Le
Trône de Fer – Intégrale 4
La
Maison Stark est en ruines. Trahi par ses alliés Frey, qui n'ont pas toléré son
mariage à la hussarde avec une autre femme que l'une des filles de leur
patriarche, Robb Stark a été assassiné aux Jumeaux lors du sinistre épisode des
Noces Pourpres, en même temps que sa mère Catelyn. Winterfell a été incendié,
les derniers héritiers Stark étant réputés morts ou disparus. A Port-Réal,
pourtant, le triomphe des Lannister est amer. Avec les morts de Joffrey et
surtout de Tywin, la reine Cersei est isolée, coincée entre ses encombrants
nouveaux alliés de Hautjardin, les Tyrell, et le pouvoir fanatique du nouveau
Grand Septon. Brouillée avec son frère jumeau Jaime, elle l'envoie dans le
Conflans où la forteresse de Vivesaigues arbore toujours la bannière des Stark
envers et contre tout. Jaime, à présent mutilé, mesure l'étendue de la tâche :
pourra-t-il sécuriser le Trône de Fer pour son fils cadet, que tous pensent
être celui du défunt roi Robert Baratheon ? Pourra-t-il aussi laver sa propre
réputation de régicide ? Brienne de Torth, qu'il a envoyée à la recherche des
deux filles Stark, va devoir traverser des régions dévastées par la guerre
civile, sans savoir que son destin se trouve peut-être au bout de la route...
Le Trône de Fer – Intégrale 4
Auteur
: George
R. R. Martin
Type
d'ouvrage : Fantasy
Première
Parution : 17 octobre 2005
Edition
Française : 05 juillet 2011
Titre en
vo : A
Song of Ice and Fire – A Feast for Crows
Pays
d’origine : États-Unis
Langue
d’origine : Anglais
Traduction : Jean
Sola
Editeur : J’Ai
Lu
Nombre
de pages : 1197
Mon
avis : Depuis que j’ai débuté la lecture de cette extraordinaire saga
qu’est Le Trône de Fer, il me parait évidant que le volume qui m’inquiétait le
plus, quoi que, le terme est probablement exagéré, disons plutôt, le volume qui
me rendait le plus perplexe était indubitablement ce A Feast For Crows,
ou, en français, Un Festin pour les Corbeaux, regroupé ici sous le
titre bancal de Intégrale 4 – mais pour ce qui est de la
problématique du découpage, ou plutôt devrais-je dire du charcutage subit par
l’œuvre dans nos vertes contrées, je n’en parlerais pas ici, l’ayant déjà fait
a de multiples reprises lors de mes précédentes critiques. La raison de cette
inquiétude est toute simple, et d’ailleurs, tout fan du Trône de Fer sait
parfaitement de quoi je parle : se compliquant la tache après moult
hésitations dans cette suite à donner à l’extraordinaire A Storm of Swords, l’inimitable Georges Martin, après avoir souhaité
faire un bond de cinq ans en avant dans l’intrigue – afin que les protagonistes
les plus jeunes grandissent un peu – et constatant rapidement qu’en agissant
ainsi, il ne réussissait pas à inclure les très nombreux flashbacks nécessaires
a la compréhension de l’œuvre, se décida pour une suite, au départ, bien plus
conventionnelle mais qui, très rapidement, atteint des proportions pour le
moins monumentales… Ainsi, à la base, ce A Feast For Crows n’était
pas loin de dépasser allègrement les deux mille pages. Du coup, décision fut
prise de séparer ce volume en deux parties. Cependant, plutôt que d’avoir droit
à un quatrième tome divisé en ordre chronologique, Martin nous proposa un
découpage pour le moins inattendu et qui en déconcerta plus d’un : la
séparation géographique. Ainsi, dans A Feast For Crows, le lecteur
suivrait les péripéties des Lannister – Cersei et Jaime – mais aussi de Brienne
de Torth, Arya et Sansa Stark, des Greyjoy, de Sam et Mestre Aemon en route
pour Villevieille tandis que de nouveaux protagonistes faisaient leur
apparition du coté de Dorme. Quid de John Snow, Daenerys, Stannis, Mélisandre,
Davos et Tyrion, pour ne citer que les plus marquants ? Eh bien, ceux-ci
n’apparaitraient que dans le cinquième volume, A Dance with Dragons,
censé se déroulé au même moment que les événements de A Feast For Crows.
Bref, de quoi en déconcerté plus d’un, surtout que cette suite, prévu pour
paraitre rapidement, traina en longueur… dans la grande tradition de la saga.
