Le
Trône de Fer – Intégrale 3
Cinq
rois pour un trône, voilà le résultat de la mort de Robert Baratheon, souverain
des Sept Couronnes. Pourtant, Joffrey Baratheon occupe toujours le Trône de
fer. Vaincu à la bataille de la Néra, Stannis Baratheon doit fuir vers son île,
Peyredragon, avec le reste de sa flotte. Renly Baratheon mort, les Tyrell de
Hautjardin choisissent de se rallier aux Lannister en offrant leur fille,
Margaery Tyrell, comme épouse au jeune Joffrey. Bien que durement touché par la
perte de Winterfell sous les coups de Theon Greyjoy et des Fer-nés, Robb Stark
reste seul à s'opposer à Port-Réal. Mais, la situation pourrait vite tourner à
l'aigre avec la mise en liberté de Jaime Lannister et les dissensions dans les
rangs du Nord. D'autant plus que Sansa n'a pas pu s'échapper du Donjon Rouge et
que sa sœur, Arya, demeure introuvable. D'autres drames se jouent au-delà du
Mur où Jon Snow, Samwell Tarly et la Garde de Nuit doivent affronter à la fois
les Autres et l'avancée de Mance Rayder à la tête d'une immense armée de
sauvageons. L'espoir viendra peut-être d'au-delà des mers avec la princesse
Daenerys dont le voyage s'apprête à faire trembler Astapor. Une chanson de feu
et de glace se déchaîne sur Westeros tout entier, et seuls les plus retors s'en
sortiront.
Le Trône de Fer – Intégrale 3
Auteur
: George
R. R. Martin
Type
d'ouvrage : Fantasy
Première
Parution : 31 octobre 2000
Edition
Française : 08 mai 2010
Titre en
vo : A
Song of Ice and Fire – A Storm of Swords
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jean
Sola
Editeur : J’Ai
Lu
Nombre
de pages : 1149
Mon
avis : A Storm of Swords constitue
le troisième volume de la fantastique fresque de George R. R. Martin : A
Song of Ice and Fire, plus connu sous nos latitudes sous le nom du Trône
de Fer. Bien évidemment, en France, et de façon plutôt curieuse comme je
vous l’ai déjà dit dans mes critiques précédentes, après le découpage de la
saga en de multiples volumes, par la suite, le format original étant enfin
conservé dans les nouvelles éditions, plutôt que d’avoir les titres de chaque
volume de la saga, nous avons droit, par le biais des éditions J’ai Lu,
à ces fameuses Intégrales. Chose amplement critiquable, de mon
point de vue, mais bon, je ne vais pas non plus me répéter sans arrêt, surtout
qu’il s’en passe des choses dans ce troisième volume du Trône de Fer.
Et justement, tandis que l’on pouvait penser qu'après deux prédécesseurs aussi
éblouissants que A Game of Thrones et A Clash of Kings, il était impossible de garder le même niveau voir,
soyons fous, de l'élever… ce diable de Martin nous livra… mais chut, procédons
dans l’ordre. L’habitué de ce blog se souviendra probablement du concert de
louanges engrangé par le tout dernier volume de la saga : celui-ci misait
davantage sur le souffle épique avec un gigantesque affrontement – qui restera
gravé dans les mémoires – que sur les jeux politiques des débuts. Avec A
Storm of Swords, George R. R. Martin arrive à trouver l'équilibre presque
parfait entre ces deux versants. Un des premiers éléments à évoquer, c'est bien
la justesse de la narration employée par l'américain. Avec le nombre de
personnages qui apparaissent et le nombre de lieux à explorer, l'utilisation
d'un chapitre par personnage principal s'avère essentielle pour jongler avec
les péripéties toujours plus incroyables du récit. Au nombre de dix cette fois,
ils permettent d'avoir une vue d'ensemble des événements sans pour autant
laisser le lecteur sur le bas de la route. Il faut d'ailleurs absolument
mentionner l'apparition de Jaime Lannister dans ceux-ci. Par les yeux des
Stark, principalement, celui-ci faisait figure de « méchant »jusque
dans les dernières pages de A Clash of Kings où son entretien
avec Catelyn Stark amorce un changement dans cette vision du personnage. C'est
tout naturellement que l'auteur en fait un de ses narrateurs pour A
Storm of Swords. Plus encore qu'avec Theon Greyjoy et d'autres auparavant,
Martin chamboule totalement la façon d'appréhender le personnage et le fait
spectaculairement évoluer, toujours dans ce soucis de rejeter le manichéisme si
courant des livres de Fantasy. Mais ce retournement va plus loin. Non content
de changer notre jugement vis-à-vis de Jaime, les chapitres consacrés au commandant
de la Garde Royale viennent ternir l'image de personnages qui pouvaient
paraître plus ou moins bons jusqu'à présent. On pense notamment au portrait au
vitriol d'Eddard Stark. Sans s'étendre davantage sur les myriades d'ajustements
entrepris par George R. R. Martin, confirmons qu'une des grandes forces de ce
troisième volet réside dans ses personnages en niveaux de gris. On connaissait
certes déjà cet élément mais c'est par un patient travail sur les perceptions
et les jugements du lecteur à l'égard des personnages du récit que l'auteur met
en exergue de façon magistrale le rôle de la subjectivité dans l'écriture de
l'histoire. Bien entendu, on reste ébahi par le nombre de protagonistes
introduits. Désormais, on les compte par centaines, ce qui ne va pas sans poser
quelques problèmes pour ma part : en effet, si au bout de trois longs,
très longs tomes, la majeure partie des protagonistes me sont enfin familiers,
force est de constater que j’ai toujours du mal à me rappeler de tel ou tel
personnage que l’on pourrait qualifier de troisième zone (sans que dans le cas
présent, cela soit désobligeant vu la quantité folle qui nous est proposée)
même si, dans l’ensemble, il y a eu du progrès et que, dans l’ensemble,
désormais, je sais parfaitement « qui est qui ». De plus,
et comme ce fut le cas dans les deux précédents volumes de la saga, George R.
