droit, par le biais des éditions J’ai Lu, à ces fameuses Intégrales. Chose amplement critiquable, de mon point de vue, mais bon, je ne vais pas non plus me répéter sans arrêt, surtout qu’il s’en passe des choses dans ce troisième volume du Trône de Fer. Et justement, tandis que l’on pouvait penser qu'après deux prédécesseurs aussi éblouissants que A Game of Thrones et A Clash of Kings, il était impossible de garder le même niveau voir, soyons fous, de l'élever… ce diable de Martin nous livra… mais chut, procédons dans l’ordre. L’habitué de ce blog se souviendra probablement du concert de louanges engrangé par le tout dernier volume de la saga : celui-ci misait davantage sur le souffle épique avec un gigantesque affrontement – qui restera gravé dans les mémoires – que sur les jeux politiques des débuts. Avec A Storm of Swords, George R. R. Martin arrive à trouver l'équilibre presque parfait entre ces deux versants. Un des premiers éléments à évoquer, c'est bien la justesse de la narration employée par l'américain. Avec le nombre de personnages qui apparaissent et le nombre de lieux à explorer, l'utilisation d'un chapitre par personnage principal s'avère essentielle pour jongler avec les péripéties toujours plus incroyables du récit. Au nombre de dix cette fois, ils permettent d'avoir une vue d'ensemble des événements sans pour autant laisser le lecteur sur le bas de la route. Il faut d'ailleurs absolument mentionner l'apparition de Jaime Lannister dans ceux-ci. Par les yeux des Stark, principalement, celui-ci faisait figure de « méchant »jusque dans les dernières pages de A Clash of Kings où son entretien avec Catelyn Stark amorce un changement dans cette vision du personnage. C'est tout naturellement que l'auteur en fait un de ses narrateurs pour A Storm of Swords. Plus encore qu'avec Theon Greyjoy et d'autres auparavant, Martin chamboule totalement la façon d'appréhender le personnage et le fait spectaculairement évoluer, toujours dans ce soucis de rejeter le manichéisme si courant des livres de Fantasy. Mais ce retournement va plus loin. Non content de changer notre jugement vis-à-vis de Jaime, les chapitres consacrés au commandant de la Garde Royale viennent ternir l'image de personnages qui pouvaient paraître plus ou moins bons jusqu'à présent. On pense notamment au portrait au vitriol d'Eddard Stark. Sans s'étendre davantage sur les myriades d'ajustements entrepris par George R. R. Martin, confirmons qu'une des grandes forces de ce troisième volet réside dans ses personnages en niveaux de gris. On connaissait certes déjà cet élément mais c'est par un patient travail sur les perceptions et les jugements du lecteur à l'égard des personnages du récit que l'auteur met en exergue de façon magistrale le rôle de la subjectivité dans l'écriture de l'histoire. Bien entendu, on reste ébahi par le nombre de protagonistes introduits. Désormais, on les compte par centaines, ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes pour ma part : en effet, si au bout de trois longs, très longs tomes, la majeure partie des protagonistes me sont enfin familiers, force est de constater que j’ai toujours du mal à me rappeler de tel ou tel personnage que l’on pourrait qualifier de troisième zone (sans que dans le cas présent, cela soit désobligeant vu la quantité folle qui nous est proposée) même si, dans l’ensemble, il y a eu du progrès et que, dans l’ensemble, désormais, je sais parfaitement « qui est qui ». De plus, et comme ce fut le cas dans les deux précédents volumes de la saga, George R. R. Martin soigne encore et toujours ses personnages. Et si, comme on le sait fort bien, Tyrion Lannister s'affirme comme une réussite totale, Petyr « Littlefinger » Baelish ne démérite pas, très loin de là. On pourrait évidemment en citer bien d'autres comme La Vipère de Dorne, Walder Frey ou Tywin Lannister. Sachez simplement que la galerie présente dans ce Storm of Swords a de quoi faire pâlir n'importe quelle autre œuvre de Fantasy voir de littérature tout court. Du coup, on s'imagine bien qu'avec le nombre de pages du volume et son imposante pléiade d'acteurs, A Storm