Du coup, que certains lecteurs crient au scandale ou jugent le procédé pour le
moins saugrenu, pouvait, de mon point de vue, pour le moins compréhensible, et
ce, même si, personnellement, j’estimais que l’on était sur le coup un peu
injuste avec Martin : après tout, autant celui-ci est parfaitement
critiquable quant à sa proportion a s’éparpiller a tout va, ce qui lui donne
moins de temps à consacrer à l’écriture de son œuvre, autant ce choix
scénaristique ne m’apparaissait pas du tout une mauvaise idée. En son temps, un
certain Tolkien n’avait-il pas déjà plus ou moins agis de la sorte une fois la
Compagnie de l’Anneau séparée ? Que je sache, on ne critiqua pas l’auteur
du Seigneur des Anneaux pour cela ? Mais il faut dire qu’à l’époque, la
Fantasy n’occupait pas la même place que de nos jours et que, surtout, il n’y
avait pas Internet. Car bon, comment dire, j’ai encore en mémoire de longs,
forts long passages où il fallait se taper Frodon et Sam qui marchaient, se
lamentaient, marchaient, discutaient, marchaient… tandis que par ailleurs, il
s’en passait des choses autrement plus intéressantes sur la Terre du Milieu.
Mais bon, pour en revenir à nos moutons, c’est-à-dire, au Trône de Fer et
plus précisément à ce quatrième tome tant décrié par certains, je dois tout de
même reconnaitre que, avant lecture de celui-ci, je me demandais tout de même
qu’elle allait être mon ressentit vis-à-vis de celui-ci ? Que j’allais
aimer, je n’en doutais pas le moins du monde, par contre, allais-je trouver
cela aussi bien que les trois premiers volumes qui eux, mettaient la barre très
haut, hum… c’était là une toute autre histoire ?! Et alors, quid de ce
quatrième intégrale, ou A Feast For Crows, pour citer le titre
exact de cette œuvre ? Eh bien, ma fois, avouons-le tout de suite, après
le summum scénaristique que fut A Storm of Swords, où les
événements notables se succédaient les uns aux autres, quasiment sans temps
mort, avec un final, Les Noces Pourpres et La Loi du Régicide,
qui restera longtemps, très longtemps dans les mémoires de tout lecteur ayant
eu la chance de lire Le Trône de Fer, force est de constater
qu’ici, et bien, ce n’est pas qu’il ne se passe rien (comme j’ai pu le lire ici
ou là, ce qui est on ne peut plus faux), mais tout de même, scénaristiquement,
c’est beaucoup plus calme : prenant tranquillement son temps, Martin met
gentiment en place ses quelques nouveaux protagonistes, plus particulièrement
toute la clique dornienne, dont on avait eu un aperçu avec le regretté Oberyn
Martell, mort un peu trop selon moi tant le personnage était charismatique
(mais c’est là aussi la force de cette œuvre contrairement à bien
d’autres : ici, personne n’est à l’abris et quand un personnage ultra
charismatique passe rapidement l’arme à gauche, un autre, sans grand intérêt,
peut durer toute la saga… en gros, comme dans la vie réelle) et nous entraine
de nouveau du côté des Iles de Fer, avec la lutte de succession pour le Trône
de Grés, avec, là aussi, un nouveau protagoniste qui promet énormément :
un certain Œil de Choucas. Mais si quelques nouveautés sont au rendez-vous, les
anciens, du moins, une partie d’entre eux, ont droit au chapitre : alors
certes, si les passages dédiés a Sam et Brienne ne sont pas inintéressants à
strictement parler, car même s’il ne se passe pas grand-chose d’époustouflant
avec eux – après tout, ils se contentent de voyager tout le long du bouquin –
de par les quelques événements qui leur arrivent, ainsi que par leur évolution,
ils n’en sont restent pas moins nécessaires quant à l’évolution de l’intrigue.
Mais le point d’orgue de ce A Feast For Crows, bien entendu, sont
les chapitres consacrés aux Lannister. Indéniablement, c’est un véritable régal
que de suivre les deux jumeaux, Cersei et Jaime, la première, régente du
royaume, son fils Tommen étant trop jeune encore, s’englue littéralement dans
des mauvais choix qui s’avèrent qui plus est catastrophiques tandis que sa
paranoïa et sa haine de sa bru finissent par la pousser à se mettre dans un
sacré pétrin au final ; Jaime lui, protagoniste tout bonnement ignoble
dans le premier tome de la saga – normal, on ne le voyait que sous le regard un
peu trop hypocrite des Stark – poursuit son évolution et semble, une bonne fois
pour toutes, quitter le « côté obscur de la force »,
n’espérant qu’une seule et unique chose : devenir quelqu’un d’honorable,
le problème étant l’image que les autres ayant de lui et qui ne s’améliore pas
avec le temps – sauf Brienne mais elle, c’est son cœur qui parle. Alors je ne
dis pas que tout l’intérêt de ce quatrième volume du Trône de Fer repose
uniquement sur les péripéties des Lannister, mais que ceux-ci y occupent une
place non négligeable et centrale, c’est un fait que l’on ne peut nier. Bien
évidemment, A Feast For Crows, s’il faut le comparer à ses
devanciers, apparait néanmoins comme étant inférieure : l’intrigue est
certes toujours aussi excellente, la qualité, intrinsèque de la série ne s’est
pas envolée subitement du jour au lendemain, et certaines révélations sur le
passé de Westeros et des protagonistes méritent amplement le détour, ajoutons à
cela quelques événements notables et un final tout bonnement digne des
meilleurs moments de la saga est vous comprendrez que mon avis vis-à-vis de ce
quatrième volume du Trône de Fer est on ne peut plus positif.