R. Martin soigne encore et toujours ses personnages. Et si, comme on le sait
fort bien, Tyrion Lannister s'affirme comme une réussite totale, Petyr « Littlefinger » Baelish
ne démérite pas, très loin de là. On pourrait évidemment en citer bien d'autres
comme La Vipère de Dorne, Walder Frey ou Tywin Lannister. Sachez simplement que
la galerie présente dans ce Storm of Swords a de quoi faire
pâlir n'importe quelle autre œuvre de Fantasy voir de littérature tout court.
Du coup, on s'imagine bien qu'avec le nombre de pages du volume et son
imposante pléiade d'acteurs, A Storm of Swords approfondit
grandement l'univers de Westeros. Déjà particulièrement étoffé et remarquable,
celui-ci en vient à égaler les Terres du Milieu d'un certain J.R.R. Tolkien.
Cette fois, on découvre l'Au-delà du mur et la société sauvageonne par les yeux
de Jon Snow – et sur ce point, comme il fallait s’y attendre, ceux-ci nous
apparaissent sous un autre jour – on continue à explorer les cités libres avec
Daenerys – le récit de celle-ci est assez singulier, franchement a part de
l’intrigue principal, il n’en reste pas moins intéressant pour deux
raisons : il nous permet de découvrir d’autres lieux, perso, moi j’aime
bien, et surtout, n’oublions pas que dans le cerveau prolifique de Martin, tout
ceci a un but, et que, forcément, toutes les intrigues finiront par se
rejoindre, enfin, en théorie – et on fait connaissance avec les familles de
Dorne et d'Hautjardin. Les nouveautés ne s'arrêtent pas là puisque les
anciennes histoires et les vieux secrets affirment de nouveau leur importance
et construisent une solide base historique au royaume des Sept Couronnes.
Martin reste fidèle à lui-même et nous propose toujours plus de détails et de
profondeur à son monde. Une profondeur que l'on n'a pas fini de sonder et qui,
parfois, laisse songeur : en effet, rares sont les véritables créateurs
d’univers aussi crédibles ... Elément important, les touches de Fantasy apparaissent
bien plus encore dans ce volume, continuant dans ce sens le crescendo voulu par
l'auteur. Dragons et morts-vivants bels et bien actifs, dieux, ou plutôt
religion de plus en plus présente et, bien entendu, magie, ce troisième tome
du Trône de Fer laisse entrevoir de façon mesurée son
appartenance à la littérature de genre. Même si les Autres laissent planer le
doute quant à leur nature véritable, le culte de R'hllor dévoile maintenant son
vrai visage par l'intermédiaire de Mélisandre et de Thoros – ces deux-là, dans
deux genres différents – et l’on ne peut oublier le surprenant Lord Béric
Dondarion, ainsi que le retour d’une certaine… mais là aussi, chut... Bref, on
sent que côté Fantasy, les choses sérieuses commencent. Mais, quid de
l'histoire ? En bon maître d'œuvre, George R.R. Martin mélange savamment
l'épique et l'intimiste. Pour le premier, disons que A Storm of
Swords contient maintes pages de bravoure ou de désastre, que ce soit
pendant Les Noces Pourpres, chapitre tout simplement
exceptionnel et qui en choquera plus d’un (argh, mais pourquoi étais-je tomber
sur un spoiler peu de temps auparavant !?) ou pendant la bataille du Mur.