of Swords approfondit grandement l'univers de Westeros. Déjà particulièrement étoffé et remarquable, celui-ci en vient à égaler les Terres du Milieu d'un certain J.R.R. Tolkien. Cette fois, on découvre l'Au-delà du mur et la société sauvageonne par les yeux de Jon Snow – et sur ce point, comme il fallait s’y attendre, ceux-ci nous apparaissent sous un autre jour – on continue à explorer les cités libres avec Daenerys – le récit de celle-ci est assez singulier, franchement a part de l’intrigue principal, il n’en reste pas moins intéressant pour deux raisons : il nous permet de découvrir d’autres lieux, perso, moi j’aime bien, et surtout, n’oublions pas que dans le cerveau prolifique de Martin, tout ceci a un but, et que, forcément, toutes les intrigues finiront par se rejoindre, enfin, en théorie – et on fait connaissance avec les familles de Dorne et d'Hautjardin. Les nouveautés ne s'arrêtent pas là puisque les anciennes histoires et les vieux secrets affirment de nouveau leur importance et construisent une solide base historique au royaume des Sept Couronnes. Martin reste fidèle à lui-même et nous propose toujours plus de détails et de profondeur à son monde. Une profondeur que l'on n'a pas fini de sonder et qui, parfois, laisse songeur : en effet, rares sont les véritables créateurs d’univers aussi crédibles ...  Elément important, les touches de Fantasy apparaissent bien plus encore dans ce volume, continuant dans ce sens le crescendo voulu par l'auteur. Dragons et morts-vivants bels et bien actifs, dieux, ou plutôt religion de plus en plus présente et, bien entendu, magie, ce troisième tome du Trône de Fer laisse entrevoir de façon mesurée son appartenance à la littérature de genre. Même si les Autres laissent planer le doute quant à leur nature véritable, le culte de R'hllor dévoile maintenant son vrai visage par l'intermédiaire de Mélisandre et de Thoros – ces deux-là, dans deux genres différents – et l’on ne peut oublier le surprenant Lord Béric Dondarion, ainsi que le retour d’une certaine… mais là aussi, chut... Bref, on sent que côté Fantasy, les choses sérieuses commencent. Mais, quid de l'histoire ? En bon maître d'œuvre, George R.R. Martin mélange savamment l'épique et l'intimiste. Pour le premier, disons que A Storm of Swords contient maintes pages de bravoure ou de désastre, que ce soit pendant Les Noces Pourpres, chapitre tout simplement exceptionnel et qui en choquera plus d’un (argh, mais pourquoi étais-je tomber sur un spoiler peu de temps auparavant !?) ou pendant la bataille du Mur. Pour le second point, les complots politiques et les retournements de situation qui en résultent atteignent ici leur paroxysme. Forcément, un des grands événements – que je ne dévoilerai pas – du livre se trouve bien évidement dans l'épisode des Noces Pourpres. Mais ce serait vite oublier les noces de Joffrey, presque aussi inattendues et plutôt jouissives finalement ainsi que la confrontation entre Sansa, Petyr et Lisa assortie de son incroyable révélation qui m’aura tout simplement laissé pantois ! George R. R. Martin n'a plus rien à prouver après cela en termes de suspense et d'inattendu, soyez-en certain. Grâce à sa volonté de bâtir un récit adulte qui ne refuse pas les évolutions logiques exigées par une histoire de cet acabit, l'américain continue de tuer certains de ses personnages principaux. Rétrospectivement, ces « surprises » n'en sont pas vraiment mais leur implacable logique au cœur du roman ainsi que les profonds bouleversements qu'elles engendrent en font un des plus importants atouts du livre. On saluera également la façon de penser la saga dans sa globalité et non par volet comme le font la plupart. Ainsi, A Storm of Swords renverse brutalement nos convictions acquises auparavant. La fin du volume constituant certainement un des plus ingénieux coups d'éclat qui soit, comme je vous l’ai dit... Mais, bien sûr, je vous laisse le découvrir. Côté noirceur et ton adulte, l'écrivain américain assure encore et toujours une partition sans fausse note notamment à travers la relation Jaime/Cersei des plus...troublantes. Décidément, Le Trône de