Pourtant, comme je vous l’ai dit, il n’empêche qu’il apparait comme étant
inférieur à ses prédécesseurs, la faute, probablement, a sa structure qui fait
que l’on mette de côté la moitié des personnages principaux, mais aussi, ne
l’oublions pas, a cette sensation qu’en presque neuf cent pages, il ne se passe
pas, finalement, grand-chose. Quoi qu’il en soit, un très bon ouvrage, selon
moi, qui ne dénote absolument pas vis-à-vis de ses devanciers, et ce, même s’il
peut dérouter par moments. Enfin bon, tout cela est bien gentil mais il est
temps, désormais, de se lancer dans sa suite et voir ce qu’il va advenir de
John, Daenerys, Stannis, Tyrion, Theon, Davos et les autres !
Points
Positifs :
-
Le volume le plus clivant de toute la saga, du moins, pour ce qui est sortit à
ce jour, pourtant, même si les choix de Martin sont pour le moins discutables,
force est de constater que, malgré ses faiblesses, A Feast For Crows s’en sort plutôt bien : seul la moitié
du casting est au rendez vous, de nouveaux protagonistes font leur apparition
mais, dans l’ensemble, cela reste toujours aussi captivant et les fans, une
fois de plus, seront aux anges !
- Indéniablement, ce sont les Lannister – Jaime et
Cersei – qui tiennent le haut du pavé dans ce volume et si l’on a compris
depuis un certain temps que le fameux Régicide n’est pas le gros méchant sans cœur
– ah, l’hypocrisie des Stark – qu’on croyait, force est de constater que le développement
des deux jumeaux dans ce tome est terriblement réussi.
-
L’ensemble, bien entendu, reste assez passionnant avec son lot de surprises, de
morts plus ou moins importantes, de protagonistes qui prennent de l’importance
et de, encore, de petits nouveaux qui font leur apparition et qui, ma foi,
marquent déjà les esprits – je pense, particulièrement, au charismatique Œil de
Choucas…
-
Un univers bien plus maitrisé qu’on pourrait le penser de prime abord, ce qui
renforce la cohérence de l’ensemble, surtout que, dans ce second volume,
celui-ci est de plus en plus développé et l’on découvre de nouveaux lieux.
Décidément, l’auteur à livrer un travail monumental peu commun.
-
Nous sommes ici à des années lumières de la Fantasy à la Tolkien et, surtout, à
ses copieurs qui régnaient alors en maitre au cours des années 80 et 90.
Heureusement que George Martin est venu donner un magnifique coup de pied dans
la fourmilière à l’époque !
Points
Négatifs :
-
Non seulement l’attente commence à se faire de plus en plus longue entre chaque
volet du Trône de Fer mais, surtout, ce quatrième tome fait l’impasse sur une
bonne partie du casting de la saga : quid, donc, de John, Daenerys, Stannis, Tyrion, Theon,
Davos et les autres ? Il faudra attendre la suite pour cela, ce qui, il
faut le reconnaitre, en aura perturbé plus d’un.
- Il faut reconnaitre qu’il y a quelques longueurs
dans ce quatrième volume et que, en toute franchise, les déambulations de
Brienne ou de Sam ne sont pas des plus passionnantes…
-
Comme je l’avais souligner dans mes critiques précédentes, il y a tellement de
personnages, tellement de noms – souvent complexes – de familles, de lieux,
entre autres, qu’au début, il est quasiment impossible de savoir qu’il est,
bien souvent, facile de s’y perdre. Bref, la lecture du Trône de Fer est
oh combien exigeante et en laissera plus d’un sur le carreau !
-
Le style de narration reste toujours aussi complexe, de même que l’utilisation
de certains termes peu communs – un problème de traduction ou l’œuvre originale
était déjà ainsi ? En tous cas, cela peu perturber la lecture pour
certains…
Ma
note : 8,5/10
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