Pour le second point, les complots politiques et les retournements de situation
qui en résultent atteignent ici leur paroxysme. Forcément, un des grands
événements – que je ne dévoilerai pas – du livre se trouve bien évidement dans
l'épisode des Noces Pourpres. Mais ce serait vite oublier les noces
de Joffrey, presque aussi inattendues et plutôt jouissives finalement ainsi que
la confrontation entre Sansa, Petyr et Lisa assortie de son incroyable
révélation qui m’aura tout simplement laissé pantois ! George R. R. Martin
n'a plus rien à prouver après cela en termes de suspense et d'inattendu,
soyez-en certain. Grâce à sa volonté de bâtir un récit adulte qui ne refuse pas
les évolutions logiques exigées par une histoire de cet acabit, l'américain
continue de tuer certains de ses personnages principaux. Rétrospectivement,
ces « surprises » n'en sont pas vraiment mais leur
implacable logique au cœur du roman ainsi que les profonds bouleversements
qu'elles engendrent en font un des plus importants atouts du livre. On saluera
également la façon de penser la saga dans sa globalité et non par volet comme
le font la plupart. Ainsi, A Storm of Swords renverse
brutalement nos convictions acquises auparavant. La fin du volume constituant
certainement un des plus ingénieux coups d'éclat qui soit, comme je vous l’ai
dit... Mais, bien sûr, je vous laisse le découvrir. Côté noirceur et ton
adulte, l'écrivain américain assure encore et toujours une partition sans
fausse note notamment à travers la relation Jaime/Cersei des
plus...troublantes. Décidément, Le Trône de Fer n'aime pas le
politiquement correct. Tant mieux, car nous non plus. Grandiose, exceptionnel,
surprenant, spectaculaire, A Storm of Swords, ou troisième
intégrale comme l’on dit dans cette édition, est tout simplement l’apogée d’un
Martin qui atteint ici le paroxysme de sa série, dépassant les limites que l’on
ne pouvait imaginer être capable que celle-ci puisse atteindre. Fort de grands
moments, captivant au possible au point qu’il en devienne quasiment impossible
de décrocher la lecture – et nous avons là plus de 1100 pages – et parfois,
terriblement cruelle, il me parait indéniable que ce troisième volume du Trône
de Fer ne fait que confirmer tout le bien que je pouvais penser à son
sujet jusque-là, bref, que ce roman est tout simplement un véritable chef d’œuvre,
un truc tout bonnement énorme, du genre qu’on en lit que deux ou trois dans sa
vie. Vous pensez que j’exagère ? Sincèrement, quand vous avez un récit
aussi bien structuré, riche, crédible, qui est presque aussi fort de par ses
implications, son univers, ses intrigues, ses révélations, la profondeur de ses
protagonistes, que par ses fausses pistes, ses histoires perdues (et si cela se
serait passé autrement), comment ne pas conclure au chef d’œuvre !? Et
dire qu’il me reste encore deux volumes à lire et qu’après cela, ce ne sera pas
encore finis… enfin, si le sieur Martin se décide à nous proposer une
conclusion à sa saga, bien entendu.
Points
Positifs :
-
Si, depuis ses débuts, Le Trône de Fer
flirtait allègrement avec la perfection, force est de constater que cette
troisième intégrale est, peut-être, le point d’orgue de la saga. Il faut dire
que, entre des protagonistes qui prennent de plus en plus d’importance et que l’on
commence a voir autrement, de nouveaux morts marquants et un événement
tellement marquant que bon nombre de lecteurs ne s’en sont jamais remis, nous
atteignons, ici, des sommets narratifs peu habituels !
-
Les Noces Pourpres, bien entendu, sont le passage le plus exceptionnel d’un
volume qui en possède plusieurs. Mais il faut dire que, dans ce chapitre,
George Martin va loin, très loin, et surprend ses lecteurs par des événements
oh combien terribles et innatendu, événements qui nous feront faire nos adieux
a quelques protagonistes majeurs…
-
Nous avions déjà appris à voir ce brave Theon autrement, ce, malgré sa trahison
et ses crimes, mais ici, ce qui surprend le plus les lecteurs, c’est,
indéniablement, James Lannister que l’on nous présentait comme un vulgaire
fourbe sans foi ni loi jusqu’alors et qui, désormais, apparait comme étant un
personnage bien plus complexe.
-
L’ensemble, bien entendu, reste toujours aussi captivant avec son lot de
surprises, de morts plus ou moins importantes, de protagonistes qui prennent de
l’importance et de, encore, de petits nouveaux qui font leur apparition et qui,
ma foi, marquent déjà les esprits.
-
Un univers bien plus maitrisé qu’on pourrait le penser de prime abord, ce qui
renforce la cohérence de l’ensemble, surtout que, dans ce second volume,
celui-ci est de plus en plus développé et l’on découvre de nouveaux lieux.
Décidément, l’auteur à livrer un travail monumental peu commun.
-
Nous sommes ici à des années lumières de la Fantasy à la Tolkien et, surtout, à
ses copieurs qui régnaient alors en maitre au cours des années 80 et 90.
Heureusement que George Martin est venu donner un magnifique coup de pied dans
la fourmilière à l’époque !
Points
Négatifs :
-
Comme je l’avais souligner dans mes critiques précédentes, il y a tellement de
personnages, tellement de noms – souvent complexes – de familles, de lieux,
entre autres, qu’au début, il est quasiment impossible de savoir qu’il est,
bien souvent, facile de s’y perdre. Bref, la lecture du Trône de Fer est
oh combien exigeante et en laissera plus d’un sur le carreau !
-
Le style de narration reste toujours aussi complexe, de même que l’utilisation
de certains termes peu communs – un problème de traduction ou l’œuvre originale
était déjà ainsi ? En tous cas, cela peu perturber la lecture pour certains…
Ma
note : 9,5/10
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