Fer n'aime pas le politiquement correct. Tant mieux, car nous non plus. Grandiose, exceptionnel, surprenant, spectaculaire, A Storm of Swords, ou troisième intégrale comme l’on dit dans cette édition, est tout simplement l’apogée d’un Martin qui atteint ici le paroxysme de sa série, dépassant les limites que l’on ne pouvait imaginer être capable que celle-ci puisse atteindre. Fort de grands moments, captivant au possible au point qu’il en devienne quasiment impossible de décrocher la lecture – et nous avons là plus de 1100 pages – et parfois, terriblement cruelle, il me parait indéniable que ce troisième volume du Trône de Fer ne fait que confirmer tout le bien que je pouvais penser à son sujet jusque-là, bref, que ce roman est tout simplement un véritable chef d’œuvre, un truc tout bonnement énorme, du genre qu’on en lit que deux ou trois dans sa vie. Vous pensez que j’exagère ? Sincèrement, quand vous avez un récit aussi bien structuré, riche, crédible, qui est presque aussi fort de par ses implications, son univers, ses intrigues, ses révélations, la profondeur de ses protagonistes, que par ses fausses pistes, ses histoires perdues (et si cela se serait passé autrement), comment ne pas conclure au chef d’œuvre !? Et dire qu’il me reste encore deux volumes à lire et qu’après cela, ce ne sera pas encore finis… enfin, si le sieur Martin se décide à nous proposer une conclusion à sa saga, bien entendu.


Points Positifs :
- Si, depuis ses débuts, Le Trône de Fer flirtait allègrement avec la perfection, force est de constater que cette troisième intégrale est, peut-être, le point d’orgue de la saga. Il faut dire que, entre des protagonistes qui prennent de plus en plus d’importance et que l’on commence a voir autrement, de nouveaux morts marquants et un événement tellement marquant que bon nombre de lecteurs ne s’en sont jamais remis, nous atteignons, ici, des sommets narratifs peu habituels !
- Les Noces Pourpres, bien entendu, sont le passage le plus exceptionnel d’un volume qui en possède plusieurs. Mais il faut dire que, dans ce chapitre, George Martin va loin, très loin, et surprend ses lecteurs par des événements oh combien terribles et innatendu, événements qui nous feront faire nos adieux a quelques protagonistes majeurs…
- Nous avions déjà appris à voir ce brave Theon autrement, ce, malgré sa trahison et ses crimes, mais ici, ce qui surprend le plus les lecteurs, c’est, indéniablement, James Lannister que l’on nous présentait comme un vulgaire fourbe sans foi ni loi jusqu’alors et qui, désormais, apparait comme étant un personnage bien plus complexe.
- L’ensemble, bien entendu, reste toujours aussi captivant avec son lot de surprises, de morts plus ou moins importantes, de protagonistes qui prennent de l’importance et de, encore, de petits nouveaux qui font leur apparition et qui, ma foi, marquent déjà les esprits.
- Un univers bien plus maitrisé qu’on pourrait le penser de prime abord, ce qui renforce la cohérence de l’ensemble, surtout que, dans ce second volume, celui-ci est de plus en plus développé et l’on découvre de nouveaux lieux. Décidément, l’auteur à livrer un travail monumental peu commun.
- Nous sommes ici à des années lumières de la Fantasy à la Tolkien et, surtout, à ses copieurs qui régnaient alors en maitre au cours des années 80 et 90. Heureusement que George Martin est venu donner un magnifique coup de pied dans la fourmilière à l’époque !

Points Négatifs :
- Comme je l’avais souligner dans mes critiques précédentes, il y a tellement de personnages, tellement de noms – souvent complexes – de familles, de lieux, entre autres, qu’au début, il est quasiment impossible de savoir qu’il est, bien souvent, facile de s’y perdre. Bref, la lecture du Trône de Fer est oh combien exigeante et en laissera plus d’un sur le carreau !
- Le style de narration reste toujours aussi complexe, de même que l’utilisation de certains termes peu communs – un problème de traduction ou l’œuvre originale était déjà ainsi ? En tous cas, cela peu perturber la lecture pour certains…

Ma note : 9,5/10

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